15/08/04 (B259) LDDH : de jeunes obocquois expriment les difficultés qu’ils rencontrent actuellement, dans une ville enclavée et martyrisée.

DIFFUSION
D’INFORMATION
DU 3 AOUT 2004


It will be, it’ll be soo nice – si la vérité éclate
It will be, it’ll be soo nice – si la vérité prédomine

OBOCK la première
capitale du pays ;
OBOCK Région aux côtes maritimes les plus étendues ;
OBOCK capitale d’une Région actuellement enclavée pour des motifs
politiques, n’est-ce pas ?

SUIVI DE LA NECESSITE
D’UNE

  • Culture morale afin
    de mettre fin à la politique de
    Mensonges qui sévit dangereusement en République de
    Djibouti


I) La Région d’Obock est actuellement enclavée.
Actuellement, une ballade à Obock, vous amène à la dure
réalité, d’un peuple encore victime d’une  » haute politique
revancharde d’enclavement  » car nos populations du Nord sont encore non
dociles et fiers de leur passé.
En effet, c’est un peuple dont ses enfants durant toute l’Histoire de notre
pays n’ont jamais eu peur de dire Non à l’Oppression, de dire Non à
l’Administration coloniale, de dire Non à l’Administration de division
pré ou post coloniale, avant ou après l’Indépendance.
Les Enfants, issus de nos vaillantes populations du Nord de la République
de Djibouti, sont aujourd’hui, après plus de trois ans d’une Paix et
d’une Réconciliation suite à la signature du 12 mai 2001 entre
le Frud-Armé et le Gouvernement, les Enfants de la Région d’Obock
continuent d’affronter une nouvelle Oppression : celle de  » l’enclavement
économique et sociale de leur Région « 
Que Dieu-Tout Puissant les protège.

Sur la Plage d’Obock
en compagnie des natifs du Terroir.

Que le hasard fait de bonnes choses, lorsque des jeunes vous rencontrent,
vous reconnaissent et sans hésiter vous rejoignent pour vous conter
une partie de leurs souffrances, une partie des difficultés imposées.
C’est, ce qui est arrivé, et voici l’amer fruit de leurs constats,
amer constats d’une jeunesse potentiellement des génies, réellement
avides de connaître, de comprendre pour mieux éviter les pièges,
pour mieux se défendre et accéder à un meilleur climat
sans enclave, ni entraves répressives, qu’ils connaissent depuis leur
naissance et qui ne cessent de s’amplifier, hélas, depuis notre souveraineté
nationale


II) Résumé des faits reprochés,
des souffrances,

Ali : On vient nager tous les jours car, à part jouer au foot
par cette chaleur étouffante et dans ce khamsin, il n’y a aucune autre
distraction ici : pas de salle de cinéma, la maison des Jeunes toujours
fermée depuis longtemps, aucune salle de lecture, rien ! C’est complètement
mort ici. Même en période scolaire, il n’y a rien pour se distraire.
D’ailleurs, c’est même difficile de tout simplement s’instruire car,
la plupart du temps, la centrale électrique est en panne : demandez
aux autres écoliers citadins comment ils feraient s’ils étaient
obligés de faire leurs devoirs le soir chez eux à la lueur d’une
lampe.

Ahmed : Ne pensons
pas qu’à nous-mêmes. Moi, ce qui me chagrine aussi, c’est que
cette année, aucun écolier d’une école de notre brousse
n’a passé son entrée en sixième, comme si le CM2 n’existait
plus là-bas. Je crois que dans notre district, il y a au moins six
autres écoles en dehors d’Obock, je ne comprends donc pas pourquoi
aucun écolier n’en est venu pour passer son entrée en sixième.
C’est grave et personne ne s’en soucie.

Mohamed : C’est
peut-être un problème de transport : toutes les pistes en brousse
sont fichues depuis la guerre et en plus il y a très peu de 4×4 qui
circulent dans notre région. Peut-être parce que les gens sont
devenus tellement pauvres à cause de cette guerre qu’ils n’ont plus
les moyens de louer un 4×4 pour amener les provisions qu’ils viennent acheter
à Obock. En plus, depuis que le bac est tombé en panne, les
boutiques d’Obock sont souvent vides. Alors, beaucoup de gens qui habitent
en brousse préfèrent aller avec leurs chameaux se ravitailler
à Tadjourah, surtout ceux qui vivent autour de Mabla.

Hassan : Justement,
moi j’ai de la famille à Mabla et j’aimerais bien y aller. Le problème,
c’est que je ne trouve aucun 4×4 pour m’y emmener. En plus, mon père
manifeste tous les jours devant le bureau du chef du district car on lui refuse
sept mois de salaires…

Ahmed : C’est vrai
! Toute la ville est au courant. C’est injuste. Ils sont une vingtaine de
coolies et de cantonniers auxquels le gouvernement refuse sept mois de salaire
alors qu’ils ont travaillé dur. La politique, c’est méchant
!

Hassan : Il paraît
même qu’une parente de l’un d’eux a été récemment
ramenée de la brousse parce que sa grossesse se passait mal. Eh bien,
je vous jure qu’il a fallu se cotiser pour acheter le gasoil pour l’ambulance
! D’ailleurs, c’est toujours comme ça que ça se passe : si on
ne paye pas le gasoil, pas d’ambulance. Mais il paraît que c’est aussi
comme ça dans tous les autres districts du pays, sauf dans la ville
de Djibouti.

Mohamed : Mais
les choses sont plus graves à Obock. La ville a été détruite
pendant la guerre. Le gouvernement nous a fait beaucoup de promesses. Le Président
de la République a même apporté des sacs de ciment pour
commencer à reconstruire, mais tout a disparu mystérieusement
sans qu’aucune maison n’ait été bâtie avec.

Maintenant, il paraît que les Européens ont donné beaucoup
d’argent au gouvernement pour reconstruire les maisons détruites, mais
on le donne parfois à des habitants dont la maison n’a pas été
détruite. En plus, je ne comprends pas pourquoi les Européens
veulent qu’on habite dans des maisons aussi petites, qui n’ont qu’une seule
chambre pour dormir. Je ne sais pas si les maisons sont aussi petites que
ça en Europe. Je me demande où les enfants dormiront quand il
pleut : peut-être dans la cuisine où les WC ; en tout cas, la
véranda n’est pas couverte. Je sais qu’il ne pleut pas souvent chez
nous, mais ce n’est pas une raison pour construire des maisons qui n’ont qu’une
seule chambre à coucher

Ali : En plus,
ce n’est pas totalement gratuit, parce que le gouvernement demande aux gens
de payer eux-mêmes une grande partie des travaux de construction. Ici,
les gens qui travaillent ne sont pas nombreux, c’est pour cela qu’il n’y a
aucune banque dans notre ville. Alors, je ne sais pas comment les gens pourront
payer leur part pour avoir ces nouvelles maisons, si petites, si minuscules.

Hassan : Excusez-moi,
mais je dois vous quitter. Il est l’heure d’aller prier et je dois ensuite
apporter à manger à ma tante qui est hospitalisée au
dispensaire depuis avant-hier. La pauvre, je ne sais pas comment elle fait
pour dormir le soir, avec toutes ces moustiques, parce que la plupart du temps,
il n’y a pas d’électricité à cause de la centrale qui
tombe toujours en panne. Le médecin et les infirmiers sont bien sympa,
mais ça ne suffit pas pour soigner tous ces pauvres malades.

III)
Commentaires

Ces jeunes entre 10 et 14 ans ont essentiellement parlé des difficultés
rencontrées, des difficultés quotidiennes pratiquement infligées.
Ce qui est impressionnant, c’est leur vision, leur analyse pratiquement globale
de la situation sociale de leur Terroir. A leur âge c’est un véritable
trésor.

Cette prise de conscience
précoce devrait inciter les djiboutiens, les étrangers résidents
en République de Djibouti, de se rendre, au moins en touristes, dans
cette Région délaissée par la majorité des Hauts
Décideurs et de pouvoir constater d’eux-mêmes, avec leurs propres
yeux, bons nombre des mensonges flagrants qui ne peuvent que transpirer très
souvent des caméras de la Radio Télévision de Djibouti
RTD. Les Caméras de la RTD n’arrivent pas à accrocher ou s’accrocher
( certainement pas pour des raisons techniques) le ou au nombre important
de maisons encore empreintes des balles et des obus.

Dans la Région
d’Obock, entre autres, la réhabilitation des logements, la réhabilitation
sociale et encore une fiction, un vœux pour beaucoup d’entre eux qui
est loin d’être réalisable mais profondément souhaitable.

Brefs constats.

Les constructions ou comme diront certains la  » réhabilitation
des logements  » sont en grande partie, d’après les tableaux entre
les mains du Ministère de l’Habitat de Djibouti et le PNUD des Nations
Unis.

Les jeunes ont parfaitement
raison sauf que pour eux ce sont les Européens.

Contrairement à
certaines images diffusées, ces logements en très grande majorité
sont encore au point mort, car inachevés, pour la simple raison que
les bénéficiaires en très grande majorité non
pas pu obtenir des financements pour la finition de leur logement.

En effet, il semblerait
qu’aucun calendrier, et surtout les plans établies par les signataires
des Accords de Paix du 12 mai 2001 n’ont pas du tout été respectés.
Et pourtant l’actuel Ministre de l’Habitat était l’un des signataires
de ces Accords, il est vrai que ce même Ministre est très connu
au sens propre du terme et paraît-il le HCR en serait témoin.

Culture morale afin
de mettre fin à la politique de Mensonges qui sévit dangereusement
en République de Djibouti

Sans Liberté alors
pas d’égalité ;
Sans Justice et doublée par les Non-applicabilités des Lois
nationales : alors la Souveraineté nationale est un vaste mensonge,
et le Souverain ne peut-être qu’un simple menteur.

OU

le comment éviter,
le comment mettre fin à la politique de la porte ouverte aux Abus de
Pouvoir, aux Détournements des Deniers Publics et des Biens Sociaux,
de mettre fin à la politique du maintien de l’Impunité mais
aussi de l’Arbitraire.

Auparavant et avant de
revenir sur la réalité djiboutienne d’une manière résumée
il serait intéressant de reprendre quelques écrits dans ce domaine.

Quelques approches sur
les concepts des Lois.

–  » Le pouvoir de
rendre la Justice devient une prérogative de l’Etat et est un des premiers
attributs de la souveraineté nationale  » Henri Boilot ( 25 mots
de la philosophie.
–  » Il n y a point de liberté sans lois  » Rousseau
–  » Que le prétendu pouvoir de suspendre les lois par l « autorité
royale sans le consentement du Parlement est illégal  » Locke dans
la Déclaration des droits. (Bill of Rights) de 1689.

Sur l’intégrité morale et la vie publique de J. Patrick Dobel

– 1) Les agents de l’administration doivent agir en conformité avec
les principes de base ou les valeurs politiques qui confèrent à
un gouvernement constitutionnel sa légitimité. On attend de
toute personne assumant une charge publique qu’elle reconnaisse à chaque
citoyen la même dignité, les mêmes droits fondamentaux
et l’égalité devant la loi.

– 2) Ils s’engagent à
subordonner leurs jugements personnels aux résultats des procédures
légales et leurs décisions aux règles en vigueur dans
leur domaine d’autorité.

– 3) Ils s’engagent à
assumer la responsabilité de leur actes devant les citoyens et les
autorités compétentes et à en rendre compte avec rigueur
et franchise.

– 4) Ils s’engagent à
agir avec compétence et efficacité dans le respect des contraintes
précédemment citées.

– 5) Ils s’engagent à
éviter tout favoritisme et à prendre leurs décisions
en toute indépendance et objectivité.

– 6) Ils s’engagent à
disposer les fonds publics avec prudence et dans un souci d’efficacité,
sans chercher à servir leurs intérêts ni ceux de tierces
personnes.

– 7) Ils s’engagent à
préserver le fiabilité et la légitimité des institutions
dans le cadre desquelles ils exercent leur action.


Trois grandes tentations menacent le cadre institutionnel de toute démocratie
libérale.

– 1) Le fait qu’un dirigeant,
succombant à une impatience grandissante, rejette le processus démocratique
;

– Le fait que, s’identifiant
à l’excès à son poste, il confonde ses propres intérêts
avec la défense des intérêts de la fonction.

– Le fait qu’au sein d’une
organisation, il puisse être tenté d’abandonner son intégrité
personnelle et s’adonner à une obéissance maladive et malfaisante
en vertu de laquelle il n’attache plus d’importance au contenu moral des ordres
et des pratiques qu’il met en œuvre.


M. NOEL ABDI Jean-Paul