06/05/03 (B196/2) Organiser les transports en commun ? Résultat : rançonner encore les travailleurs honnêtes ? De l’air, de l’air pour une population qui étouffe ! (Elmi Awaleh)

Entre
des procès judiciaires, montés destinés à effacer
des faits connus de la violence d’IOG et de ses fascistes, et la poursuite de
détournement des deniers publics par les membres du gouvernement et de
l’administration, la dictature se donne le temps d’organiser des secteurs de la
vie socioéconomique. Aussi surprenant que cela puisse paraît, la
dictature décide un beau jour de doter le secteur des transports publics
privés un Conseil National des Transports Urbains et Interurbains. C’est
une information donnée par l’ADI.

Franchement,
je suis toujours surpris du génie de ces Messieurs, qui étaient
occupés par tant de choses depuis 1977, de se rendre compte seulement en
mai 2003 d’une organisation à doter un secteur qui en avait vraiment besoin.

Mais pas tellement,
car si la dictature et ses méthodes de rapine, de corruption et de délinquance,
élevées en mode de gouverner un pays, laissaient les professionnels
libres de s’organiser, le conseil national, dernière trouvaille, n’aurait
aucun sens. Un secteur s’organiser mieux quand il bénéficie des
libertés constitutionnellement reconnues, la première d’entre elles
est la constitution d’un syndicat.

Or
une dictature est toujours un syndicat, si elle ne peut pas contrôler, c’est-à-dire
enlever le sens même d’organisation de défense des intérêts
de ses membres. Un syndicat, qui ne revendique pas, qui appuie, au contraire,
la corruption, la mal gestion et l’autoritaire du régime au niveau social,
ne joue pas son rôle. C’est une structure de plus de la dictature comme
cela a été l’ex syndicat national.

Rappelez-vous
son président disait en 1992, quand le gouvernement de l’autre dictateur
Hassan décida d’instaurer la taxe patriotique de 10% sur les salaires,
que les travailleurs ne s’opposaient pas à une telle mesure compte tenu
de la situation de guerre dans laquelle se trouve le pays. Quelle bêtise
d’un responsable syndical?

Le
secteur des transports en commun à Djibouti est en situation catastrophique.
Les usages se plaignent de l’arrogance des propriétaires ou conducteurs
de bus : la surcharge, la création du siège patriote (dans le langage
de Kourouchbaye et en langue somali, place waadani), les détours qu’ils
font pour prendre un passager, l’attente exagérée dans certains
carrefours, le prix exorbitant pour une marchandise…

Mais
dans une telle situation, il y a des Messieurs qui gagnent bien, ce sont des gens
connus, qui ont su défendre leurs intérêts jusque dans le
noyau dure du système dictatorial et autoritaire. La police de trafic rançonne
plus les petits chauffeurs et autres propriétaires et laissent passer les
gros Messieurs. Parfois, les expressions et les mots perdent tout leur sens dans
une dictature comme par exemple trafic.

Quelqu’un
peut me dire le rôle d’une police de trafic quand il n’y a aucune signalisation,
mieux quand il y a que des pistes et non des routes. Le mot trafic est lié
à l’existence d’un réseau routier urbain ou interurbain non à
des pistes.

Dans
le projet de décret adopté par le conseil des ministres du 29 avril,
il est prévu la création d’un conseil national des transports urbains
et interurbains. Créer des conseils dans tous les domaines est devenu depuis
1992 un exercice banal pour la dictature ; il y a eu le Conseil Constitutionnel
(qui se remarque dans des décisions ridicules alors qu’on sait que le gouvernement
gagne par les fraudes toutes les élections, celui-ci rejette les demandes
d’annulation des partis de l’opposition), le Conseil Supérieur de la Magistrature
(le chef de l’Etat est le président de ce conseil, quel sens d’avoir un
conseil si un non professionnel, corrompu, sanguinaire et autoritaire occupe la
présidence).

C’est
comme si une telle structure règle les problèmes d’un secteur. Les
problèmes existent, parce que le gouvernement dictatorial ne fait pas le
travail qui lui incombe : organiser les routes et les communications entre les
villes. D’ailleurs ceci pourrait lui permettre de mieux contrôler les mouvements
des gens. Ce qu’on qualifie problèmes des transports en commun et transports
interurbains viennent par exemple l’absence de politique énergétique.

Le prix de l’essence
augmente depuis plus d’une décennie et on leur empêche d’augmenter
le prix du voyage. Or cette hausse et cette interdiction ont des conséquences
sur les bénéfices du secteur. Les propriétaires des bus
n’ont alors qu’une seule solution : augmenter le nombre de passagers sans se préoccuper
les conditions de sécurité, aller rapidement pour échapper
à la police pourrie et prendre d’autres passagers.

Il
n’est pas surprenant qu’il soit présidé par le ministre des transport
(dictature oblige), mais par contre ce qui constitue une surprise, c’est la représentation
des usagers dans le Conseil National des Transports Urbains et Interurbains. La
question n’est pas leur nombre très réduit (3), mais plutôt
le principe même de représentation d’usagers.

Les
juristes diront qu’il y a intégration de nouveaux termes dans le jargon
administrativo-politique djiboutien. Personnellement, je n’ai jamais vu et lu
dans un document public à Djibouti. Mais voyons, quel sens donné
à ce mot quand la liberté n’existe pas? Pour s’organiser comme usager,
il faut avoir la liberté d’agir en fonction des intérêts particuliers.
Or cette liberté n’est pas reconnue. Et d’ailleurs à partir du moment
que la liberté politique et la liberté d’expression sont étouffées,
gelées comme dans l’ancien bloc de l’Est, sont purement supprimées
par une justice à la solde de la dictature, il n’existe aucune liberté.
La liberté est fondamentale dans toutes les activités sociales,
économiques et politiques de l’individu. Sans elle, c’est le fascisme,
le nihilisme, l’anarchie organisée par un groupe de pyromanes, qui se font
passer pour des dirigeants.

Le
nouveau Conseil s’ajoute et renforce un arsenal de contrôle et de répression
déjà fort dans cette dictature. D’ailleurs cet objectif n’a échappé
à personne quand on analyse les propos du ministre de l’Equipement et des
Transports, M. Elmi Obsieh Waïs, il affirme que  » dès son installation,
le Conseil National des Transports Urbains et Interurbains devra étudier
un premier texte essentiel, à savoir les Cahiers des Charges types à
conclure avec chaque transporteur », ajoutant que « l’appui de plusieurs
départements ministériels sera indispensable, notamment pour les
contrôles sur le terrain. ».

Personne
ne croit que l’histoire de Cahiers des Charges soit une nouveauté ; une
solution merveilleuse pour un secteur. Elle n’a pas donné des résultats
positifs là où elle a été appliquée. C’est
plutôt une méthode qui permet de raffiner la corruption, suivez le
sens de l’expression « les cahiers de charges types à conclure avec
chaque transporteur ».
Les gens savent s’organiser, elles n’attendent pas
une organisation de la dictature. Ce qu’elles attendent par contre, c’est DE LA
LIBERTE. Je précise bien DE LA LIBERTE.

LIBERTE
aux prisonniers politiques

LIBERTE
aux journalistes

LIBERTE
aux syndicalistes

LIBERTE
aux enseignants

LIBERTE
aux étudiants

LIBERTE
aux magistrats

LIBERTE
aux petits commerçants

LIBERTE
et RESPECT aux étrangers

De
l’air pour toute la population et à toute la sous-région. Fin de
l’étouffement.

Elmi
Awaleh