01/10/02 L’entretien de Guelleh avec Chirac. L’observatoire vous le dévoile en exclusivité mondiale, grâce à son envoyé spécial (de Radio-Trottoir) qui était caché derrière un rideau.

Ou le dialogue surréaliste de deux « grands » dirigeants
respectifs …

Jacques Chirac : Salut Omar. Je suis bien content de te revoir !

Omar Guelleh : Salut à toi Jacquot. Bon voyage en effet. Je suis arrivé
hier, tu sais.

J.C. : C’est vrai, mais dis moi, p’tit, ça fait une éternité
qu’on s’était pas vu tous les deux. Deux ans, trois ans ?

IOG : deux ans, c’était juste après mon élection à
la majorité absolue. J’avais fait un meilleur score que le tien cette
année.

J.C. : A ta place, je me tairais. Majorité absolue. Tu peux dire cela
aux imbéciles, mais tu ne me la fais pas à moi. Je sais quand
même comment t’as truqué tout le bidule ….Alors ne la ramène
pas devant moi, s’il te plaît. Mais au fait que me vaut le plaisir de
ta visite ? T’es venu prendre le frais à Paris, gamin ?

IOG : Oui d’abord le frais, parce qu’il fait chaud de par chez nous. Et ensuite
un petit pourboire parce qu’il fait soif au pays.

J.C. : Là, je préfère te dire que je t’arrête
tout de suite. Tu vas pas encore me demander de la fraîche ….

IOG baisse la tête. Silence

J.C. : Non, mais qu’est ce que tu veux dire ? On te donne de l’argent de
poche tous les mois et j’ai même appris par Villepin que t’avais demandé
une avance en juillet. Ça ne te suffit donc plus ? T’as les poches
percées mon gars !

IOG : ben, c’est à dire que la vie a beaucoup augmenté avec
l’arrivée des américains. Je n’arrive plus à joindre
les deux bouts. Tu sais, les sorties, les restaurants, les boites … Et puis,
il y a Paulette. Elle me coûte une fortune : des fringues neuves tous
les jours, les grands restaurants, les grands hôtels : je te parie que
tu n’imagines pas combien coûte une nuit au Carlton. Deux petites suites
de rien du tout. Devine un peu ?

J.C. : Tu me fatigues à force de parler d’argent sans arrêt.
J’en sais rien. Mais tu n’as pas changé. Tu connais le prix de chaque
chose et la valeur de rien. Ta Paulette, à ta place, je la mettrais
au pas. Tu lui dis que la conjoncture économique a changé et
qu’elle ne peut pas continuer à vivre au-dessus des moyens du peuple
de Djibouti. Un point c’est tout.

IOG : mais tu sais comment elles sont les femmes. Elles n’ont jamais rien
à se mettre, elles s’ennuient alors il faut qu’elles voyagent. Elles
ont toujours des tonnes de copines à traîner derrière
elles et c’est toujours ma douce Paulette, bonne poire et généreuse,
qui régale tout ce petit monde … avec mon fric.

J.C. : au fait on m’a dit que t’avais monté une nouvelle affaire de
serrures en Afrique du Sud. Comment ça marche ?

IOG : c’est pas des serrures,
c’est de l’armement. Qui t’en a parlé ?

J.C. : je ne me souviens
plus très bien, qui. Mais je me souvenais qu’il avait bien parlé
de canons … alors j’avais pensé à des canons de serrure. Ça
se vend bien tes trucs ? Il y a pas mal de clients potentiels autour de chez
toi, en ce moment.

IOG : c’est vrai, c’est
un bon créneau en plein essor dans le coin. Et plus l’industrie, il
y a que ça de vrai. On fabrique de la valeur ajoutée, c’est
pas comme leurs trucs virtuels qui ne sont pas solides. Je le dis toujours
à mon fils qui a voulu se lancer la-dedans : y a pas d’avenir dans
le virtuel.
Pour en revenir à ma petite rallonge, qu’est-ce que tu pourrais faire
pour moi, en ce moment. Je t’assure que je te le rendrai bientôt. Si
tu veux même, je te signe un papier.

J.C. : Joues pas avec
moi, mon gars. Ta signature, tu le sais, elle vaut plus un clou dans les banques.
Et ensuite, je n’ai plus de disponible. J’ai perdu un max en bourse et le
Raffarin, y m’a coupé les vivres. Y me donne juste de quoi bouffer
et m’amuser un peu, mais rien de plus. Avec le Jospin c’était le bon
temps. Je pouvais toujours lui faire le coup du chantage et il craquait à
chaque fois. Mais là, le Raffarin, il est intraitable et comme on est
du même bord, je ne peux plus le faire chanter.

IOG : tu rigoles ? je
te crois pas ! Il ferait beau voir le Dileyta qui me refuserait quelque chose.
Viré dans la minute le bougre, s’il osait ! Tu sais plus te faire respecter.

J.C. : c’est ça la démocratie. Que ça te serve de leçon
mon petit gars.

IOG : si tu me refuses, tu sais bien que j’irai voir l’oncle Bush. Lui y
sera trop content de me refiler un peu d’oseille.

J.C. : Ne crois pas cela, petit ! Le tonton Bush, y t’a dans le collimateur.
S’ il a installé un campement chez toi, c’est pas pour tes beaux yeux;
mais c’est pour te surveiller. Je peux même te dire qu’il a été
fou furieux quand il a découvert que t’avais financé une association
à la gomme de Ben Laden. Ça lui a pas plus ça, pas du
tout.

Tu sais les Américains, ils sont pas romantiques ni sentimentaux,
comme nous les Français. Ils voient que leurs poches et ce qu’elles
contiennent. ET d’ailleurs si de Gaulle, dont je suis le seul héritier
véritable, il les a foutu à la porte, c’était pas pour
rien. Il savait bien, le général, comment ils sont les Américains.
Tout pour eux et rien pour les autres.

IOG : Ça me rappelle quel’qu’chose, ce que tu dis là. Ah oui,
le RPP, rien pour le peuple qu’ils disent les caïds de mon opposition.

J.C. : Ne parle pas de ce que tu connais pas. Tas pas d’opposition. Si t’en
avait une vraie, tu te conduirai pas comme tu le fais. Ils te demanderaient
des comptes et ils te pourriraient la vie en permanence. Tu sais pas ce que
c’est des vrais opposants qui te filent au train.

IOG : peut-être parce que je suis plus malin que toi et que je sais
comment on se les met dans la poche. Moi, je partage un peu avec eux et tant
qu’ils bouffent à leur faim, ils me foutent la paix. Alors cette petite
avance, combien ?

J.C. : Je t’ai dit que je peux rien faire. Je vais essayer de demander à
Francis le grand argentier. J’espère surtout qu’il vendra pas la mèche
au Raffarin, parce que sinon, je suis cuit. Tas besoin de combien dans l’immédiat
?

IOG : eh ! Disons quatre millions d’euros pour finir le mois et la même
chose pour novembre. Avec ça, je dois tenir. Si je suis un peu économe,
je pourrais peut-être aller jusqu’au 15 décembre.

J.C. : C’est énorme ! Et comment on peut habiller cela ?

IOG : comme d’habitude, on peut dire que c’est pour le secteur de la santé,
pour rénover des écoles ou pour l’adduction d’eau. Ça
fait des années que ça marche comme ça. Personne ne se
pose de questions sur les travaux qui sont jamais fait. Alors pourquoi changer
une formule qui gagne ?

J.C. Tas pas tort. Les vieux trucs, ça marche toujours. Moi, je leur
ai dit que j’allais baisser les impôts et ils ont tous voté pour
moi. Une fois élu, j’augmente l’essence et le tabac et j’ai rien changé
aux recettes. Éculé le procédé ? Oui, mais ça
marche. Pas de besoin de directeur de communication ou autre, on applique
les recettes de grand’papa. Au fait comment vont tes fils ?

IOG : Pas mal, mais il y en a qui m’inquiète beaucoup. Il veut faire
comme son oncle. C’est quand même pas un métier pour un fils
de Chef d’État. Barbouze, traficants de drogue et marchand d’armes. De quoi j’aurais l’air
! Moi le grand génie de la Corne. D’un voyou ?

J.C. Ce que t’a de bien, toi. C’est que tes réaliste au moins. Bon j’ai du travail à faire,
à bientôt. Ça m’a fait plaisir de te voir. Passe le bonjour
à Paulette et aux enfants. Et n’oublie pas de passer chez Francis aux
Finances, il aura ton chèque.

IOG : non, je t’en prie, sutout pas de chèque ! Ça laisse des traces.
De l’oseille simplement et en petites coupures. Ca se remarque moins quand
on paye dans les boites de nuit.


D’accord pour poser sur la photo avec toi et avec le sourire.
Mais pour l’oseille, tu repasseras … l’année prochaine, peut-être
!