09/08/04 (B259) La Santé à Djibouti ? Une affaire devenue uniquement commerciale ! Je lance un appel à la communauté internationale pour qu’elle intervienne d’urgence et qu’on cesse de faire payer les consultations à l’hôpital et d’y revendre les médicaments donnés par les organisations humanitaires. (Lecteur)

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Note de l’ARDHD
Nous publions ‘texto’ cette contribution d’un lecteur. Nous tenons à
rappeler que l’ARDHD n’adhère pas automatiquement aux positions de
ses lecteurs. En ce cas précis, l’équipe de l’ARDHD se refuse
à faire un amalgame et à jeter l’anathème contre le corps
médical. En effet celui-ci, dans sa grande majorité, accomplit
son devoir avec toute la conscience professionnelle souhaitable. Nombreux,
parmi nous, sont ceux qui ont eu affaire à la médecine, pour
surmonter victorieusement la maladie.

Il est possible que certains
cas isolés (qui devront être vérifiés), comme ceux
qui ont provoqué la réaction de notre lecteur, soient proprement
scandaleux et qu’ils méritent d’être dénoncés,
simplement parce qu’ils portent atteinte à l’image du corps médical
tout entier.
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Au point de vue de la
Santé à Djibouti.

J’ai envie de condamner
tous les médecins de l’Hôpital Paul Ford situé Boulevard
de Gaulle en face de l’Hôpital militaire Français Bouffard.

J’y ai été
témoin « d’un crime contre la Santé : j’ai constaté
de mes propres yeux, ce qui se passe au sein de cet Hôpital.

Les médecins qui
exercent dans cet Hôpital du centre de Djibouti-Ville (le seul hôpital
pulmonaire du pays) sont dénués, semble-t-il, dans certains
cas, de scrupule. Leur objectif pourrait parfois être d’encaisser une
somme de 3000 FD mais pas de soigner le malade et d’alléger ses souffrances,
en visite à l’hôpital.

Ces 3000 FD, ce sont
les honoraires d’une visite privée ou de l’accès au traitement.
Pour moi et je donne un avis qui n’engage que moi, ces médecins ne
sont pas des descendants d’Hippocrate mais dans certaines circonstances, ils
se comportent comme des commerçants, plus soucieux de vendre leur soupe
que de guérir leurs Clients.

Leur comportement médical
est parfois indigne. Oubliant l’humanité, la pitié, ces médecins
ne considèrent leurs patients que comme des clients. Une fois les 3.000
FD payés, ils s’occuperont enfin de lui, à minima, bien souvent.

La preuve : elle est simple
! Ces ‘bons’ médecins qui traitent les malades de l’hôpital ‘par-dessus’
la jambe ont ouvert des cliniques privées. Là, ils travaillent
pour leur compte et (oh, miracle !) ils se soucient un peu plus des patients
et ils leur accordent un peu de l’attention, du temps et de la compassion
attendus.

Mais à l’hôpital,
voilà comme se passe la visite : le malade arrive de bonne heure, le
matin, pour la consultation. On lui remet un numéro entre 0 et l’infini.
Chaque médecin veut gagner un maximum et surtout se faire, à
bon compte, une nouvelle clientèle. Il veille à avoir son quota
de patients pour la matinée.

Lorsque son tour est arrivé,
le patient pénètre dans la salle pour être examiné
par le médecin. Il lui signale ses maux : je tousse, j’ai de la
fièvre, je respire mal,
Docteur.

Le Docteur abrège
rapidement. Il n’ausculte pas et il se limite à donner un nouveau rendez-vous
au patient, en prenant bien soin de lui donner l’adresse de sa clinique privée.

« J’aimerais bien
vous examiner dans l’après-midi, mais j’ai trop de malades et je ne
peux pas tout faire »
. Bien que très choqué par ce comportement,
le malheureux n’a d’autre choix que d’accepter la proposition et surtout le
montant fixé par la secrétaire qui rappelle d’un air sévère
qu’il doit absolument se munir de 3000 FD pour la visite « n’oubliez
surtout pas! »
.

Mais le patient n’a pas
toujours les moyens de réunir cette somme. Il commencera à frapper
à toutes les portes, pour expliquer son cas aux amis, aux relations
et/ou aux voisins. Avec la crise que nous vivons actuellement et l’appauvrissement
généralisé de la Population, la dramatique chute de notre
pouvoir d’achat, chacun ne pourra pas lui donner plus qu’il ne possède
!

Combien de temps, mettra
notre malheureux à réunir la somme ?

Quand le malade qui a
finalement réussit à réunir les 3.000 FD exigés,
il se présente à la Clinique. Le Docteur lui demande alors d’expliquer
les raisons de son retard : il lui explique qu’il a pris un très gros
risque pour sa santé et même parfois pour sa vie … Que peux
répondre le patient ? « Docteur, mais il a fallu du temps pour
réunir la somme que vous me demandiez, parce que je ne la possédais
pas ! »

Avant d’intervenir, le
médecin lui demande de payer ne serait-ce au pour vérifier qu’il
a bien apporté les 3.000 FD. Le paiement effectué, le médecin
l’examine enfin et il lui remet une ordonnance pour pratiquer des radios ou
des examens complémentaires (salive, sang, etc..), dès le lendemain.

C’est pour cela que j’ose
employer le terme qui peut paraître exagéré de criminalité.
En agissant ainsi, ces médecins mettent des barrières à
la Santé. N’oublions pas qu’ils ont tous le statut de fonctionnaire
de cadre A. Rien que pour leur présence à l’hôpital (quelques
heures par jour), ils perçoivent un salaire mensuelle de 400.000 FD,
sans compter les indemnités diverses : un logement de fonction estimé
entre 80.000 et 100.000 FD. En échange, il devrait assurer les consultations
et les soins à l’hôpital ! Mais non, cela ne leurs suffit pas
et ils travaillent en réalité dans les cliniques privées.

Que pensez vous des pratiques
de ces médecins de l’Hôpital Paul Ford ?

L’hôpital est subventionné
par l’Union Européenne et par les USA. Ils sont payés pour effectuer
des actes médicaux, qu’ils ne pratiquent effectivement pas. Bien au
contraire, ils utilisent leur poste pour se constituer une clientèle
privée, souvent au détriment de la Santé des malheureux
qui sont venus les consulter en toute confiance.

Et que dire des médicaments
qui sont donnés par l’OMS, pour assurer les traitements gratuits au
sein de l’hôpital ? Sachez, braves gens, qu’il vaut mieux avoir les
moyens de se les acheter, car les infirmiers ne vous les donneront pas ! « Où
tu peux payer, où tu peux crever ! « .
Ce pourrait être
la devise de certains personnels hospitaliers.

Un bref rappel :

Cet hôpital avait
été créé à l’époque coloniale pour
soigner les pauvres. A l’époque, on y distribuait gratuitement le lait
vitaminé. Aujourd’hui, bien que l’approvisionnement soit assuré
par des dons internationaux, le lait vitaminé est payant.

Djibouti est devenu un
énorme chaos. Je lance un appel au monde entier et particulièrement
aux Organisations Internationales de Santé, pour qu’elles interviennent
de toute urgence. Il faut prendre les mesures nécessaires, pour que
l’aide parvienne aux destinataires finaux, aux pauvres qui en ont réellement
besoin et qui n’ont pas les moyens de se faire soigner de façon privée.

Dans notre pays, comme
partout, il y a des gens pauvres et malades. Les laisserons nous mourir dans
ce petit coin de l’Afrique de l’est ? Pour l’amour du ciel, faites quelque
chose pour sauver ces peuples vulnérables à toutes les maladies,
du fait d’une hygiène et d’une alimentation déplorables.

Les larmes me viennent
aux yeux en écrivant ce texte et je n’arrive pas à me retenir.

A Djibouti, rien que la
tuberculose fait des ravages. Et pourtant sur place, il y a tous les matériels
nécessaires. Ils sont à l’Hôpital Paul Ford : laboratoire
d’analyse, radiographie, lits d’hospitalisation. En dépit cela, pas
moyen d’y accomplir des traitements efficaces. La Santé est devenue
une affaire commerciale privée.

Le Ministre de la Santé,
le Docteur Kamil, ferme les yeux sur ses pratiques répréhensibles
(à mon avis). Il a bien trop peur de perdre son maroquin.

C’est à lui que
je m’adresse, maintenant. Juste un mot à vous dire :  » Un jour,
mettez-vous à la place d’une personne malade qui cherche un comprimé.
Le comprimé est derrière l’infirmier (ou le médecin),
juste dans le tiroir du haut et il le sait. Ce comprimé lui a été
donné gratuitement pour sauver des vies humaines et en particulier
la vôtre. Et pourtant le médecin (ou l’infirmier) refuse de vous
le donner. Il exige un paiement que vous n’avez pas …. » Vous comprendrez,
Monsieur le Ministre, ce que l’on peut ressentir à cet instant.

Mais cela ne vous touchera
certainement pas, car je ne suis pas certain que vous ayez le moindre sens
moral. Vous qui ne pensez qu’a votre poste de Ministre ! Peut-être un
jour, serez-vous confronté aux dures réalités que subissent
les citoyens asservis et appauvris. N’oubliez quand même que le tout
Puissant Miséricordieux vous observe, vous Docteur Kamil et vos médecins
et il vous jugera, comme il jugera la dictature de Guelleh et tous les sbires
qui ont participé à la prévarication généralisée.