05/09/02 (Extrait AFP) – La République de Djibouti, qui n’a connu que deux présidents depuis son indépendance de la France en 1977, s’apprête à tourner ce mercredi une importante page de son histoire en entrant dans l’ère du « multipartisme intégral ».

A partir de cette date,
toutes les formations politiques de ce petit pays d’Afrique, qui a vécu
sous le règne du parti unique de l’indépendance à 1992,
seront désormais reconnues. Une loi adoptée en même temps
que la Constitution djiboutienne par référendum le 4 septembre
1992 limitait à quatre l’existence des partis politiques pour une période
de dix ans. Mercredi, elle deviendra caduque.

Cette disposition restrictive
voulait, aux yeux de ses promoteurs, accorder une période d’apprentissage
des règles de la démocratie et éviter la prolifération
de partis politiques à base clanique ou tribale dans un pays secoué
à l’époque par une guerre civile. L’avènement du « multipartisme
intégral » intervient environ quatre mois avant l’organisation
en décembre prochain d’élections législatives où
seront renouvelés les mandats pour cinq ans des 65 députés
de l’Assemblée nationale.

Le pouvoir législatif
à Djibouti n’est formé que d’une seule chambre et les députés
sont élus sur bulletin de liste majoritaire à un seul tour.
Le pays est divisé en cinq circonscriptions: Djibouti-ville et ses
environs, Ali-Sabieh, Dikhil, Tadjourah et Obock. Le nombre d’élus
par district est proportionnel au nombre d’habitants. Le pays compte moins
de 700.000 habitants, le nombre des inscrits sur les listes électorales
est estimé à l’heure actuelle à 170.000 personnes.

Plusieurs personnalités
politiques ont déjà entamé des consultations et laissé
entendre qu’elles se jetteront dans la bataille des prochaines législatives
et créeront leur propre parti. C’est la cas notamment de M. Ismaël
Guedi Hared, ex-directeur de cabinet de l’ancien chef de l’état Hassan
Gouled Aptidon (1977-99). L’actuel chef de l’Etat, Ismaël Omar Guelleh,
fut également directeur de cabinet du président Aptidon.

L’aile radicale du FRUD-Armé
(ex-rébellion) d’Ahmed Dini Ahmed signataire en mai 2001 des derniers
accords de paix avec le gouvernement va également se transformer en
parti politique. Elle doit devenir le Front des Républicains Unis pour
le Développement-National (FRUD-National). Cette dénomination
est toutefois contestée par les dirigeants de la faction du FRUD qui
a signé dès décembre 1994 les premiers accords de paix
avec le gouvernement djiboutien. Cette faction a signé avec le gouvernement
une plate-forme politique et former une alliance pour diriger le pays après
quatre ans de conflit armé.

L’alliance entre le Rassemblement
populaire pour le progrès (RPP, parti au pouvoir) et cette aile du
FRUD avait remporté les dernières élections législatives,
le 19 décembre 1997. La coalition avait raflé la totalité
des 65 sièges. Selon le président de cette aile du FRUD, Ali
Mohamed Daoud, il ne peut exister deux « FRUD » et l’on ne peut enregister
deux formations portant la même dénomination. Sans contester
le droit à M. Ahmed Dini à créer son propre parti, il
a a donc invité l’ancien chef rebelle à changer d’appelation
pour sa formation politique. Chez les anciens rebelles, la rentrée
politique risque donc d’être mouvementée.