16/04/03 (B193) LDDH – NOTE D’INFORMATION DU 8 AVRIL 2003

 

Certains juges
djiboutiens excellent dans l’art des condamnations des journalistes.

Attention ! les journalistes
indépendants ou de l’opposition sont facilement passibles des tarifs
de six mois d’emprisonnement fermes, de six ans d’emprisonnement avec sursis
à six mois d’emprisonnement avec sursis.

Les condamnations, par
certains juges spécialistes des procès politiques, valsent autour
des six mois d’emprisonnement, en général avec sursis. Quelle
mascarade !


Affaire Général Zakaria contre DAF


Le 31 mars 2003, une audience publique du Tribunal de 1ère Instance
de Djibouti, a eu lieu dans la grande salle des audiences, en présence
d’un nombre exagérément élevé de policiers en
tenues de combat et armes aux poings, autour et à l’extérieur
de cette salle d’audience.

Le 7 avril 2003, le Tribunal
a donné lecture de son Jugement sur cette affaire, cette fois la police
a été plus discrète.

L’Affaire

Tout d’abord, il est de
notre devoir de vous informer, que le Président de la LDDH, ainsi que
le Codirecteur du Journal  » Réalité  » se sont vus
refuser, par la police, l’accès à la grande salle afin de suivre
l’audience et ce n’est que sur l’intervention du Procureur de la République
qu’ils ont pu enfin suivre la fin de l’audience.

Il est donc difficile,
de vous reproduire, la plaidoirie de M.Daher Ahmed Farah, qui avait été
son propre avocat, d’autant plus que le Directeur du Journal  » Le Renouveau
djiboutien  » a probablement estimé non nécessaire de nous
fournir les points forts de sa plaidoirie, malgré notre demande.

Toutefois il nous paraît
intéressant de vous indiquer pour consultation l’article du  »
Renouveau  » du 3 avril 2003 consacré à cette Affaire.

Sur la Décision
du juge Yacin Omar Darar

L’affaire ayant été
mise en délibéré le 31 mars, une semaine après,
le juge Yacin O. Darar a prononcé le verdict suivant :
Monsieur Daher Ahmed Farah est reconnu coupable du délit de diffamation,
il est condamné à six mois d’emprisonnement avec sursis, à
une amende de 200 000 FD ainsi qu’à 2 000 000 FD (deux millions de
francs Djibouti) au titre de dommages et intérêts à verser
au Général Zakaria Cheick Ibrahim pour la réparation
du préjudice subi.

Lourdes peines d’autant
plus que lors de l’audience du 31 mars, le Procureur Ahmed Loita avait bien
précisé que le Parquet n’était pas directement concerné,
et que le Ministère Publique n’avait pas engagé de poursuites.

Il est donc claire, que
la plainte émane uniquement d’une personnalité contre une autre
personnalité, et c’est à se demander comment le juge a-t-il
pris une Décision aussi lourde sur le plan pénal alors que le
Parquet n’a ni émis son réquisitoire, ni avancé de peines
pénales ?

Il est vrai, ou plus exactement
il semblerait que le juge Yacin O. Darar serait connu dans un autre Jugement
sur d’autres affaires relatives à la liberté de la presse, pour
ne pas dire à la répression sur la libre expression de la presse
écrite.

Question fondamentale.

Pourquoi cette même
affaire qui a été jugée récemment par le Tribunal
de Djibouti, pourquoi cette même affaire a-t-elle fait l’objet d’un
second jugement ? A cette allure pour les mêmes faits et pour la même
affaire il faut s’attendre que certains juges se prononcent 2 fois, sinon
(n) fois.

Une chose est sûre
au Tribunal de Djibouti, une constance est indéniable, dés qu’il
s’agit de la presse écrite de l’Opposition, comme on le constate depuis
plus de deux décennies c’est que :
–  » certains Juges djiboutiens, en général pratiquement
les mêmes, doivent avoir pour mission première ( les différents
jugements en sont témoins) de condamner sans ambages et systématiquement
à des peines pénales pour toutes les plaintes provenant du Parquet,
sauf pour cette affaire ( ou le Parquet n’est pas intervenu) mais qui d’ailleurs
ne fait pas exception sur le plan  » tarif  » pénal. De même
pour tous les procès à coloration politiques


La Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH) demeure très inquiète
des violations incessantes par la Justice djiboutienne qui n’arrive pas à
se démarquer du Pouvoir Exécutif oppressant, qui n’arrive pas
à imposer et à affermir l’indépendance totale de la Justice,
où certains Juges ne peuvent pas prendre  » en leur âme et
conscience  » et d’une manière sereine leurs Décisions judiciaires
;

La Ligue Djiboutienne
des Droits Humains (LDDH) encourage tous les juges, sans exception, à
se concerter :
– pour arracher leur totale indépendance ;
– pour obtenir une autonomie financière indépendante du ministère
de la Justice ;
– pour organiser et constituer un (des) syndicat(s) des magistrats.

M.
NOEL ABDI Jean-Paul