14/09/03 (B212) Djibouti: l’ultimatum aux étrangers répond aux « souhaits » anti-terroristes (AFP – Djibouti)

DJIBOUTI, 14 sept (AFP)
– L’ultimatum lancé aux étrangers en situation irrégulière,
sommés de quitter Djibouti avant lundi minuit, répond aux « souhaits »
de la coalition occidentale anti-terroriste, a-t-on indiqué dimanche
à l’AFP de source proche du gouvernement djiboutien.

Le gouvernement de Djibouti
a affirmé et répété que sa décision d’expulser
ses immigrés clandestins, annoncée fin juillet, était
souveraine, alors qu’une rumeur, démentie officiellement par Washington,
évoquait une pression des Etats-Unis, qui ont installé sur place
le quartier général de la coalition anti-terroriste dans la
Corne de l’Afrique.

« Les forces coalisées
dans le cadre de la lutte anti-terroriste surveillent de près l’espace
aérien et maritime de la République de Djibouti, mais souhaitent
que les forces djiboutiennes soient en mesure d’empêcher le franchissement
des frontières terrestres », a reconnu dimanche un haut responsable
djiboutien, sous le couvert de l’anonymat.

« On veut savoir désormais
qui vit avec nous, qui entre et qui sort », a-t-il ajouté.

« Nous devons être
en mesure de mieux contrôler nos frontières terrestres »,
a-t-il insisté.

Le ministre djiboutien
de l’Intérieur, Abdoulakader Doualeh Waïs, a invoqué des
« impératifs sécuritaires » dans une vaste campagne
médiatique qui devrait avoir abouti lundi soir au départ de
quelque 70.000 à 80.000 immigrés clandestins, selon les estimations
des autorités.

Le ministère estimait
samedi que 90% des clandestins avaient déjà préféré
le départ, même précipité, à l’expulsion
par la force, menace répétée
depuis le lancement
de l’ultimatum, fin juillet.

Ces départs
en masse éviteront le recours aux « rafles » annoncées
contre les immigrés qui n’auraient pas respecté l’ultimatum,
a précisé samedi M. Doualeh Waïs.

Pour ceux qui « restent »
ou « se cachent » encore, il a toutefois promis la poursuite « semaine
après semaine, voire mois après mois », d’opérations
systématiques de vérifications d’identité dans les rues.

Sa campagne pour le
départ des clandestins annonçait également des poursuites
pénales ou des amendes contre les entreprises, sociétés
ou commerces employant des étrangers non déclarés. Cette
mise en garde incluait le personnel domestique et les gardiens.

Dans un contexte de lutte
contre le terrorisme et d’alertes répétées sur les risques
d’attentats dans les pays de la Corne de l’Afrique, « la population +flottante+
de Djibouti, formée essentiellement de migrants économiques,
semble avoir réagi par réflexe de repli et de sauvegarde »,
a déclaré à l’AFP un analyste politique.

« Les gouvernements
éthiopien, érythréen et du Somaliland (nord-ouest de
la Somalie) semblent avoir également répondu aux attentes des
autorités djiboutiennes pour le retour des personnes en situation irrégulière
vers leur pays ou région d’origine » a-t-il ajouté.

Les 70.000 étrangers
qui ont déjà quitté le pays, selon les estimations ministérielles,
représentent 11,6% de la population totale de la République
de Djibouti, évaluée à 600.000 habitants.

Selon M. Doualeh Waïs,
Djibouti reste ouvert aux étrangers, mais pourvu qu’ils « entrent
avec des documents de voyages officiels, se munissent de visas d’entrée
et respectent la législation du travail en vigueur dans le pays »,
a-t-il précisé.