09/07/02 Mouvement d’humeur ! Les opposants djiboutiens sont-ils contre IOG ? ou bien tout contre ? (lecteur)

En
reprenant cette réponse attribuée à
Sacha Guitry, je soulève une interrogation importante.

Il
n’est de secret pour personne que l’opposition djiboutienne
se réunit, discute beaucoup et souvent de la situation
politique et économique à Djibouti. Tous
ses représentants s’accordent pour regretter l’état
de délabrement économique, la corruption
et la privation des libertés. Ils s’accordent pour
en attribuer la responsabilité à l’équipe
d’IOG.

Sur
ce point, il y a convergence totale.

Les
divergences commencent avec l’attribution directe et personnelle
ou non de la responsabilité de la situation à
IOG
. La majorité des opposants préfère
parler de son équipe, car c’est une notion plus
vague qui évite d’avoir à s’engager officiellement
contre le Chef … Ceux-là désapprouvent
le fait de désigner un responsable, et ils préfèrent
désigner une nébuleuse ….

Au-delà
de ces divergences de forme, nous avons noté une
autre convergence au sein des opposants djiboutiens. Ils
doivent critiquer absolument tout ce qui bouge …
tous ceux qui font quelque chose. Si des hommes, un groupe
ou un parti lancent une initiative, il est de bon ton
de la critiquer aussitôt parce qu’elle est suspecte
par essence même ….

Peu
importe la valeur du projet : il n’intéressera
jamais personne ! Ce qui intéresse un opposant,
ce sont les conséquences possibles, probables ou
imaginaires pour lui, pour sa carrière et pour
son avenir à lui.

Quelques
réactions possibles à titre d’exemple :

" si ce projet réussit, je ne serai pas
impliqué puisque je n’y ai pas participé
…. Donc il est urgent de le tuer dans l’œuf
"
" ce projet n’est pas porté par des gens convenables,
donc il sera mauvais pour les Djiboutiens "

On
a l’impression que le mot d’ordre absolu est de tuer dans
l’œuf toute initiative, quels qu’en soient les auteurs.

L’ARDHD
avait écrit, il y a plusieurs mois, qu’un opposant
djiboutien préférait conserver IOG plutôt
que de voir un autre opposant au pouvoir. La situation
est plus confortable ainsi. Il peut critiquer ouvertement
IOG ce qui ne l’empêche pas de lui faire des propositions
par derrière… Il peut le vouer aux gémonies
et simultanément répondre favorablement
à ses invitations au Palais d’Haramous. Pas de
problème de conscience dans cette configuration
politique …. !

Mais
que se passerait-il si un autre opposant venait à
prendre les commandes ? Il serait plus difficile de le
critiquer sans renier une ou deux décennies dans
l’opposition (à partir du moment où il a
cessé d’être ministre). Il faudrait peut-être
même lui obéir ou se soumettre …. Impensable
!!!

Le
Djiboutien a la langue bien pendue pour critiquer : c’est
un sport national qui est reconnu et qui gagnerait à
être inscrit aux prochains J.O. …

Une
recette.

Comment s’installer confortablement dans l’opposition,
s’y maintenir et profiter en même temps des largesses
discrètes d’un pouvoir en quête de soutien
…. ?

Il
suffit de ne rien faire (pas d’écrit, pas de publication,
pas de projets), de parler beaucoup, de critiquer publiquement
mais avec mesure, les actes de l’équipe
du Président et surtout de tuer toutes les initiatives
avec la plus grande violence verbale.


Dans ce contexte, IOG aurait encore un bel avenir.

L’opposition
à son régime marche en ordre dispersé
et se tire dans les pattes ….

L’opposition
aux initiatives, qui pourraient mettre un terme à
la dictature, marche en rang serré.

Mes
frères, continuons gaiement à progresser
jusqu’au fond du gouffre. Les Djiboutiens paieront de
toutes les façons, car ils n’ont pas le choix,
dans la mesure où ceux qui devraient les défendre,
n’ont aucun intérêt personnel à le
faire.

Mes
frères, si nous prenions les choses en main pour
décider de nous unir avec toutes les bonnes volontés
et avec toutes les intitiatives, autour d’un objectif
commun : celui de mettre un terme à ce régime
? Vous ne croyez pas que nous serions plus en harmonie
avec notre conscience et avec nos principes culturels,
religieux et personnels ?

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Note
de l’ARDHD

Nous
savons que cet article, qui est moins provocateur qu’il
n’y paraît, devrait susciter un tollé général.
Nous pouvons déjà anticiper l’utilisation
du terme ‘perte de crédibilité’ pour l’Observatoire
… Car il est symptomatique de découvrir qu’un
opposant utilise toujours le mot " perte de crédibilité
" dès lors qu’un projet ou une idée
ne lui convient pas …. C’est une sorte d’anathème
définitif et assassin ….

Nous
savons que nous ne pouvons pas plaire à tout le
monde. La seule urgence, pour nous, concerne la population
djiboutienne qui souffre véritablement des dérives
de ce régime. Il est urgent de soutenir et de porter
des projets honnêtes qui ont pour objectif de contribuer
à mettre un terme à la dictature, aux abus
de droit, à la corruption et aux privations de
tous ordres.