14/04/02 ETHIOPIE : CONDAMNATIONS SOMMAIRES DE CINQ SOMALIENS A LA PEINE DE MORT ET DE CINQ AUTRES A DES PEINES DE RECLUSION DE VINGT A TRENTE ANS – RISQUE DE RELANCE DU CONFLIT (Transmis par un lecteur)

Corne de
l’Afrique- Conflit de la Somalie Occidentale, l’Éthiopie
opte pour la fuite en avant

Dix somaliens accusés d’affiliation avec l’organisation
islamique Al-Itihad basée dans la région somalie
de l’Éthiopie ont été présentés,
cette semaine, devant un tribunal d’Addis-Abeba. Le verdict est
on ne peut plus sévère: la peine capitale pour cinq
d’entre eux et de lourdes peines d’emprisonnement allant de 20
ans à 30 années pour les cinq autres. Al-Itihad
est avant tout un mouvement de libération nationale qui
considère que l’islam est leur identité nationale
( et de ce fait ne pratique pas un intégrisme religieux
allant jusqu’à la terreur fanatique et aveugle ), avant
que les États-Unis, imités immédiatement
par l’Éthiopie, ne la classe, sans preuve aucune parmi
les organisations intégristes le lendemain du 11 septembre.

Son objet premier est, à l’instar de l’Ogaden National
Libération Front de libérer la Somalie Occidentale
de la domination abyssine. Un combat sanglant et sans merci l’oppose
aux forces armées éthiopiennes depuis bientôt
plus qu’une décennie. Ce conflit meurtrier fait des centaines
et des centaines de morts, des deux côtés, sans émouvoir
l’opinion internationale et surtout occidentale qui, pour des
raisons évidentes, préfèrent se confiner
dans un silence qui risque d’être fatal pour les populations
somalies de la 5e région d’Éthiopie. Des populations
déjà décimées par la maladie et la
famine dues aux secheresses successives, les rares et courageuses
ONG européennes ayant les plus grandes difficultés
à acheminer et distribuer, pour cause de guerre, les aides
alimentaires.

Les vivres, dans leur grande partie, sont détournées
sans scrupules par l’armée éthiopienne qui tient
lieu d’administration dans les dix provinces de cette région,
qui n’a jamais connu une paix relative durant un demi-siècle.Rendue
exsangue par la guerre contre l’Erytrée, les rebellions
oromos et amharas, l’Armée éthiopienne, composée
essentiellement de tigréens, n’a d’autres alternatives
que le détournement de l’aide alimentaire et la répression
féroces pour pouvoir se maintenir tant bien que mal.Déjà
en 2000, l’Itihad et l’ONLF contrôlaient militairement la
quasi-totalité de neuf provinces de cette région
du Sud-Est éthiopien.

Les évènements du 11 septembre dernier et la guerre
contre le terrorisme partout dans le monde, a été
une aubaine pour le régime de Meles Zenawi pour attiser
la foudre américaine et occidentale sur ces mouvements
jouissant du soutien total des populations.

L’Éthiopie qui n’a jamais voulu la renaissance d’un état
somalien fort a, dans la foulée, traité de terroriste
le gouvernement somalien issu de la conférence d’Arta qu’elle
a pourtant officiellement reconnu dès le début.

Les arrestations et les condamnations de ces dix somaliens intervenues
au cours de cette semaine rentrent dans un calcul, d’ailleurs
très compréhensible, de neutraliser la République
de Somalie et les mouvements de libération nationale, tels
que Itihad et ONLF, encore pour longtemps.

Il y a tout lieu de penser, dès maintenant,que la mise
à exécution des condamnations par Addis-Abeba, déclencherait
pour le moins une recrudescence de ce conflit meurtrier et serait
la porte fermée à toute solution négociée
de cette guerre qui ne dit pas son nom.