11/01/03 (B180) La mouvance présidentielle remporte les élections multipartites à Djibouti (AFP)

DJIBOUTI, 11 jan (AFP)
– Les partisans du président de Djibouti ont remporté vendredi
les élections législatives, le premier scrutin vraiment multipartite
de l’histoire du pays, mais l’opposition risque de ne pas être représentée
dans la nouvelle Assemblée nationale, malgré un score très
honorable.

Selon la synthèse
des résultats complets dans la circonscription de Djibouti-ville, affichée
par le ministère de l’Intérieur, l’Union pour la majorité
présidentielle (UMP) obtient 55,07% des suffrages exprimés contre
44,93% pour l’Union pour l’alternance démocratique (UAD, opposition).

La coalition arrivant
en tête dans la capitale obtient les 37 sièges de cette circonscription
et remporte donc les législatives de vendredi, l’Assemblée nationale
comportant 65 sièges. La participation est d’environ 50%.

Cette victoire de la mouvance
présidentielle à Djibouti-ville pourrait rapidement prendre
des allures de raz-de-marée.

En effet, selon les chiffres
quasi définitifs du ministère de l’Intérieur, les partisans
du chef de l’Etat Ismaël Omar Guelleh sont également arrivés
en tête dans les quatre autres circonscriptions du pays, qui abrite
la plus importante base militaire française à l’étranger.

Si cette tendance était
confirmée, la mouvance présidentielle remporterait donc les
65 sièges de l’Assemblée nationale, comme au scrutin de 1997.

L’opposition, menée
par l’ex-Premier ministre et ex-chef de la rébellion afar Ahmed Dini,
ne serait donc pas représentée, bien qu’ayant, au moins à
Djibouti-ville, attiré sur son programme près d’un électeur
sur deux.

Les législatives
ont eu lieu au scrutin de liste majoritaire à un tour, particulièrement
favorable à la coalition ou au mouvement arrivant en tête. La
circonscription de Djibouti accueille la moitié des 600.000 habitants
de ce pays de la Corne de l’Afrique en grande partie désertique.

Ce scrutin constitue une
victoire pour le président Guelleh, élu en 1999 après
avoir été pendant 22 ans le chef de cabinet et l’homme de confiance
du « Père de l’indépendance », le président Hassan
Gouled Aptidon.

Mais le bon score de l’opposition
à Djibouti-ville, en pourcentage des voix, rappelle au chef de l’Etat
dans le même temps qu’une importante frange de la population, notamment
au sein d’une jeunesse frappée de plein fouet par le chômage,
est en faveur d’un changement.

Pour la mouvance présidentielle,
et notamment pour le Rassemblement populaire pour le progrès (RPP,
ex-parti unique), qui est au pouvoir depuis l’indépendance de cette
ancienne colonie française en 1977, ce mécontentement n’est
pas à ignorer avant la présidentielle de mai 2005.

Interrogé par l’AFP,
le ministre de l’Intérieur Abdoulkader Doualé Waïs s’est
déclaré « très satisfait » des conditions du
déroulement du premier scrutin organisé depuis l’entrée
en vigueur du multipartisme « intégral » en septembre.

« Je remercie toute
la population, sans distinction de son appartenance politique, car tout le
monde s’est comporté de manière sage », a-t-il ajouté,
rappelant qu’aucun incident majeur n’était venu ternir les opérations
de vote.

Interrogé sur le
mode de scrutin actuel, le ministre a répondu: « C’est le système
adopté par Djibouti. La démocratie, c’est quelque chose qui
se perfectionne, qui doit toujours se renouveler ».

Il a en conséquence
laissé entendre qu’une dose de proportionnelle pourrait être
introduite avant les prochaine élections régionales « pour
que les deux groupes (majorité présidentielle et opposition)
puissent gérer ensemble » les affaires de la région.