05/09/03 (B211) A lire dans Le Monde des informations précises sur le ‘nettoyage ethnique’ de 10 % de la population et sur les conséquences.

Djibouti, ancienne colonie
française, abrite la plus importante base militaire française
avec 2 800 hommes, et depuis peu une base américaine de 1 500 hommes
installée dans le cadre de la lutte anti-terroriste dans la Corne de
l’Afrique.

Près de 60 000
immigrés clandestins ont quitté Djibouti depuis fin juillet,
après l’ultimatum lancé par les autorités, a annoncé,
jeudi 4 septembre, l’Office national d’assistance aux réfugiés
et sinistrés (Onars), qui dépend du ministère de l’intérieur
djiboutien. « Près de 60 000 personnes en situation irrégulière
ont quitté Djibouti depuis l’annonce des mesures de rafles et d’expulsions
contre les clandestins faite par le ministre de l’intérieur fin
juillet », a déclaré le secrétaire exécutif
de l’Onars, Ahmed Houssein Affi.

Le dernier chiffre, donné
le 31 août par le ministre de l’intérieur djiboutien, Abdoulkader
Doualeh Waïs, faisait état de 42 500 personnes ayant « volontairement »
quitté le pays.

En outre, entre 6 000
et 8 000 clandestins, selon l’Onars, sont actuellement regroupés dans
le camp d’Aour-Aoussa, à une centaine de kilomètres au sud de
Djibouti-Ville, en attendant de demander le statut de réfugié.

LES AUTORITÉS
ORGANISERONT DES RAFLES

Les autorités de
Djibouti, pays de quelque 630 000 habitants situé dans la Corne de
l’Afrique, ont donné jusqu’au 15 septembre aux immigrés clandestins
pour quitter le pays. Le gouvernement djiboutien avait initialement donné
jusqu’au 31 août aux clandestins pour quitter le territoire, avant de
repousser cet ultimatum. Une fois cette date butoir passée, les
autorités organiseront des « rafles », a prévenu le
gouvernement.

Plusieurs hauts responsables
de l’administration djiboutienne ont reconnu sous le couvert de l’anonymat
que ces décisions avaient un caractère sécuritaire plutôt
qu’économique, et qu’elles étaient liées à la
présence américaine dans le pays et aux « menaces terroristes »
dénoncées par Washington.

Mercredi, la Fédération
internationale des ligues des droits de l’homme avait estimé de son
côté que « l’élément déclencheur »
de la décision djiboutienne « paraît être la pression
exercée par les Etats-Unis, qui ont récemment mis en garde les
autorités nationales sur de possibles attaques terroristes visant des
intérêts occidentaux à Djibouti ».

Les Américains
ont cependant pris soin de réfuter les rumeurs circulant avec insistance
dans la région et voulant que ces expulsions aient été
encouragées par Washington.
« Les Etats-Unis ne jouent aucun
rôle dans l’élaboration de la politique actuelle du gouvernement
djiboutien », précise un communiqué de l’ambassade des Etats-Unis
à Nairobi (Kenya) publié jeudi.

QG RÉGIONAL
POUR LA LUTTE ANTITERRORISTE

Les Etats-Unis, qui ont
fait de l’ex-territoire français leur quartier général
régional pour la lutte antiterroriste, ont fait part de leur préoccupation.
« Les Etats-Unis sont profondément préoccupés par
les informations faisant état de mauvais traitements de détenus
et d’atteintes aux droits de l’homme, a fait savoir l’ambassade. Il est essentiel
que toutes les questions de statut et d’expulsions soient menées avec
la garantie d’un respect intégral des libertés fondamentales
internationalement reconnues. »

Djibouti, ancienne colonie
française, occupe une position stratégique entre l’Afrique et
la péninsule Arabique. Le pays abrite la plus importante base militaire
française avec 2 800 hommes, et depuis peu une base américaine
de 1 500 hommes installée dans le cadre de la lutte antiterroriste
dans la Corne de l’Afrique.

Avec
AFP et Reuters