13/09/03 (B212) Les réfugiés d’hier chassent ceux d’aujourd’hui. (Comité du MRD de Belgique)

Cela pourrait paraître
éberluant et pourtant, c’est à la fois un fait et une réalité
! Pour des renommés qu’ils sont, ils vont très rapidement se
reconnaître au fil de ces quelques lignes. Pour les uns, le dromadaire
avait servi de moyen de locomotion ; pour les autres c’est en bus numéro
11 ou à pied qu’ils ont afflué vers la fameuse côte française
des somalis ; enfin d’autres encore, avaient utilisé la pirogue ou
la barque…Peu importe, tous les premiers arrivants avaient un dénominateur
commun, en ce sens qu’ils étaient pieds et torses nus, très
mal rasés, puants et coiffés  » Afro « . Ils avaient
ni papiers, ni domicile et encore moins un capital connaissance à envier.
Les Français les considéraient comme des animaux humains, partiellement
habillés ou, pour mieux dire les choses, comme des bédouins
à dresser pour une intégration et un  » savoir-vivre  »
ayant trait à une quelconque civilisation digne de ce nom.

Voilà que graduellement,
une page de l’histoire s’est tournée et, l’avènement nous permet
de constater que les derniers enfants nés en dehors du territoire national
et de pères réfugiés, sont présentement les détenteurs
autoproclamés du pourvoir à Djibouti. Oui, c’est effectivement
une ironie du sort mais aussi le résultat d’un destin incontrôlable
!!! Sans doute grâce ou à cause des français ou, peut
être aussi parce qu’il fallait bien faire assurer la relève quelque
en soit l’acabit. L’on peut comprendre, même si c’est difficile et plutôt
amère à ingérer !

Si l’on fait de  »
l’ingénierie à rebours « , pour emprunter l’expression de
Becker, l’on arrivera très facilement à imaginer à quoi
pourrait ressembler il y a 40 ans, notre cher président de la République,
SE Ismaël Omar Guelleh ou, notre cher ministre de l’intérieur,
Abdoulkader Doualeh Wais ou, encore celui de l’Education Nationale, Abdi Ibrahim
Absieh…pour ne citer que ces trois éthiopiens issus des quartiers
scrofuleux de Diré-dawa en Éthiopie, à savoir Gonda-dippo,
Amistaya-Al-khafir ou Taiwan.

N’étaient-ils pas
en Éthiopie? N’y ont-ils pas fait une partie de leur fragile scolarité
? Ne jouaient-ils pas à la  » balle chaussette  » par manque
de moyen financier ? Ne se rappellent-ils pas du fameux Dil-dil ou le pont
de la villette, en dessous duquel, ils fouillaient les ordures ménagères
à la recherche du moindre butin ?

L’on s’accordera peut
être à dire que malgré notre volonté de vouloir
définitivement divorcer avec le sectarisme, toutes les ethnies  »
djiboutiennes  » ont encore leur métropole quelque part en Somali,
en Éthiopie et au Yémen. Donc, à quoi bon refouler les
enfants de nos cousins, puisque nous sommes censés les retrouver outre-frontière
?

Sommes-nous entrain de
nous inspirer de l’abjecte dogme  » lepéniste  » ? A savoir,
je vous aime mais, restez chez vous !

Aussi, l’on comprend la
volonté américaine censée faire passer au tamis la population
djiboutienne, surtout après l’indélébile événement
du 11 septembre et, dont l’objectif est de séparer le son du bon grain
humain, pour élaguer un terrain propice à la paix dans la région
par le truchement de la lutte contre le terrorisme !!! Néanmoins, il
n’est ni illégitime ni impertinent de douter de la véracité
de ce parfum ou, déodorant iogien, aujourd’hui bien répandu
dans l’atmosphère de l’opinion publique djiboutienne. Si bien qu’il
est très facile de propager de telles informations, surtout en provenance
d’un pouvoir aussi délinquant que le notre. Il serait donc tout à
fait logique et légitime de faire le parallélisme entre ce tintamarre
et la célèbre rumeur d’Orléans.

La seconde hypothèse
à laquelle nous nous sentons obligés de souscrire est celle
selon laquelle, cette mascarade proviendrait du nième stratagème
du régime dictatorial et obsolescent en place. On y trouve deux principaux
messages diaboliquement soignés:

Le premier consiste à
collaborer avec les Américains, en leur prouvant la bonne foi gouvernementale
à s’impliquer dans la lutte contre le terrorisme. C’est aussi une manière
de montrer l’utilisation à bon escient de l’averse des dollars US reçue
pour la bonne cause!

Le second est à
l’adresse de la population djiboutienne pour qui, le fantôme socioéconomique
demeure l’insécurité et la pauvreté. Comme si la ponction
des réfugiés à l’effectif total de la population allait
métamorphoser notre pays en un Eldorado africain ! Autant le pouvoir
se gargarise à promettre monts et merveilles, autant le peuple aura
compris qu’IOG, prépare plutôt ses prochaines élections
présidentielles.

Quelque qu’en soit l’initiateur
du  » projet de la chasse déclarée contre les présumés
réfugiés « , on avoue n’avoir jamais entendu parlé
d’un pays qui aurait pu s’enorgueillir d’un développement et d’une
croissance économique hors pair, tout en évinçant les
réfugiés, c’est à dire ses hôtes !!! En revanche,
nous connaissons des pays qui ont fait asseoir leur économie sur le
dos des réfugiés ! Dubaï, en est un exemple, quelque en
soit son avantage comparatif et ; Bernard Stazy publiait  » L’immigration,
une chance pour la France  » ?

Mais, la question qui
taraude les esprits est de savoir pourquoi le gouvernement djiboutien ne ferait-il
pas sa  » basse besogne  » comme il se doit, c’est à dire avec
un peu plus de sagesse et de sérénité ? Car quand on
est dans la boue, autant se salir le moins possible ! On veut dire par là,
travailler de concert avec le HCR et les autres ONG expérimentées
dans le domaine pour assurer un minimum de dignité humaine aux victimes
de la chasse à l’homme étranger. Le rapport du délégué
du HCR est effarant même si, in extremis, le ministère de l’intérieur
à exhorter ses pseudo-cadres à se rapprocher davantage de l’équipe
technique de l’organisme international. La situation du camp de Arraoussa
en dit long. A cette occasion, il nous semble tout à fait loisible
de poser les questions suivantes:

N’y a-t-il pas des réfugiés
djiboutiens disséminés un peu partout dans le monde, parce que
persécutés chez eux ?

Qui a pris l’avis de la
population djiboutienne ? N’a-t-elle pas le droit de se prononcer sur la question
?

Serait-elle en mesure
de manifester pour exiger le retour de ceux qui l’ont servi pendant des années
durant ?

A-t-on pris en compte
les éventuelles réactions inopinées des pays limitrophes,
et des organisations internationales, comme la FIDH ?

Quand est-ce que ce régime
aura-t-il honte de ses actes liberticides et barbares ?

Hélas, à
Djibouti, tout est à l’envers, car le droit devient devoir et vice
versa… Comme à l’accoutumée, nous pouvons observer qu’encore
une fois, le peuple djiboutien est épris de liberté d’expression
et que, le pouvoir continue à phagocyter les structures socioéconomiques
du pays. C’est là un événement qui nous permettra de
dévoiler la vraie face cachée d’un régime en chute libre.


Enfin, le comité du MRD en Belgique est plus que jamais indigné
du malheureux sort que le gouvernement djiboutien réserve à
ses réfugiés morganatiques et ce, au vu et au su de la communauté
internationale.

Pourtant, c’est bien ce
gouvernement qui, depuis notre accession à l’indépendance, s’était
égayé à vendre les cartes d’identités djiboutiennes
et autres documents administratifs aux plus offrants.

Alors, qui pourrait aujourd’hui
prétendre être djiboutien et qui ne le serait-il pas, pour être
djiboutois ?

Le
Comité du MRD en Belgique.