16/04/03 (B193) LDDH – NOTE D’INFORMATION DU 31 MARS 2003

 

Affrontements du 06 mars
2003

Chasse à
l’homme Oromo… ?
Les immigrés, les réfugiés, les étrangers
ont-ils leur place en République de Djibouti, ont-ils droit à
une certaine dignité, ont-ils des droits ?

La Déclaration
universelle des droits de l’Homme exprime la conception commune qu’ont les
peuples du monde entier des droits inaliénables inviolables à
tous les membres de la famille humaine et constitue une obligation pour tous
les membres de la communauté internationale.

Article 1
Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité
et en droits.
Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers
les autres dans un esprit de fraternité.

Article 3
Tout individu a droit à la vie, à la sûreté de
sa personne.

Article 6
Chacun a droit à la reconnaissance en tous lieux de sa personnalité
juridique.

Article 7
Tous sont égaux devant la loi et en droit sans distinction à
une égale protection de la loi. Tous ont droit à une protection
égale contre toute discrimination qui violerait la présente
Déclaration et contre toute provocation à une telle discrimination.

Les Pactes des droits
civils et politiques, ceux des droits économiques et sociaux, ainsi
que la Convention sur la discrimination raciale et la Constitution Djiboutienne
protègent, sans ambiguïté,  » les citoyens  » étrangers,
d’une manière générale, et en particulier en République
de Djibouti.

Bref rappel des faits

Le 6 mars 2003 des affrontements
à déplorer ont eu lieu entre une partie de la population d’Arhiba
et des étrangers Oromos, affrontements qui se sont déroulés
au nez des Forces de Sécurité, qui n’ont pratiquement pas réagi,
se contentant à être discrètes, face à cette chasse
à l’homme.

La nuit du cinq au six
mars dernier, un habitant d’Arhiba a été assassiné.

Le criminel aurait été
identifié par la famille du défunt, cette dernière aurait
informé les Forces de la Sécurité.

Constatant l’absence des
recherches, ainsi que, le laxisme des agents de la Sécurité,
les proches de la famille du défunt se sont attaqués aux proches
du présumé auteur du crime.

Durant presque toute la
matinée les ambulances sillonnaient les artères menant à
l’hôpital Peltier, alors que les Forces de Sécurité ne
sont pas du tout intervenues pendant les premières heures, ne se sont
pas du tout manifestées, et l’une des questions fondamentales que l’on
continue à se poser et celui de savoir le pourquoi de ce laxisme inéluctablement
imposé aux Forces de Sécurité ?

Ces chasses à l’homme
Oromo se sont poursuivies, d’une manière sporadique, plus d’une semaine
dans différents quartiers de la ville de Djibouti, et une autre question
fondamentale se pose, face aux silences de ces populations fragilisées,
de ces populations qui ont peur.

Comment savoir le nombre
exact de morts, et dans quelle condition les funérailles se sont-elles
déroulées ?

Il est vrai que, jusqu’aujourd’hui,
les rafles sont quotidiennes. Les expulsions massives d’Oromos, vers la frontière
Ethiopienne, sont des expulsions arbitraires et souvent aveugles, car, expulsion
sans la moindre Décision judiciaire, sans aucun jugement, expulsion
avec pour seule légalité le simple passage dans les geôles
du Centre de tri de Nagad ( Ecole de Police).

La Ligue Djiboutienne
des Droits Humains (LDDH) lance un Appel pressant au Gouvernement de la République
de Djibouti, plus particulièrement au Ministre de l’Intérieur
et de la Décentralisation et au Ministre de la Justice chargé
des Droits de l’Homme, pour mettre fin aux violations quotidiennes des Droits
des étrangers résidents sur notre Territoire nationale, et d’accorder
:

1°) – une attention
particulière à la situation critique des Oromos dans notre pays
;

2°) – de procéder aux respects de la légalité lors
des expulsions en consultant le HCR, le pays voisin concerné, surtout
lors des expulsions massives, qui doivent être ordonnées par
un Juge du Tribunal de Djibouti.