26/03/04 (B239) En dépit des effets d’annonce de l’ADI, le Président Allemand n’a pas fait escale à Djibouti. D’après un article paru dans Le Monde, il aurait annulé sa visite de quelques heures en raison de risques d’attentat. (Info lecteur)

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Extrait du Monde

L’Allemagne discute
du renforcement de son système antiterroriste

LE MONDE | 24.03.04
Berlin de notre correspondant

Le président allemand,
Johannes Rau, a annulé une visite prévue, mercredi 24 mars,
à Djibouti, sur la foi d’informations fournies par les services de
sécurité allemands sur un complot visant à l’assassiner,
ont annoncé, mardi, les services de la présidence. Selon un
communiqué, les services de sécurité ont eu vent de l’existence
d’un complot fomenté par un groupe islamiste à l’encontre de
M. Rau, qui devait inspecter des militaires allemands stationnés à
Djibouti. L’annulation de sa visite traduit la vigilance accrue des services
de renseignement après les attentats qui ont frappé Madrid le
11 mars.

Ces attentats ont relancé,
en Allemagne, le débat sur les structures de renseignement et de répression
du terrorisme. Pays fédéral, l’Allemagne dispose d’organismes
de police décentralisés dépendant de chaque Land, qu’il
s’agisse de police judiciaire, de sécurité publique ou de maintien
de l’ordre et d’intervention, notamment par les unités antiterroristes.

Mais le pays aligne également
des services fédéraux pour des tâches spécifiques
telles que le contrôle des frontières (Office de protection des
frontières), la répression des menées anticonstitutionnelles
et radicales (Office de protection de la Constitution) ou la répression
de la grande criminalité (Office fédéral de police criminelle).
Ce sont sur ces organismes fédéraux, dont les bureaux locaux
dépendent partiellement de l’autorité de chaque Land, que repose
l’essentiel de la lutte antiterroriste.

Lorsque, en janvier 2003,
le pilote – déséquilibré – d’un avion monoplace avait,
plusieurs heures durant, survolé Francfort en menaçant de s’écraser
contre l’une des tours de la ville, il avait fallu d’intenses tractations,
au plus haut niveau, pour décider qui gérerait l’incident.

L’effroi soulevé
par les atten- tats de Madrid a suscité diverses propositions exceptionnelles
dans l’univers constitutionnel allemand. Chrétien-social (CSU) proche
d’Edmund Stoiber, Günther Beckstein, ministre de l’intérieur du
Land de Bavière, a été l’un des plus rapides à
réagir en proposant de recourir à l’armée. « Dans
certaines situations dangereuses, l’armée a de meilleures possibilités
que la police », a assuré le ministre, dans un entretien à
la Berliner Zeitung en évoquant les menaces nucléaires, biologiques
et chimiques auxquelles sont seules préparées des unités
spécialisées de la Bundeswehr. Selon M. Beckstein, l’armée
pourrait, comme en France, être chargée de la protection de certaines
installations civiles, ce qui permettrait à la police de se concentrer
sur des tâches de recherche et de prévention.

LOI SUR L’IMMIGRATION

D’autres propositions,
émanant de l’opposition comme de la majorité gouvernementale,
recommandent de centraliser l’Office de protection de la Constitution en supprimant
la tutelle qu’y exercent les Lãnder sur des échelons locaux.

Une récente polémique,
à Hambourg, a illustré les dysfonctionnements du système,
lorsque le ministre local de l’intérieur, Dirk Nockemann, contre l’avis
de son collègue du gouvernement central, Otto Schily, a bouclé
durant plusieurs jours un quartier de la ville où, selon ses informations,
un commando islamiste s’apprêtait à commettre un attentat.

Les derniers événements
devraient accélérer une série de mesures discutées
depuis longtemps mais qui soulevaient, jusqu’ici, de fortes réticences.
Sont notamment concernés la collecte et l’échange de fichiers
informatisés qui seraient rendus plus accessibles aux diverses instances
policières ou administratives. Otto Schily plaide pour l’établissement
de papiers d’identité comportant des données biométriques
autres que la taille et la couleur des yeux, selon lui in- suffisamment discriminantes.

Enfin, il est question
de faciliter l’interdiction d’entrée ou l’expulsion de tout étranger
soupçonné de menées extrémistes et considérés
comme dangereux. Leur liste, dressée après le 11 septembre 2001,
comporterait un millier de noms, militants islamistes de diverses obédiences,
et notamment du Hamas palestinien.

Georges
Marion