14/02/04 (B234) PORTRAIT D’UN HOMME POLITIQUE, JOURNALISTE DE LONGUE DATE, M. MAHDI IBRAHIM AHMED GOD.

 


Le Président

PORTRAIT
D’UN HOMME POLITIQUE
JOURNALISTE DE LONGUE DATE
M. MAHDI IBRAHIM AHMED GOD

LE
7 FEVRIER 2004

Note liminaire.

Ce portrait doit nous rappeler que les différentes méthodes
sournoises et injustes ont pour seul objectif de briser et de casser la carrière
des jeunes djiboutiens qui combattent dans le rang de l’Opposition, et qui
refusent de collaborer avec un régime foncièrement dictatorial.

C’est le cas de Mahdi,
jeune intellectuel qui a toujours œuvré pour la Paix dans notre
pays, qui a constamment participé au juste combat contre l’injustice
discriminatoire à l’encontre des populations des régions du
Nord et de l’Ouest de notre République, qui a courageusement dénoncé
les différentes exactions, les différentes humiliations, les
blocages des pièces d’identité qui marginalisent une partie
de nos concitoyens considérés comme des populations apatrides
dans leur propre pays.

Dans un pays comme le
nôtre, où déjà un grand nombre de nos concitoyens
s’exilent à l’étranger, il est difficile de supporter et de
vivre sous un régime où les abus de pouvoir ne sont plus sanctionnés,
où l’ouverture d’information judiciaire contre des juges  » apparemment
vénales  » est automatiquement bloquée, où la Justice
est sous la coupole d’une politique centralisée aux seuls intérêts
d’un chef suprême. Franchement la situation sociale est dramatique pour
un grand nombre du peuple djiboutien.

Mahdi en tant que membre
fondateur de la Ligue Djiboutienne des Droits Humains, a à chaque fois
démontré sa disponibilité tout en restant à l’écart
de notre Organisation des Défenseurs des Droits de l’Homme.

Mahdi est très
connu par les djiboutiens tout comme son père feu Ibrahim Ahmed God,
qui était très respecté avant et après l’indépendance
pour son sérieux dans son travail, pour son franc parler, et surtout
pour ses engagements et ses actions pour les droits de ceux que des hommes
politiques ont considéré comme des minorités, et par
d’autres comme des allogènes.

Feu Ibrahim Ahmed God
est décédé le 3 avril 1990 suite à un accident
de circulation, qui demeure pratiquement incompréhensible.

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HOMMAGE
ET ENCOURAGEMENT
A
MONSIEUR MAHDI IBRAHIM AHMED GOD
COMBATTANT DE LA LIBERTE
ET DES DROITS HUMAINS


Nom: Mahdi Ibrahim Ahmed God

Date de naissance: 21 août 1957 à Djibouti

Profession : Commissaire aux comptes

Situation matrimoniale : Marié père de 5 (cinq) enfants

Les
faits

Après ses études
universitaires à Rennes, Mahdi Ibrahim a travaillé à
la BCI-MR comme cadre. Il quitta son poste en mai 1991 pour se mettre à
son compte et ouvre avec son épouse un Cabinet d’Audit Comptable et
de Commissaire aux Comptes.
Déjà politisé, il se distingue dès le déclenchement
de la guerre civile à Djibouti et fonde le 2 janvier 1992 avec d’autres
jeunes intellectuels un mouvement politique dénommé Union des
Démocrates Djiboutiens (UDD) dont le programme porte sur l’arrêt
des hostilités et l’instauration d’une réelle démocratie.

Il fut pour la première
fois arrêté par la police en mars 1992 lorsqu’il publia à
titre de contribution patriotique à l’instauration de la paix et de
la démocratie, un document de réflexion sur ce qui allait devenir
la Constitution du pays en septembre de la même année.

Chargé des relations
extérieures et du journal  » Horizons « , c’est à la
suite de la Conférence de l’Opposition politique et armée, tenue
sous l’égide du FRUD, qui créa le Front Uni de l’Opposition
Djiboutienne (FUOD) à Paris en juin 1992, que quelques mois plus tard
Mahdi Ibrahim Ahmed fut choisi au poste de Porte-parole, chargé des
relations extérieures et Responsable du journal de l’Opposition unifiée
 » AL-Wahda « .
Secondant et proche collaborateur du feu Président Mohamed Ahmed Issa
dit Cheiko ce jeune homme politique se distinguait par son sérieux
et son travail surtout en cette période charnière où
la guerre sévissait dans le pays. Il dénonçait par ses
écrits réguliers les pratiques du régime et les méfaits
de la guerre tant sur la population civile que sur l’état et les finances
du pays.

Ses premiers ennuis avec
le régime qui avaient commencé dès janvier 1992, où
il connut de multiples arrestations, interrogatoires, détentions arbitraires
et autres pressions et répressions, s’étaient davantage accentués.

En décembre 1992,
suite à l’appel au boycott des élections législatives
lancé par le FUOD en raison de la guerre et de l’organisation de ce
scrutin le jour anniversaire du massacre de la population civile de la cité
d’Arhiba le 18 décembre 1991 que Mahdi Ibrahim Ahmed fut arrêté
et détenu arbitrairement pendant 3 jours.

Relâché,
le régime prend d’assaut son domicile vers 5 h 30 du matin, au lendemain
des consultations électorales prétextant que Mahdi Ibrahim Ahmed
détiendrait un stock d’armes. Un représentant de l’Ambassade
de France dépêché sur les lieux pour la protection de
son épouse française et de ses enfants comme ses avocats étaient
choqués par l’important dispositif militaire déployé
pour une perquisition arbitraire qui se soldait par un non-lieu.

Quelques mois plus tard,
outre les pratiques illégales utilisées à son encontre
et à sa famille, Mahdi Ibrahim Ahmed est cette fois-ci victime d’un
accident simulé avec deux véhicules de la garde présidentielle
à la veille d’une importante manifestation pacifique commémorant
le deuxième anniversaire de la tuerie d’Arhiba dont la journée
avait été décrétée par le FUOD Journée
Nationale des martyrs de la dictature. Cet attentat lui a heureusement causé
des dégâts matériels importants sur sa voiture. Sa plainte
avait été refusée par la justice.

En plus des coupures illégales
d’électricité, d’eau, de téléphone, le régime
s’attaquait désormais à son activité professionnelle.
Des redressements fiscaux d’origine strictement politique commencent alors
à saboter son travail. Entraves administratives qui culminent avec
la saisie, par le Trésor national, d’un véhicule neuf d’une
valeur de plus de 2,4 millions FD, appartenant à son épouse.

Les interpellations et
les détentions préventives à son encontre se suivent,
tandis que ses clients commencent à être menacés par le
biais des services fiscaux de l’administration, qui leur déconseillent,
plus fiscalement qu’amicalement, de confier leurs comptes au Cabinet Comptable
privé qu’il gère avec sa femme.

La tenue de la seconde
Conférence du FUOD à Addis-Abeba en janvier 1994 et les résolutions
signées avec le FRUD ont été encore une fois une raison
pour la dictature qui arrêta et emprisonna M. Mahdi Ibrahim A. God,
le Président du FUOD Mohamed Ahmed Issa dit CHEIKO ainsi que deux autres
membres du Comité de Direction pour  » complot contre le régime
« .

Libéré trois
mois et demi plus tard, il devait sacrifier une autre affaire familiale qu’il
gérait pour la succession de son père, du fait d’un nouveau
redressement fiscal impossible d’honorer.

Le régime, de la
manière la plus illégale, allait par la suite user de tous les
moyens illégaux pour non seulement terroriser la famille de l’opposant
mais aussi procéder à son arrestation à répétition
et à son emprisonnement à Gabode, pour diverses raisons relevant
essentiellement de ses activités politiques dans le pays et de son
engagement aux côtés des forces démocratiques. En effet,
en juin 1996, le pouvoir en place ayant connu une scission en son sein, Mahdi
Ibrahim Ahmed a encore subi l’acharnement du système qui, de la manière
la plus illégale et sans mandat de perquisition, a violé son
domicile et son bureau et procédé à la saisie de son
matériel informatique et de ses archives. La raison qui a présidé
à ce coup de force de la Force Nationale de Police, sur instructions
directes de la Présidence de la République, n’était autre
que la signature d’une charte avec la partie du parti unique RPP-GDR qui venait
de grossir le rang de l’opposition.

Quelques jours de détention
arbitraire suivirent. Chose qui ne décourageait pas cet homme épris
de liberté et de justice.

Mahdi Ibrahim Ahmed recourt
à un prêt bancaire pour remplacer ce premier lot de matériel.
Seulement, la police politique débarquait chez lui dans l’après-midi
du 20 octobre 1997 pour saisir tout son nouveau parc informatique et l’ensemble
des archives et documents de son Cabinet d’expertise comptable. Action qui
mit fin à l’activité professionnelle de M. et Mme Mahdi Ibrahim
A. God, ne pouvant plus travailler sans leur matériel financé
en partie par des emprunts auprès des banques de la place, assortis
de la caution hypothécaire du domicile de la succession de son père.

Le décès
brutal de son Président Mohamed Ahmed Issa dit Cheiko le 26 novembre
1997, le met à la tête de la coordination de l’opposition djiboutienne.
Dénonçant l’absence de paix dans le pays malgré la signature
avec une partie dissidente du FRUD, le boycott des élections législatives
de 1997 et l’intransigeance politique du FUOD face au vernis démocratique
du régime entraîna l’arrestation et l’incarcération dans
la sinistre prison de Gabode de Mahdi Ibrahim Ahmed pour délit d’opinion.
Un tel acharnement permanent sur ce jeune homme politique, est aussi sa nouvelle
arrestation en 1998 et un autre séjour pour le même délit.

A trois mois de l’élection
présidentielle d’avril 1999, Mahdi Ibrahim Ahmed déjà
économiquement exsangues avec les multiples entraves de son travail
retourne en prison au motif d’un énième redressement fiscal,
alors qu’il avait déjà été mis manu militari en
présence des plus hauts responsables de la police politique. Il demeura
inflexible face à toutes leurs menaces qui se fondaient sur une vision
tribale des enjeux politiques de l’avenir djiboutien : ne combats pas avec
telle communauté ! Rien n’y fit : lorsqu’un démocrate convaincu
a choisi son camp, les vieilles méthodes tribalistes héritées
de la période coloniale ne peuvent nullement entamer sa détermination.
Face à cet échec des techniques classiques, le régime
a décidé depuis 2000, d’opportunément lancer les créanciers
à sa poursuite, pour définitivement détruire son caractère
et sa réputation. Le Cabinet chassé de ses clients n’est plus
en mesure de rembourser les prêts et la banque dont une partie du capital
social appartient à l’Etat vend le domicile de son père.

Car, le régime
espère dans cette affaire que chacun aura oublié l’essentiel
: avant son acharnement, le Cabinet Barron-God d’expertise comptable, par
son sérieux et sa confidentialité, enregistrait un des chiffres
d’affaires les plus importants de son secteur sur la place djiboutienne, comme
elle a toujours honoré ses dettes financières. Malgré
cela, M. Mahdi a été condamné sans avoir été
convoqué et à la demande du Ministre des Finances (l’actuel)
à 18 mois de prison ferme, après que le Procureur ait délivré
un réquisitoire d’incarcération. Contre toute logique juridique,
il a néanmoins été libéré au bout de deux
semaines, sans qu’aucun justificatif ne lui ait été délivré.
S’il y en a encore qui n’ont pas compris qu’il s’agit d’une affaire strictement
politique, c’est à désespérer des facultés humaines
de discernement !

En avril 1999, bien évidemment,
Mahdi Ibrahim Ahmed est dans l’Etat-Major du candidat de l’opposition M. Moussa
Ahmed Idriss, spolié de sa victoire. A la sortie des élections,
il anima le journal de l’opposition réunie au sein de l’ODU, en tant
que Rédacteur en Chef du  » Le Temps « .

En mai de la même
année il est membre fondateur de notre Association la LDDH, mais a
choisi de continuer son combat politique pour la paix et la démocratie
dans le pays.
Cette paix interviendra le 7 février 2000, avec la signature à
Paris de l’Accord-Cadre de paix et de concorde civile entre le Frud-Armé
et le Gouvernement.

M. Mahdi Ibrahim Ahmed
a toujours été d’une constance absolue dans ses activités
politiques en faveur de la paix et de la justice à Djibouti. Il a comme
nous le connaissons contribué énormément à la
prise de conscience de la population sur la situation dramatique du pays,
tenu par une poignée d’hommes avides et foncièrement dictatoriaux.

C’est naturellement allié
politique du Frud-Armé que Mahdi Ibrahim Ahmed, troisième Président
du FUOD et tout son Comité Exécutif rejoindront l’Alliance Républicaine
pour le Développement. Membre du Comité Exécutif de son
parti, il est aussi dans l’Etat-Major de l’Union pour l’Alternance Démocratique
qui réunie toute l’opposition.

Il fut d’ailleurs candidat
aux élections législatives de Janvier 2003, dans la liste de
l’Opposition de l’Union pour l’Alternance Démocratique (UAD ).

Toujours animé
par cette volonté d’écrire la vérité sur la politique
du régime, il est aussi le Co-Directeur du journal de son parti  »
Réalité « .

Dire que la répression
politique de ce régime explique pour une large part la fuite des compétences
nationales est une douce litote. Mais, malheureusement pour ces forces occultes,
M. Mahdi n’a jamais été du genre à se laisser intimider
par les menaces et à quitter son pays. C’est pourquoi il comparait
encore en 2004 au motif qu’il devrait de l’argent à une banque de la
place, alors qu’au fond il s’agit d’une affaire éminemment politique.

En
résumé.

Monsieur
Mahdi Ibrahim Ahmed God a subi toutes sortes de répressions, de menaces,
d’humiliations et de procès iniques.

Le cas de M. Mahdi Ibrahim
A. God fait partie des plus flagrants et s’est étalé sans discontinuer
de 1992 à ce jour, soient douze (12 ) ans de supplices, que les régimes
aux méthodes dictatoriales utilisent fréquemment à l’encontre
des opposants et contre les forces vives qui revendiquent la liberté
dans la Paix , l’égalité et la Justice sociales.

Par
conséquent :

la Ligue Djiboutienne
des Droits Humains (LDDH) lance un Appel à l’opinion nationale et internationale,
ainsi qu’aux Organisations Internationales des Droits de l’Homme, et à
Reporter Sans Frontière pour dénoncer ce genre de pratique,
contraire aux respects de la dignité humaine ;

la Ligue Djiboutienne
des Droits Humains ( LDDH ) exige du Gouvernement Djiboutien et principalement
du Chef de l’Etat de procéder à l’indemnisation et à
la restitution sans conditions de tous ses matériels et biens personnels,
tout en mettant fin à toutes les pressions infligées à
M. MAHDI IBRAHIM AHMED GOD, qui est un véritable responsable épris
de Justice, de Démocratie et réellement convaincu de la nécessité
urgente à l’instauration d’une véritable volonté politique
pour l’Unité et l’Egalité nationales dans notre pays. Son combat
constant et continu le prouve.

Par
des motifs de moralité

Hommage et Encouragement
au vaillant Mahdi Ibrahim Ahmed God.

Votre courage et votre
ténacité serviront d’exemple à toutes les forces vives
et à la jeunesse de la République de Djibouti.

Même si la lutte
est longue, la victoire pour la Paix dans la Justice Sociale est inéluctable,
et l’ère du refus de l’impunité s’ouvre avec beaucoup d’espoir.


NOEL ABDI Jean-Paul