07/01/03 (B179) D’après La Nation, c’est maintenant Ali Aref Bouhran, ancien prisonnier de Guelleh à Ali Adde, puis à Gabode, qui sort de sa discrétion, pour lyncher verbalement et froidement Ahmed Dini … sans aucune animosité particulière ?

On croit rêver :
avez-vous déjà entendu parler d’un lynchage fait ‘affectueusement’
? Seule La Nation pouvait inventer cela, se prenant une nouvelle fois les
pieds dans le tapis, qu’elle voulait dérouler sous les pieds d’Ali
Aref Bouhran, ancien Président du Conseil, sorti une deuxième
fois (après sa prise de position de 1999), de son hôtel et de
sa vie privée pour soutenir, celui qui l’avait jadis humilié
en l’envoyant en séjour au bagne d’Ali Adde : le fameux Guelleh.

Pour se faire bien voir
du dictateur, Ali Aref Bouhran s’est même cru obligé de ‘baver’
sérieusement sur le compte d’Ahmed DINI, tout en l’appelant par son
diminutif …

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Extrait de La Nation

Ce
fut un lynchage en règle. M.Ali Aref Bourhan, ancien président
du Conseil de Gouvernement, qui ne s’embarrasse pas de nuances, a brossé
vendredi dernier un tableau plutôt sombre de la longue carrière
politique de M.Ahmed Dini.

Bien que les deux hommes
aient toutes les raisons du monde de se détester, Ali Aref n’a cependant
laissé transparaître aucune animosité particulière
à l’endroit de Dini, l’appelant par le diminutif affectueux de son
prénom :Hamada.

" …Hamada et
moi, a-t-il dit, avons le même âge. Il a été membre
de mon gouvernement. Mais il n’a jamais rien fait de concret. Il n’a été
à l’origine d’aucune réalisation.

Il a toujours été
imprévisible. Un jour, dans les années soixante, alors que je
lui avais confié l’intérim de la présidence du Conseil
de Gouvernement, il prit la décision d’expulser du territoire plusieurs
centaines de dockers ; neuf d’entre eux sont morts de soif dans le désert
; ce drame m’a beaucoup ému.
Il m’a combattu. Il a combattu Gouled. Et aujourd’hui, au crépuscule
de sa vie, le voilà qui décrète l’Intifada contre le
président Ismaïl Omar et le Premier ministre Dileita Mohamed.

Ne le suivez pas sur cette
voie. Des choses dramatiques se sont déroulées dans ce pays.
Mais Dieu merci, nous formons de nouveau une seule et même nation. Hamada
a été le premier à proclamer la naissance de la République.
Comme il l’a solennellement déclaré le 27 juin 1977, nous voulons
que la République reste Une et Indivisible.

En 1999, j’ai comme vous
le savez, appelé à voter Guelleh lors du scrutin présidentiel.
Aujourd’hui, nous devons lui donner une majorité parlementaire sans
laquelle il lui serait impossible de travailler dans la sérénité.
N’écoutez pas Hamada. Et votez UMP ! "

Ali Aref ne manquera pas
au passage de dire ce qu’il pense de M.Ismaïl Guedi Hared :" Sorti
du néant par le président Gouled, cet homme-là ne s’est
pas gêné à l’époque pour s’enrichir sur le dos
de l’Etat. Pour finir, il s’est mis à cracher dans la soupe. Si j’avais
été à la place de Gouled, je crois qu’une telle ingratitude
m’aurait poussé à lui donner une leçon inoubliable ".

En prenant à son
tour la parole, le Premier ministre et président de l’UMP Dileita Mohamed
Dileita donna une leçon de tolérance et de démocratie
aux leaders de l’opposition. " La Démocratie, a-t-il dit, c’est
le débat d’idées. Chacun est libre de s’exprimer. Et c’est le
peuple souverain qui tranche dans le secret de l’isoloir. L’opposition nous
envoie quelques éléments perturbateurs sans doute dans le but
de nous inciter à riposter. Nous ne le ferons pas. Et ces dérapages
de nos adversaires démontrent qu’ils n’ont rien à proposer et
qu’ils sont complètement aux abois. "

S’exprimant comme d’habitude
sur un ton ex-cathedra, le leader de l’opposition a répondu quelques
heures seulement après le meeting de l’UMP aux propos tenus par le
président Aref. Sans doute piqué au vif par la sortie de son
ancien ennemi, M. Ahmed Dini s’est quelque peu emporté. Il a en effet
traité Aref de " mécréant ", voire de "
kafir ", d’ " entremetteur " et de " dabadhilif ",
terme somali qui du fait de sa grossièreté n’a pas vraiment
sa place dans le vocabulaire politique. " Le fait que le RPP appelle
à la rescousse un tel personnage démontre, a poursuivi Dini,
que ce parti est complètement désespéré. Nous
démolirons ce système tout comme nous avons démoli celui
d’Aref ".

Il est regrettable que
la riposte de M.Dini ait été surtout axée sur des attaques
personnelles dont les gens se seraient bien passés. M.Dini a évoqué
les rapports de M.Aref avec son Dieu, ce qui, faut-il le souligner, ne regarde
personne ici-bas. Un peu comme un pape excommuniant tel chrétien et
canonisant tel autre, le leader de l’UAD a traité l’homme qui l’a fustigé
de " kafir ", c’est-à-dire de non-musulman. Or, la pratique
religieuse relève de la sphère privée.

Et cette fatwa est quelque
peu déplacée. On vient de comprendre aussi que pour Dini, l’hôtellerie
n’est qu’une forme déguisée de proxénétisme. Tout
cela rabaisse le niveau du débat et notre jeune Démocratie n’en
sortira probablement pas grandie.