01/12/02 (B174 ) Un reportage remet en cause la thèse du suicide du juge Borrel (AFP)

PARIS, 30 nov (AFP) –
Un reportage programmé le 2 décembre sur Canal Plus remet en
cause la thèse du suicide du juge Bernard Borrel en octobre 1995 à
Djibouti, et provoque des remous avant sa diffusion puisqu’une plainte pour
« faux témoignage » a déjà été
déposée au parquet de Djibouti.

La thèse du suicide
par immolation n’a jamais été acceptée par Elisabeth
Borrel, la veuve de ce juge détaché à partir de 1994
comme conseiller auprès du ministre djiboutien de la Justice. Une enquête
de la justice française est toujours en cours.

Le reportage intitulé
« révélations sur un suicide impossible » tente de démontrer
que le magistrat a été tué parce qu’il était en
train de remonter jusqu’aux auteurs d’un attentat commis à Djibouti
en 1990 au Café de Parismort, 11 blessés), lieu de rendez-vous
de nombreux Français.

Plusieurs témoignages
mettent en cause des proches d’Ismaël Omar Guelleh, alors chef de cabinet
du président de la République djiboutienne, aujourd’hui président
de la République.

L’un des mis en cause
dans ce reportage, Awalleh Guelleh Asseweh, a déposé dès
le 17 novembre une plainte à Djibouti pour « faux témoignage »
et « dénonciation calomnieuse » contre Mohamed Saleh Alhoumekani,
ancien officier de la garde présidentielle, selon le texte transmis
à l’AFP à Nairobi.

Le reportage revient sur
les propos d’Alhoumekani qui affirme avoir entendu le jour du décès
du juge une conversation au cours de laquelle la mort du « juge fouineur »
a été annoncée à Ismaël Omar Guelleh par
plusieurs hommes, dont Awalleh Guelleh Asseweh.

Ce témoignage était
jusqu’ici contredit notamment par Ali Iftin, à l’époque chef
de la garde présidentielle, qui avait écrit une lettre en ce
sens.

Dans le reportage, Iftin
affirme avoir été contraint de faire un faux témoignage
contre Alhoumekani, et qu’à l’époque « ceux qui dérangeaient
étaient éliminés purement et simplement », que « la
règle de base » était « de faire passer les éliminations
en accident ou en suicide ».

Elisabeth Borrel et son
avocat, Olivier Morice, ont indiqué vendredi soir lors d’une projection
privée du reportage que Mohamed Alhoumekani et Ali Iftin avaient été
entendus le jour même par la juge d’instruction de Paris chargée
de ce dossier, Sophie Clément.