12/09/03 (B212) Quelque 80.000 clandestins ont quitté Djibouti en un mois et demi (AFP)

DJIBOUTI, 12 sept (AFP)
– Au moins 80.000 clandestins ont quitté Djibouti depuis fin juillet,
et autant pourraient encore se trouver dans le pays, a indiqué le ministère
de l’Intérieur vendredi, à trois jours de l’expiration de l’ultimatum
lancé par les autorités djiboutiennes.

Le chiffre de 80.000
« ne concerne que les personnes qui ont franchi les trois postes frontaliers
de Loyada avec la Somalie, et de Guélilé et Galafi avec l’Ethiopie »,

a précisé à l’AFP le secrétaire général
du ministère de l’Intérieur en charge du dossier de la décentralisation,
Mohamed Ahemed Gueda.

« Il n’inclut pas
les pistes utilisées par les passeurs le long de la frontière »
,
a-t-il ajouté.

Les personnes en situation
irrégulière ont jusqu’à lundi minuit (21h00 GMT) pour
quitter Djibouti, petit pays de la Corne de l’Afrique qui compte environ 630.000
habitants et jouit d’une relative prospérité.

Une fois que l’ultimatum
aura expiré, les autorités ont promis de procéder à
des « rafles ».

Selon Mohamed Ahemed Gueda,
« beaucoup de délinquants et de SDF qui n’ont rien à perdre
vont tenter de rester ». « Il se peut que leur nombre soit aussi
important que ceux qui sont partis »,
a-t-il estimé.

En plus des quelque 80.000
personnes en situation irrégulière qui ont plié bagage,
entre 6 et 7.000 clandestins, selon le ministère djiboutien de l’Intérieur,
se trouvent actuellement dans le camp Aour-Aoussa, mis en place fin août
à une centaine de kilomètres au sud de Djibouti-ville.

Depuis plusieurs jours,
le flux des départs a considérablement diminué, comparé
à l’effervescence enregistrée fin août quand les clandestins
ne trouvaient pas de place dans les trains pour l’Ethiopie.

L’ultimatum des autorités
djiboutiennes avait initialement été fixé au 31 août
avant d’être repoussé de 15 jours, quelques heures seulement
avant son expiration.

« Le départ
le plus important d’illégaux ou de clandestins vers leur pays d’origine
(essentiellement l’Ethiopie et la Somalie) a eu lieu au mois d’août
avant l’expiration d’un premier délai fixé au 1er septembre »,
a confirmé M. Gueda.

Le dernier train de voyageurs
qui transportera des personnes en situation irrégulière vers
l’Ethiopie, pays d’origine de la majeure partie des clandestins, quittera
la gare de Djibouti dans la nuit de dimanche à lundi.

« S’il y a trop de
monde, nous ajouterons deux wagons supplémentaires », a assuré
à l’AFP un employé des chemins de fer djiboutiens.

Des responsables de l’administration
djiboutienne, sous couvert de l’anonymat, ont expliqué que la décision
de chasser les clandestins avait un caractère sécuritaire plutôt
qu’économique et qu’elle était liée à la présence
américaine dans le pays et aux « menaces terroristes » lancées
par Washington.

Mais les Etats-Unis ont
démenti début septembre être impliqués dans cet
exode massif.

Depuis les attentats du
11 septembre 2001 aux Etats-Unis, Djibouti, qui occupe une position stratégique
entre l’Afrique et la péninsule arabique, constitue la pièce-maîtresse
du dispositif de lutte anti-terroriste mis en place par Washington dans la
Corne de l’Afrique.

Les Etats-Unis y ont récemment
installé une base militaire, qui compte 1.500 hommes, tandis que la
France, ancienne puissance coloniale, y possède sa plus importante
base militaire à l’étranger (2.800 hommes).