22/12/02 (B177) Ali A. IFTIN adresse une lettre ouverte à Guelleh en réponse aux attaques et à la désinformation dont il a été victime.

ALI A. IFTIN

Lettre
Ouverte
à
Ismael Omar Guelleh


Monsieur,

Bien qu’il m’en coute
énormément de vous adresser cette correspondance, je me vois
moralement contraint de vous la faire parvenir. Veuillez donc considérer
cela comme un légitime droit de reponse à vos affirmations me
concernant et parues dans vos organes de presse.

En outre je profiterai
de l’occasion pour vous fournir certaines précisions, qui à
priori semblent vous avoir échappé, à l’action et au
but que je me suis personnellement fixé, ainsi que sur la manière
sectariste et sécuritaire que vous avez de gèrer le peuple et
le pays qui sont les miens.

Cependant, sachez qu’il
n’est aucunement dans mes intentions de tenir une correspondance régulière
ou d’ouvrir un dialogue suivi avec vous dans la mesure ou je n’en vois vraiment
pas l’utilité et de plus je suis convaincu que pour le moment vous
avez d’autres soucis en tête.

Ceci étant, même
en tenant compte de l’état psychologique désastreux dans lequel
vous semblez être plongé depuis la récente médiatisation
de l’affaire dite l’assassinat du juge Borrel ainsi que le désarroi
de façade que vous affichez, vous comprendrez que je ne puisse pas
partager votre avis sur le jugement de valeur (qui n’engage que vous même
et ceux pour qui vous êtes l’essentiel) que vous portez sur ma personne,
en arguant que j’avais été amené à quitter ma
fonction à la présidence pour cause d’instabilité.

Cela est risible et du
domaine du ridicule étant entendu que j’ai servi dans la sécurité
de la présidence pendant une période de 8 ans dont 5 comme principal
responsable de l’unité de la gendarmerie chargée de cette mission.

Mais pour une meilleure
compréhension et compte tenu de la connaissance que vous avez de mon
souci du détail et de la verité, vous conviendrez qu’il serait
plus adéquat de recadrer et de resituer cet évènement
dans le contexte politico-militaire de cette époque.

Je vous rappelle que mon
éviction de la présidence a eu lieu vers le premier trimestre
de 1998 alors que vous veniez avec la collaboration des colonnels Mahdi Ibrahim
Cheick et Omar Bouh (l’ambitieux et insatiable beau-frère) de mettre
la touche finale à votre opération de manipulation de l’opinion
publique sur un coup d’état militaire virtuel et fictif qui malheureusement
entraîna l’arrestation et la torture dans les locaux de la gendarmerie
d’un certain nombre de militaires et d’officiers de l’armée nationale.

C’est bien ce montage
que vous avez vous même organisé et l’interrogatoire de plusieurs
jours de suite que j’ai subi dans les locaux de l’était-major de la
gendarmerie qui vous ont permis de désinformer (comme d’habitude) le
chef d’état de l’époque afin d’exiger et de lui faire accepter
mon départ de la sécurité présidentielle.

En ce qui me concerne
vous n’êtes pas sans savoir que je n’avais aucunement recherché
à m’opposer à cette décision puisque j’avais totalement
refusé de solliciter vos faveurs malgré certains de vos appels
en ce sens.

En effet, il était
inconcevable pour moi de vous octroyer cette image de sauveur que vous voulez
affichez alors que vous étiez le principal instigateur de ce choix
professionnel imposé. Toutefois sachez aujourd’hui que contrairement
à d’autres infortunés, j’estime m’en être sorti à
bon compte, mieux, cela fut pour moi l’occasion rêvée pour me
sortir du « guêpier tribal » dont lequel m’avait fourré
la réalité édulcorée et sectaire de Djibouti que
vous avez largement contribué à mettre en place.

Quand à vous et
aux motivations qui étaient les votres, j’éviterais pour le
moment de faire état de certains détails, mais il serait peut
être opportun de vous remémorer que cet évènement
et mon départ de la présidence participait pleinement à
l’opération de verrouilage des structures de l’Etat et à l’encerclement
ainsi qu’à l’isolement planifié du couple présidentiel
d’alors que vous aviez vous même initié et que vous meniez depuis
déja quelques années. De cela, je laisse l’histoire et les djiboutiens
seuls juges.

Cela étant dit
et pour revenir au terme que vous avez utilisé pour m’étiquetter
et chercher à me discréditer auprès de l’opinion nationale,
je pense qu’un minimum de décence et d’honnetêté de base
aurait voulu que vous utilisiez le qualificatif d’incontrolable que vous et
vos services de renseignement usiez déja depuis plusieurs années
pour définir ma grande réserve sur votre conception de la gestion
du peuple et de la chose publique .

Je me permet donc Monsieur
de vous inviter à un peu plus de modération car à trop
vouloir concilier l’inconciliable on s’enferme dans un schéma dangereux
et sterile tant pour la population djiboutienne que pour la quête de
la verité et de la justice.

En effet d’aucuns pourraient
penser que dans notre pays le manque de partage de convictions avec vous entraîne
automatiquement une mise à l’écart formelle et officielle agrémentée
d’invectives et autres .

En outre, je voudrais
vous faire part de la bonne réception de votre message à Bruxelles
et permettez moi de vous précisez que cela ne m’étonne guère
non au vu de ce que j’ai développé ci-dessus, mais surtout de
la connaissance que j’ai de vous.

Sachez toutefois qu’une
manoeuvre d’une telle bassesse n’a pas de véritable canal pour déboucher
en Belgique et que toutes les mesures nécèssaires pour s’opposer
à cela ont été pris par les concernés .

Monsieur, je ne vous salue
pas

Ali
. A . Iftin .

P.S: Présentez
mes hommages à ma belle-soeur afin qu’elle modère autant que
se peut ses manipulations et instincts meurtriers à l’égart
de mon entourage familial.

J’insiste sur ce fait
là car il n’est pas dans nos habitudes de s’en prendre aux personnes
du beau sexe.