04/06/04 (B250) Quelle honte ? (Lecteur)

Le celebre tri-hebdomadaire
« La Nation » vient de publier dans son édition du 3 juin 2004
le portrait  » d’un poète talentueux méconnu ».

Il s’agit d’ABDI MOUSSA
dit Mayer, un pur produit du quartier Carton (q7bis) rue 16, victime du tribalisme
et de la dictature du système qu’IOG a mis en place depuis le 28 juin
1977 soit 24h après la proclamation de l’independance.

Mayer fait partie des
Mozar assassinés dans cette République bannanière. Le
souvenir que je garde de cet artiste hors pair, c’est son entière disponibilité
au service de la lutte pour notre indépendance, confisquée ensuite
par une bande venue de l’autre coté de l’Abyssinie.

Il chantait pour les enfants,
que nous étions, devant la fontaine publique située entre les
rues 16 et 17.

En lisant ce portrait,
j’ai encore les larmes aux yeux car me trouvant loin de mon pays et du quartier
Carton, j’assiste au calvaire d’un enfant du pays, victime de l’hypocrisie
d’un régime sans scrupule.

A lire ce portrait, vous
aurez la nausée.
Je
demande aux responsables de ce site de le publier dans son integralité.
ABDI MOUSSA dit Mayer jouait aux billes avec notre puissant Ministre des Finances,
Yacin Elmi Bouh. Il etait son ami d’enfance et pourtant ce dernier ne se souvient
même pas de lui.

Comme Ali Coubba l’a écrit
dans son livre une « NATION EN OTAGE »  » être ISSA est
une référence à Djibouti. Donc comme le pauvre poéte
n’est pas ISSA, il a interêt à vivre dans l’exclusion.

Alors que d’autres artistes-
arrivistes comme Caws et Hassan Bileh Danbil dit Hassan Wado sont les petits
chouchoux gâtés du regime . Simplement, parce qu’ils sont de
souche ISSA

A Djibouti, il faut maintenant
une véritable démocratie pour que l’ensemble des Djiboutiens
puissent vivre dignement dans leur propre pays. Rien ne sert de chasser le
naturel, car il revient au galop.

A bon entendeur, salut
…. !

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Extrait de La Nation publié à la demande de notre lecteur.

Un poète
talentueux méconnu

Dans ce deuxième
numéro de  » Refrains  » nous dresserons le portrait, tout
en rappelant son œuvre, d’un illustre poète djiboutien et nom
de moindres nommé Abdi Moussa dit  » Mayer « . Mayer, est le
premier parolier des  » Fleurs de Kartileh  » (Oubaxi Kartileh) et
de la troupe artistique 4 Mars et a été parmi ceux qui ont lutté
pour notre indépendance sans ménager ses efforts. Il a usé
pour cela de ses armes, la poésie, qui constitue sans nul doute les
armes les plus nobles. Presque toutes ses chansons sont imprégnées
de ces mots de lutte. Et pourtant il demeure méconnu du grand public.
Il mérite donc ce numéro de  » Refrains « . Voyez vous
même… Rappelez-vous.

Roobkoow Shaxla u curo
! ô pluie ! tombe en grêle ! shicibyocu shagada wada ! peuple,
continuez à œuvrer. Ha shaanshoobin calan yahow notre drapeau
! ne sois jamais souillé sharaf iyo cisi lahoow à toi, honneur
et gloire ! ou encore saraa kaca sinmo saraka ca /an salaano calankeene /
saran serki hore iyo / silic manta waan ka baxno / coweynu sidanaa ye …etc.

Effectivement, ces
chansons sont de  » Mayer « . Elles étaient interprétées
par les  » Fleurs de Kartileh « . Toute une jeunesse qui a marqué
la lutte pour l’indépendance avec sa fougue, ses mots, sa sueur et
ses revendications. Toute une époque… Toute une jeunesse…
c’était…

A l’heure actuelle,
il en reste peu ou pratiquement plus personne. Leur guitariste Mahdi surnommé
 » Dayax Kuul  » est décédé en Ethiopie. Leur
batteur  » Are Ciid  » est mort à Djibouti après avoir
perdu la raison. L’une des chanteuses, Safia Cabdillahi est également
morte. Les 2 stars les plus célèbres Faduma LPAI et Kaluun  »
Bacado  » se sont exilées en Grande Bretagne. Qui en reste…
Caasha Bisleh et peut-être Dahir Djama. Il s’agit effectivement d’une
époque révolue à tout jamais.

Abdi Moussa dit  »
Mayer  » est né en 1959 à Nagadh, dans les environs de Djibouti-ville.
A l’âge de 12 ans en 1951, il intégrera très tôt
le mouvement militant pour l’indépendance. Il faut rappeler ici que
déjà très jeune, il était un fervent joueur des
danses et jeux traditionnels et était très connu dans le milieu
de ce temps.

A l’âge de 16
ans, il écrira ses premiers poèmes (Gabay). Comme poètes
somaliens, il adorait écouter les poèmes de Cabdillahi Sudaan
 » Timacada  » et Cabdillahi  » dhoodan  » il a écrit
aussi les chansons citées plus haut, en 1977 sa première pièce
de théâtre et en 1978 elle sera jouée par la troupe  »
ubaxii kartileh « .

Cette pièce
était intitulée  » Gumaysi guurye maxaa inala gudboon  »
littéralement traduit  » le colon est parti, quel est notre devoir
« . Parmi les artistes, il y avait Fadumo LPAI, Guelle Farax, Maxamad
 » Sahaala « , Mahdi  » Dayax-Kuul « , Adan Gaab, Amina et
bien d’autres. La pièce étant donc jouée juste après
l’indépendance.

Elle incitait la population
djiboutienne libre à s’acquitter de son devoir de citoyens. Parmi les
célèbres chansons contenues dans cette pièce, il y avait
celle-ci interprétée par Fadumo LPAI et Guelle, Farax, chantant
la liberté retrouvée :  » Caradeeni cawleed, cadibneed guyaal
badan / wakani cagaar kiyo / ceerigu dhex jooge / An caweyne caawee caajis,
maad ka leedahay etc… Citons également un autre belle chanson
d’amour interprétée par Mahdi  » Dayax Kuul  » qui disait
 » Kolkay hadasho geeduhu / Hibo way u yeedhaan/ hadhaca iyo caleentu
/ hadhka wey qotobi yaan/ Hibo way u yedhaan / Hibo waan jecladay / Hoygooda
inaan maro/ habka lama huraan kiyo / Isla gaadhno hadalada etc..

Il y avait aussi cette
chanson interprétée par Adan Gaab et Amina. Elle sera reprise
par Maxamad Sahaala et a été la seule à être diffusée
sur la télévision de Djibouti. Ces derniers années. Il
s’agit de  » Fad jaceyl inuu yahay / Faras looga daadago/ fooziyaay !
etc…

 » Mayer  »
composera sa seconde pièce la même année en 1978. Cette
pièce qui avait pour titre  » qabatada jacaylka  » sera présentée
par une troupe qui existera quelques moments nommée  » waaya Arag,
xidigta caas  » dont faisait parhe Dharar Boux, Guelle Farax, Samatar,
Fadumo LPAI, Kaltuun  » Bacado « , Sahra Amin, Siraad Cusman. Cette
pièce sera jouée devant l’ancienne siège de parti  »
LPAI  » à Kartile. Cette pièce avait pour thème central
une intrigue d’amour. Parmi les chansons contenues dans cette pièce,
on citera celle-ci interprétée par Mahdi (Dayax Kuul) et Sirad
Osman :  » qabatada jaceylka / qalbiga ii dhex taalo/ ma qumani nikeey
qani/ qise lama arkaan iyo / qudura ii haleesho/ qaayiba isa seegne/ etc…)

 » Mayer  »
a écrit sa troisième pièce en 1983. Cette pièce
est restée inédite et ne sera jamais interprétée
car elle sera refusée par l’ancien directeur du Palais du Peuple et
de la Troupe 4 Mars. Cette pièce avait pour titre  » wali jaceyl
« . Elle était composée d’une partie somalie et d’une partie
afar. Cette dernière partie a été écrite par un
poète afar nommé Ibrahim.  » Mayer  » a écrit
également d’autres chansons d’amour. Les plus célèbres
sont  » cashaqa ayaa dhaalay/ ayaa chigay aduunyada/ maba kala dhaqaaqe/
ma dhashii ibleys baa etc…

Elle était interprétée
par un artiste nommé Mahamad Houssein (Shimbir).

La deuxième
chanson que le public djiboutien connaisse est  » Shar ka jaba, kheyr
u jaba / sheeydanna ka jaba / cashaqana waa u jaba etc..

 » Mayer  »
a écrit également une chanson patriotique en 1982. Il participera
au premier, forum culturel organisé en 1982 avec cette chanson interprétée
par la troupe artistique 4 Mars.

Cette chanson était,
souvenez-vous :  » Hibo qabo jabbuutay / Inaad Haybad leedahay / Hodan
tahay aduunyada / Goob Lama huraanex/ Hara mabadi taalaay / Hilimada dalxiiskaay/
hamash iyo barwaagooy/ etc…

En dernier lieu Mayer
a composé une autre chanson patriotique que tout le monde connaît
et qui incite les djiboutiens à œuvre pour le développement
de leur pays. Il s’agit de  » Koorsiinta dawladeena / haddaan la isla
kaashan / la kordhinnin dhaqaalala.

Il aimerait composer
d’autres pièces et d’autres chansons.  » Je continuerai toujours
à chanter mon pays  » nous a-t-il dit lors de notre rencontre.
Mais en attendant il surveille bénévolement une calabresse servant
de dépôts d’ordure placée entre Karlileh et Q.7 bis et
il veille à ce que les déchets soient bien versés dans
la calabresse.

Houssein
Abdillahi Dabaleh