01/12/03 (B223) Que penser de l’émission de TF1 qui a traité de l’affaire Borrel et qui a été diffusée entre 19 et 20 heures le dimanche 30 novembre ? Contre-feu franco-djiboutien ?

Tout en félicitant
les journalistes pour le travail qu’ils ont accompli, nous restons sur notre
faim et nous sommes très perplexes ! Nous nous posons même des
questions de fond sur l’orientation qui a été donnée
au reportage en particulier sur d’éventuelles consignes qui auraient
pu avoir été distillées aux producteurs.

Cette émission
intervient dans un contexte particulier.

Récemment des expertises
médico-légales incontestables venaient de confirmer officiellement
que le Juge Borrel avait été frappé à mort et
que ce n’est qu’ensuite, que son corps a été enflammé
… La Justice française venait enfin d’admettre qu’il ne s’agissait
plus d’un suicide mais d’un meurtre et elle demande la levée du secret
défense sur douze documents.

Opportunité
?

Que vient faire dans ce
contexte, une émission destinée à insinuer le doute du
téléspectateur non averti et à lui laisser penser qu’entre
suicide et meurtre, rien n’est encore établi ? C’est pour le moins
curieux ! D’autant plus, qu’à une exception près en huit ans,
TF1 a toujours refusé de diffuser des émissions ou des reportages
traitant de cette affaire.

Qu’avons-nous vu et
entendu hier dimanche 30 novembre ?

Djama Souleiman, à
qui les journalistes accordent un temps de parole important et qui intervient
à deux reprises pour tenter, avec la plus grande mauvaise foi de nous
faire croire au suicide. Il insiste sur le fait que le dossier est classé
et que le juge a écrit une sorte de lettre d’Adieu à sa femme
… Il dénigre Alhoumekani.

Certainement motivée
par le désir d’être transparente et objective, Mme Borrel se
fait piéger par le journaliste qui insiste sur le retrait d’espéces
et sur la lettre dans laquelle le Juge lui explique comment vendre sa collection
de médailles militaires.

Maître Martinet
qui traverse lentement plusieurs bureaux avant de rejoindre le sien pour prendre
place et pour nous expliquer d’un ton professoral que le suicide est la seule
explication possible.

Tandis que Me Maurice, l’avocat de Mme Borrel n’a le
droit qu’à quelques secondes pour défendre la seule thèse
possible : celle du meurtre.

Messieurs Alhoumekani
et Iftin se sont déplacés spécialement et ils ont accepté
de s’exprimer (conférer la transcription de leur interview compléte
que nous avons publiée dans le numéro précédent).
Pourtant ils n’ont aucun temps de parole (On n’entend même pas la voix
d’Iftin). Le journaliste semble leur poser des questions, mais c’est lui qui
répond à leur place (sur une image d’Alhoumekani souriant mais
muet). Le journaliste conclue en diffusant la copie d’un rapport défavorable
rédigée, en son temps, par un officier français et sortie
du contexte … ce qui décrédibilise les déclarations
de ce témoin important.

Bref comme tout est
à l’avenant, on peut se demander les raisons de cette diffusion !

Le téléspectateur
non averti retiendra qu’il y a toujours aujourd’hui, un doute entre meurtre
et suicide. Le téléspectateur averti de la situation devient
perplexe : l’émission ne l’aura certainement pas fait changer d’avis,
mais il s’interrogera sur l’opportunité d’un tel manque d’objectivité
et d’une volonté affichée de caresser IOG dans le sens du poil.

Y a-t-il des raisons
politiques ?

Personne ne l’avouera
jamais ! Mais chacun a le droit de se demander si la France qui n’a plus le
monopole de la Nation étrangère la plus présente et la
plus favorisée, n’a pas été contrainte d’encourager cette
mascarade audio-visuelle pour s’attirer les bonnes grâces du Président
mafieux et sanguinaire, afin de retarder le moment qui nous semble inéluctable
où nous nos forces pourraient être mises à la porte de
Djibouti, au profit des Américains restant seuls maîtres du terrain
et n’ayant aucun état d’âme concernant l’assassinat d’un Juge
français en mission.

Ca serait quand même bien affligeant d’apprendre un jour que nos dirigeants ont sacrifié la mémoire d’un Juge, pour gagner quelques mois de présence à Djibouti, en soutenant un dictateur connu pour sa cruauté, son enrichissement personnel et son asservissement du peuple djiboutien.