10/06/02 Affaire Borrel : le rôle de la France ? (Freeman)

Je ne
suis ni témoin à charge, ni à décharge.
Je souhaite tout simplement apporter mon point de vue sur
une affaire qui commence à faire beaucoup de bruits
et surtout à gêner beaucoup d’intérêts.
Cet article du Nouvel Observateur a relaté cette affaire
en récapitulant les termes du témoignage du
seul témoin dans l’affaire BOREL ainsi que l’atmosphère
dans laquelle s’est déroulé cette audition.

Tout laisse
penser que cette Affaire n’arrange personne. Elle tombe dans
un contexte diplomatique très tendu entre la France
et Djibouti

N’arrangeant
les affaires de personnes, chacun des protagonistes y met
du sien pour nous dire que tout est pour le mieux dans le
meilleur des mondes. La France de son côté a
déjà essayé de noyer le poisson. Espérons
que l’arrivée du juge PARLOS permettra à ce
dossier de se mettre sur les rails de la vérité.
Rails qu’il n’aurait jamais dû quitter au pays des Droits
de l’Homme !

Quant
au régime djiboutien, qui risque très gros dans
cette affaire a successivement épuisé quelques
uns des ténors du Barreau de Paris. Nous avons d’abord
eu Me Spziner et pour finir Me Baudolot.

Revenons
au fait, il est presque normal de douter dans toute procédure
judiciaire. C’est le travail du magistrat instructeur d’instruire
à charge et à décharge. Il est normal
que le témoignage de Mohamed ALHOUMEIKANI ait été
vérifié, recoupé et confronté
avec d’autres éléments ( témoignages,
preuves matérielles, autopsie…etc).

Au final
et après analyses des différents éléments,
ce témoignage aurait dû être accueilli
avec un peu mois de scepticisme et peu plus de sérieux.
En effet, l’autopsie qui aurait été réalisée
par un éminent professeur de médecine légale
(Pr . LAZZARINI) ne laisse la place à aucun doute.
Les conclusions sont claires et nettes : le juge BORREL a
été brûlé après sa mort
car aucune trace de suif n’a été retrouvée
dans ces poumons. Par contre, il aurait été
très intéressant de connaître la cause
directe de la mort. Est-ce encore un oubli ou une lacune dans
une procédure quelque peu bâclée.

Le comportement
de la justice française et particulièrement
des magistrats instructeurs est plus que troublant dans cette
affaire (absence d’autopsie sérieuse, inerties et lenteurs
injustifiées ….).

Un autre
point du dossier a retenu notre attention. Il s’agit des pièces
versées par l’un des avocats du régime djiboutien.
En effet, il aurait remis aux juges d’instruction le dossier
militaire du témoin (lieutenant Alhoumeikani) ainsi
que la fiche d’écrou de Awaleh Gelleh. Il est plus
que légitime de se poser des questions sur la force
probante de tels documents. Quelle est la fiabilité
de telles pièces, surtout quand on connaît l’intégrité
des fonctionnaires du Ministère djiboutien de la Justice
et ceux du Ministère djiboutien de la Défense.

A notre
sens, la ficelle est trop grosse. C’est comme si vous reconnaissez
à toute personne mis en cause, le droit de s’auto fabriquer
les preuves de son innocence. J’espère que les juges
accorderont la valeur quelle mérite aux éléments
versés par les défenseurs d’IOG. C’est à
dire nulle.

En conclusion,
il y a dans cette affaire une personne qui mérite le
soutien et le respect pour sa force de caractère et
son courage dans la recherche de la vérité.
C’est Mme BORREL.

Si j’avais
un conseil à donner aux avocats de Mme BORREL, je leur
dirais de mettre en cause l’Etat Français (la Justice
française) pour avoir manqué de diligences dans
l’instruction de ce dossier et pour toutes les tentatives
et pour toutes les manœuvres faites pour conforter la
piste erronée du suicide. La mise à l’écart
par le CSM français (Conseil Supérieur de la
Magistrature) des juges Marie-Paule MORRACCHINI et Le LOIRE,
magistrats instructeurs, constitue plus qu’un aveux de culpabilité
de la Justice française. MADAME BORREL, LA FRANCE VOUS
DOIT DES EXPLICATIONS.

QUI PROTEGE-T-ON
DANS CETTE AFFAIRE? Toute la clé de cette affaire réside
dans la réponse que l’on pourra apporter à cette
interrogation !

A ce stade
l’affaire BORREL relève plus de l’affaire d’Etat et
demande ainsi le recours à des avocats familiarisés
à ce genre d’exercice. Me VERGES me semble tout désigné
pour mener à bien cette affaire.

C’est
une véritable guerre d’usure qui se profile à
l’horizon. Je crois même qu’elle a commencé depuis
le début. Tous les subterfuges vont être utilisés:
dessaisissement d’un magistrat au profit de l’autre, lancement
d’une commission rogatoire internationale sans espoir de retour,
mis en avant du principe de souveraineté des états,
disparition de certaines pièces du dossier, impossibilité
de joindre des témoins importants à l’étranger…
Tout la panoplie.

A mon
humble avis, le "maillon faible" pour aboutir à
la vérité se trouve du côté français
et plus particulièrement du côté des représentants
de la France à Djibouti. Tous les fonctionnaires et
haut fonctionnaires français en place à Djibouti
(Personnels diplomatiques), Jean-Claude SAPKAS, Conseiller
français à la Présidence, un certain
CASANO, conseiller à la primature et certains autres
ressortissants français impliqués dans les sphères
glauques du pouvoirs politico-économiques djiboutiens
(ex Me MARTINET, MASSIDA etc …).

Madame
BORREL, nous sommes avec vous. Votre combat est honorable
et mériterait que votre pays ainsi que vos collègues
des différents syndicats de la Magistrature affichent
beaucoup plus leur soutien et leur détermination dans
la recherche de la vérité. Bernard BORREL était
quand même leur confrère.


FREEMAN