24/06/02 Le rapport complet de la CISL sur Djibouti qui accable le régime de Guelleh.

La
CISL représente 157 millions de travailleurs au
travers de 225 organisations affiliées dans 148
pays et territoires. La CISL est également membre
du groupement "Global Unions" : http://www.global-unions.org.

Djibouti:
Rapport annuel des violations des droits syndicaux (2002)

Le
gouvernement ne respecte pas les droits syndicaux et ne
veut pas entamer le dialogue avec les dirigeants légitimes
des centrales nationales reconnues. Le ministère
du transport a licencié 16 membres syndicaux et
ordonné l’arrestation de l’un des dirigeants
syndicaux.

La
législation
Nécessité d’une autorisation
gouvernementale
La loi reconnaît le droit des travailleurs
à adhérer à un syndicat mais impose
des restrictions à ce droit. Un syndicat ne peut
être constitué que s’il dispose de l’autorisation
préalable du gouvernement. Seuls les ressortissants
de Djibouti peuvent détenir une fonction syndicale.

Restrictions
au droit de grève dans le secteur public

Ici aussi, alors que le droit de grève est reconnu,
il est restreint. Les autorités jouissent d’amples
pouvoirs qui leur permettent de réquisitionner
des fonctionnaires en grève ; un syndicat qui prévoit
de faire grève, doit en informer le ministère
de l’Intérieur 48 heures à l’avance.

Les
droits dans la pratique
Dans la pratique, les droits syndicaux ne sont
quasiment pas respectés. Les actions syndicales
ont été réprimées à
maintes reprises depuis le licenciement par le gouvernement,
en 1995, de neuf dirigeants de l’UDT (Union du Travail),
affiliée de la CISL, et de l’Union générale
des travailleurs de Djibouti (UGTD), en représailles
suite à une grève de protestation contre
des mesures d’ajustement structurel. Par la suite,
le gouvernement a créé un « collectif
syndical », pas du tout représentatif.

Suite à la pression de l’OIT et au cours des
visites de délégués syndicaux internationaux,
le gouvernement avait promis, à plusieurs reprises,
une amélioration de la situation et plus particulièrement
qu’il autoriserait le tenue d’un congrès
de l’UDT et de l’UGTD.

Ce qui s’est passé en réalité
est qu’en 1999, le gouvernement a organisé
un simulacre de congrès national UDT/UGTD et a
désigné ses propres partisans à la
tête de ces organisations.

Les deux organisations ont vu leurs cotisations gelées,
leurs comptes bancaires bloqués et leurs locaux
leur ont été retirés ; les dirigeants
syndicaux ont été harcelés, les manifestations
de protestation se sont heurtées à la violence
policière. Le gouvernement a rejeté des
propositions réitérées de dialogue
et de conciliation, et a constamment manqué à
ses promesses de faire appliquer les recommandations de
l’OIT sur les libertés syndicales.

Les syndicats des enseignants ont aussi subi une répression
historique. En 1996 des professeurs ont été
licenciés, en très grand nombre, après
avoir manifesté pour protester contre les arriérés
de salaires impayés. En 1997, cinq responsables
du syndicat des enseignants du secondaire SYNESED ont
été licenciés et ont perdu leur habilitation
à l’enseignement, pour avoir pris part aux
protestations quant aux salaires. Des grèves de
solidarité avec les cinq responsables licenciés
ont été réprimées par la force.

Faits
marquants de 2001
Des syndicalistes licenciés par le ministre
Le ministre du Transport et de l’Équipement
a licencié16 travailleurs, tous membres syndicaux.
Les problèmes avaient débuté lors
du licenciement de 60 travailleurs par le ministère
au début du mois de janvier pour des « raisons
budgétaires ». Il n’y avait eu aucune
consultation préalable avec le Syndicat du personnel
du bâtiment et des travaux publics, le SPBTP, qui
a par la suite un mot d’ordre de grève. Ceci
a mené à la conclusion d’un accord
le 18 janvier sur la réintégration du personnel
affecté et sur la négociation d’un
paquet de mesures relatives à la retraite. Cependant,
le ministre est rapidement revenu sur l’accord, licenciant
16 travailleurs. Ceux qui ont été singularisés
de la sorte étaient tous membres du SPBTP. Puis
10 autres ont été mis à la retraite,
et les 34 restants ont été reclassés.

L’arrestation
d’un dirigeant syndical
Le ministre a également ordonné
l’arrestation du secrétaire général
adjoint du SPBTP, Ali Mohamed Kamil. Il a été
soumis à plusieurs heures d’interrogatoire
agressif de la part de la police avant d’être
relâché.

La police attaque des grévistes – 40
arrestations
Le SPBTP a donné trois jours au ministre
pour qu’il révoque les mesures prises et honore
l’accord qui avait été conclu, faute
de quoi, il lancerait un mot d’ordre de grève.
Le ministre n’a pas répondu aux revendications
du syndicat et la grève a eu lieu le 27 janvier.
La police a entouré le piquet de grève et
a utilisé du gaz lacrymogène. Elle a violemment
attaqué les travailleurs impliqués, et a
même battu ceux qui étaient tombés
par terre sous l’emprise des effets du gaz. Quelque
40 grévistes ont été arrêtés
et emmenés de force au poste de police. Parmi eux,
Ali Mohamed Kamil, et le secrétaire général
du SPBTP, Abdoulkalek Waberi Ouffaneh. Ils ont été
relâchés le 29 janvier.

Arrestations du premier mai
Les autorités ont cherché une fois
de plus à empêcher que les syndicats célèbrent
le 1er mai. La police a occupé la place principale
du quartier de Gachamaleh, à Djibouti, où
il était prévu que l’UDT/UGTD tienne
ses célébrations du 1er mai. Au début
la police a simplement essayé d’empêcher
que les travailleurs se rassemblent, mais quand leur nombre
est devenu très important, elle a reçu l’ordre
de charger sur la foule. Des douzaines de syndicalistes
ont été arrêtés et transférés
au camp de détention policière de Nagad,
à environ 10km de la capitale. Parmi les syndicalistes
arêtés, citons : Ahmed Djama Egueh, Président
de l’UDT, Ali Mohamed Kamil, Secrétaire général
adjoint du SPBTP, et Hachem Adaweh Ladieh, ancien Secrétaire
général du syndicat des enseignants des
écoles primaires, le SEP.

Les syndicalistes licenciés ne sont pas
réintégrés
À la fin de l’année, les neuf
dirigeants de l’UDT et de l’UGTD licenciés
pour les actions de grève de 1995 n’avaient
toujours pas été réintégrés.