01/01/04 (B227) Dans la série : les interviews presque imaginaires. Bouh Warsama nous propose une interview de Kadra, conduite façon La Nation. Le résultat réjouira certainement tous les lecteurs de l’Observatoire, car la ressemblance est saisissante !!!

 

L’année
de tous les dangers –
Interview surréaliste, méthode La Nation, avec Mme Kadra
Odette Mahamoud Haïd, alias Paulette.

par Bouh Warsama.

Rédacteur
en chef de la Nation
– Madame votre Excellentissime Altesse, le Journal
la nation et vos carpettes déférentes vous présentent
leurs respects et leurs vœux très respectueux pour l’année
2004.

Kadra Odette Mahamoud
Haïd
– Merci carpette de première classe, appelez-moi
très simplement Votre Altesse sérénissime, cela fait
plus sympa. Pas de chichis entre nous.

REC –
Votre Altesse sérénissime, ma première question est la
suivante. A l’instar des populations de notre pays particulièrement
les femmes ont une très grande admiration pour la première grande
Dame du pays que celle là que vous êtes et malgré que
vous ne fissiez quasiment rien pour elles. Comment expliquez vous cela ?.

KOMH –
Oui vous avez raison, à l’instar de ce que je ne pusse rien fisser
pour elles mais que je pense même qu’elles m’adorent et que
c’est une forme de reconnaissance logique par référence
à toutes mes qualités humaines hors du commun. Il faut qu’elles
m’adorent encore plus, j’ai besoin de cela pour mener à leur
terme tous mes projets à venir.

Plus vous en faites pour
améliorer leurs conditions d’existences et plus elles deviendront
demandeuses…. c’est pour cela que je ne fisse rien et que notre propagande
se charge du reste …

Observez qu’à
l’instar de ce que je fais couramment lorsque je les ai roulées
dans la farine à Obock, un discours avec des mots que je ne pense pas
mais qui les touchent : beaucoup de théâtre et ma cour m’embrasse
les pieds..

Vous savez combien je
puis être débordée par toutes mes activités.

REC –
Oui effectivement votre Altesse sérénissime avec tous vos déplacements,
à Paris notamment, cela vous fait beaucoup de travail…

KOHM –
Oui j’ai aménagé le petit appartement que nous avons acquis
avec Ismaël Omar. Une bagatelle, une petite folie d’empereuse en
plein centre de Paris.

REC –
D’empereuse ?.

KOHM –
Oui la femme de l’empereur ?.

REC –
Ah oui, j’avais pas compris, à l’instar de mes collègues
je n’ai pas votre culture. Votre Altesse sérénissime, on
dit que vous avez beaucoup de goût et des dons naturels pour la décoration
d’intérieur.

KOHM –
Oui c’est un don surnaturel chez moi, je me suis d’ailleurs rendu récemment
dans une université américaine pour m’y inscrire et faire des
études dans ce domaine mais ils m’ont demandé sur quelle
branche ?

Je leur ai répondu
pas sur un arbre mais sur un tabouret comme tout le monde.

J’ignorais qu’aux
USA ils étudiaient dans les arbres… j’en suis repartie car
j’ai eu peur qu’ils m’obligent à suivre les cours jûchée
sur un arbre.

Sur le plan de l’art,
j’ai de grandes compétences dans le rococo façon Louis XVI du
12ème siècle… avec une pointe de bousbir et beaucoup de
dorures en plaqué or.

REC –
Votre Altesse sérénissime, on dit que vous êtes aussi
attirée par le clinquant comme par les colliers de diamant.

KOHM –
Je pense qu’une femme de haute naissance comme moi doit tenir son rang.
Qu’est ce que quelques colliers de diamants à 100 millions de
FD comparativement aux milliards qui arrivent dans les caisses des finances
publiques et qui en repartent aussi vite ?.

Ce que je prélève
n’est que peu de choses et de toutes les façons c’est ma
part.

REC –
Oui mais vous êtes bien aidés par votre ami M…… qui se charge
des transferts vers La Réunion, l’Italie et la Suisse.

KOHM –
Oui, il représente nos amis avec qui nous partageons.

REC – Vous
partagez ?.

KOHM – Oui
des intérêts communs. Quant à l’argent j’ai un don, il
circule bien et de plus j’ai toute une famille à entretenir.

REC –
Oui effectivement vos enfants.

KOHM –
Non mes enfants sont placés, ils ont tous une bonne situation ce sont
de mes deux frères Djama et Elmis dont je parle.

Djama fait de bonnes affaires
comme gouverneur de la Banque centrale et Elmis a réussi à faire
la semaine dernière son premier avion en papier qu’il fait voler
dans son bureau de directeur de l’aviation civile.

REC –
Votre Altesse sérénissime doit être contente ?.

KOHM –
Oui je suis très contente de leurs progrès, le premier sait
bien tripatouiller les comptes de l’Etat et le FMI n’y voit rien
car ce n’est pas son rôle de contrôler l’incontrôlable ;
de plus on a une dette publique importante à entretenir.

Le second Elmis a un grand
avenir devant lui comme Ingénieur aéronautique. Il est passé
du stade de la cocote en papier à l’avion, c’est bien !.
Il a fait d’énormes progrès.

Nous sommes associés
tous les trois dans la grande compagnie mondialement connue DAALLO.

REC –
Vous voulez dire dans la Sarl DAALLO ?.

KOHM –
Compagnie mondiale ou Sarl, qu’elle est la différence ? Aucune
car c’est moi que je décide et nos amis ferment les yeux.

C’est pratique pour faire
du recyclage d’argent.

Remarquez que le jour
où il y aura un problème grave, nous ne saurions être
responsables.

Il y a des gens qui sont
payés pour cela, c’est leur rôle et pas le nôtre.

REC – Effectivement
Votre Altesse sérénissime, vous avez raison. Nous avons nos
propres lois. J’ai une autre question qui pourrait peut-être vous
déranger mais je la pose.

On dit que beaucoup d’enfants
provenant de Somalie et d’Ethiopie quittent Djibouti et n’y reviennent
jamais.

KOHM –
Oui je sais à quoi vous faites allusion et je suis heureuse que vous
posez cette question. Comme vous savez je suis la présidente du centre
de la « Mère et de l’enfant » dont j’ai fait
transformer des bâtiments pour installer ma boulangerie industrielle
qui fonctionne grâce à la générosité des
donateurs étrangers en farines.

Là sont regroupés
des enfants en bas âge qui fuient la Somalie en prenant librement l’avion
de DAALLO pour se réfugier dans notre pays d’accueil à
l’instar d’autres enfants qui sont perdus dans les rues de notre
capitale et que le Commandant Orbisso nous ramène.

REC –
Oui, il fait de la sociabilisation !.

KOHM –
Non il ne fait pas de la politique socialiste, il appartient au RPP.

REC –
Je veux dire qu’il applique une forme de collectivisation en prenant
les enfants en charge pour que vous leur appreniez à vivre ensemble.

KOHM –
Oui ! il les collecte dans les rues mais on ne leur apprend rien.

Notre responsabilité
est ensuite de demander des aides internationales auprès des organismes
comme l’UNICEF, la protection de l’enfance mais très vite
ces enfants demandent à partir en Europe et au Canada en colonies de
vacances…

REC –
En colonies de vacances !.

KOHM –
Oui, ils aiment voyager et on leur fournit une identité djiboutienne
comme s’ils étaient nés dans la capitale afin de faciliter
les démarches administratives internationales et celles du consulat
de France puis on les envoie par paquets de 20 ou de 30 vers l’Europe.

C’est une affaire qui
fonctionne bien depuis les années 90 entre la Somalie et Djibouti puis
vers Londres via Cherja dans les Emirats Arabes Unis et vers Abu-dhabi.
Afin que les enfants puissent voir du pays nous avons d’autres options Somalie
– Londres via Djibouti- Madrid.. ou via Djibouti-Rome.. ou via Djibouti-Dubai-Frankfort
ou via Djibouti-Paris-Amsterdam
Nous avons longtemps été aidés par mon cousin M. Hussein
Ismail Kareyeh de la PAF, qui est aussi le cousin d’Hassan Said, chef du SDS.

REC – Toute
votre famille contribue au bien être de ces enfants ?.

KOHM – Oui,
c’est une « affaire de famille » qui aide les enfants à passer
de longues vacances à l’étranger. Ils choisissent librement
et souvent de prolonger ces vacances voire de se fixer dans ces pays.

REC –
Vous savez dans quels camps de vacances ils vont ? et à quels endroits
précis ?.

KOHM –
Non ! chacun à son travail et le Colonel Abdillahi Abdi s’occupe
de cet aspect. D’ailleurs c’est lui aussi qui envoie les jeunes
filles en stage de formation dans des établissements en Europe et au
Canada.

REC –
Il y a donc tout à fois un côté vacances et formation
éducative pour les jeunes filles si j’ai bien compris ?

KOHM –
Oui j’y tiens beaucoup, nos actions ont cette double vocation.

REC –
Je pense que Votre Altesse sérénissime devrait postuler pour
un prix, tel que le Nobel ?.

KOHM –
Oui j’y pense mais chaque chose en son temps. Ces enfants doivent être
très heureux comme ceux qui les accueillent car on nous envoie beaucoup
d’argent pour qu’ils aillent passer des vacances ou en stage de formation
dans ces pays.

REC –
Oui effectivement mais comment cela se fait-il qu’ils ne reviennent jamais
dans leur pays d’origine ?.

KOHM –
Ils se plaisent où ils sont et cela leur fait de très longues
vacances dans des pays au climat plus favorable. Quant à la formation
des jeunes filles elle est très longue et nécessite donc un
long apprentissage. La formation est celle d’hôtesse.

REC –
Hôtesse de l’air ?.

KOHM –
On m’a dit hôtesse tout simplement.

REC –
Vraisemblablement une formation complète.

KOHM –
Oui, je sais que le Colonel Abdillahi Abdi suit de très près
cette formation. Il effectue de fréquents voyages au Canada à
l’instar de mes dames de compagnie qui encadrent les enfants lors de
leurs voyages vers les vacances. Il les aide de ses conseils éclairés.

REC –
Comme Mme Zaïra Aïdid ?.

KOHM –
Oui elle fait partie de ces dames de compagnie qui consacrent toute leur énergie
au profit de l’enfance. Elles me sont dévouées et c’est
pour cela que je les emmène souvent à Paris dans les grands
Palaces.

REC –
Oui, vous multipliez vos voyages ces derniers mois mais dans quel but ?.

KOHM –
Je fais de la formation sur place pour leur apprendre la différence
entre lavabo et cuvette de WC. Comment se tenir en société et
éviter de crâcher sur le sol. De même le soir nous faisons
du public relation.

REC –
Du public relation ?.

KOHM –
Oui c’est très important, nous faisons le tour des établissements
d’initiation qui sont ouverts la nuit pour mieux faire connaître Djibouti
et ses femmes aux autochtones parisiens. De plus il y a des spectacles et
des activités qui leur permettent d’élargir un peu plus
leur culture.

REC – Votre
Altesse sérénissime, merci pour toutes ces précisions
qui vont fortement vivement intéresser tous nos lecteurs. Je vais prendre
la liberté de poser à Votre Altesse sérénissime
une dernière question.

Comment voyez-vous l’avenir
de Djibouti.

KHOM –
Je suis très heureuse que vous me posiez cette question car, comme
vous le savez, sans moi Djibouti ne serait pas là où il en est
aujourd’hui.

Ma première considération
d’empereuse est que si on se tourne vers le passé on ne peut pas
voir l’avenir si on a pas des yeux derrière la tête.

Moi je vois tout, je sais
tout et je suis d’une aide précieuse pour Ismaël Omar qui
ne peut rien faire sans qu’il ne m’ait consulté.

Lorsqu’il voyage
à l’étranger et que je reste à Djibouti, je l’aide
et j’utilise son bureau.

C’est moi qui donne
des ordres au secrétaire général comme à Dileita
Mohamed Dileita et aux ministres.

Je suis consciente que
je suis indispensable à la vie du pays qui me doit tout.

Certains me reprochent
à tort d’avoir placé tous les membres de ma famille à
des postes clés. Si j’ai agi ainsi c’est que les membres
de ma famille ont toutes les qualités pour tenir ces postes et de toutes
les façons ils supervisent le travail et savent faire travailler les
autres ce qui est la première qualité de leurs compétences.

Secondement, le pays ne
peut pas se passer d’une empereuse telle que moi et c’est pour cela
que j’ai préparée la succession d’Ismaël Omar
qui est très fatigué et souhaiterait quitter le pouvoir.

REC – Votre
Altesse sérénissime veut dire qu’elle pourrait gouverner
demain le pays ?.

KOHM –
Pourquoi pas, je le gouverne déjà depuis plus d’un an et
personne ne voit la différence ?. Gouverner est un grand mot, il y
a des gens qui le font à notre place de l’étranger et qui nous
conseillent dans notre propagande.

Il nous reste plus qu’à
prononcer des discours qu’ils nous préparent, à nous faire
applaudir par nos serviteurs et le tour est joué.

Une visite de temps à
autre à l’étranger où on va chercher de l’argent
et au cours desquelles vous encensez les chefs d’Etats dans votre journal
….

REC – Votre
Altesse sérénissime risque d’avoir une forte opposition,
officiellement une femme empereuse de Djibouti et qui gouvernerait l’Etat
ce serait une première.

KHOM –
Ne vous en préoccupez pas, je trouverai bien un autre kabri pour mettre
à la place d’Ismaël Omar et continuer à gouverner.

Il y en a tellement ici
que je n’aurai que l’embarras du choix.

REC – Votre
Altesse sérénissime, je vous remercie d’avoir bien voulu
dans votre grande bonté nous accorder cet entretien qui laisse présager
de bons augures pour notre pays à l’instar de ce qui s’y
est toujours fait depuis que l’autre Altesse sérénissime
a été élu démocratiquement et par lui-même
aux plus hautes instances.