21/12/04 (B277) ARD : Compte rendu de la manifestation du 18 décembre 2004 devant l’ambassade de la république de Djibouti à Paris.

Une ambassade djiboutienne
sous barricades

POUR LA TREIZIEME ANNEE CONSECUTIVE

Une fois encore, l’union
autour de la défense des Droits fondamentaux a permis de réunir
un nombre considérable de Djiboutiens dans une manifestation pour dire
« Non à l’impunité à Djibouti ». Le
rassemblement fait suite à douze mobilisations précédentes
contre l’impunité et pour la justice aux victimes du massacre
d’Arhiba, perpétré le 18 décembre 1991.

Pour cette treizième
année de mobilisation, une trentaine de personnes s’était
rassemblée face à la légation, à l’angle
de la rue Emile Meunier dans le 16e arrondissement de Paris, à l’appel
de l’Association pour la démocratie et le développement
(ADD), de l’Association pour le respect des droits de l’homme à
Djibouti (ARDHD) et du Comité en France de l’Alliance républicaine
pour le développement (ARD).

Le froid hivernal et la
pluie fine n’y changèrent rien : les Djiboutiennes et les Djiboutiens
de France rassemblés dans leur diversité s’étaient
donné rendez-vous sous les fenêtres de la diplomatie djiboutienne,
le temps de dire leur colère et leur refus de l’impunité
et de la dictature d’Ismaël Omar Guelleh.

En ouverture de partie,
une lecture des versets du Saint Coran, de la sourate Yacine, appelés
« les versets des morts », a été faite pendant quinze
minutes par un jeune Djiboutien à l’émotion prenante en
souvenir des 59 martyrs de la tuerie d’Arhiba.

Aussitôt le pardon
imploré pour les défunts, et pour que plus jamais cela ne se
reproduise, les revendications ont fusé, clamées dans un porte-voix
tonitruant, circulé de manifestant en manifestant pour donner de la
voix la plus forte.

Des slogans choisis en
rapport direct avec la tragédie djiboutienne se sont donné libre
cours, déchirant la quiétude parisienne de toutes parts : «
Pas de paix sans justice », « Guelleh Assassin », «
Gouled Assassin », « Guelleh Tortionnaire », « Guelleh
Voleur », « Justice pour Arhiba », « Borrel Arhiba
même combat », « Solidarité avec les femmes victimes
de viol », « 27 ans d’impunité, ça suffit,
ça suffit », « Pour un Etat démocratique à
Djibouti », « Guelleh Assassin, Chirac Complice ».

La voix était forte,
l’image était sans concession. Sur une pancarte figurait un portrait
du dictateur Guelleh barrée d’un grosse croix rouge avec l’inscription
« Cet homme est responsable d’assassinat, de torture, de viol ».
Une banderole imposante de 3 m sur 1 m avec la légende « Justice
pour Arhiba » dominait une myriade d’une quinzaine de pancartes
de 80 cm x 40 cm garnies d’inscriptions diverses comparables aux slogans
entendus.

Des riverains aussi étaient
de la partie depuis les fenêtres de leurs appartements, certains tendant
l’oreille depuis plus d’une décennie à la même
fenêtre pour écouter parfois les mêmes revendications.
Certaines voitures passantes s’arrêtaient un court moment pour
écouter elles aussi les slogans et les tambours. Beaucoup de voix,
beaucoup d’images, et donc beaucoup de curieux en cet après-midi
parisien.

Mais le beau monde démocrate
faisait peur. Il était contenu par de barricades entières de
policiers français. Découvrez plutôt : un front armé
de gourdins et de matraques constitué de six agents de police, tenait
la rangée de manifestants à une distance de dix mètres
de l’entrée de l’ambassade. Quatre patrouilles d’agents
de police supplémentaires restaient à proximité prêtes
à intervenir, quatre autres patrouilles circulaient à la ronde
en voiture, deux voitures « civiles » et encore deux autres de
police étaient stationnés dans les parages des cinq mètres.

Ce qui restera l’incident
du jour faillit coûter aux policiers leur sang froid. C’était
Ibrahim, pense-t-on, chauffeur ès qualité de l’ambassade,
blotti lâchement contre une voiture sur un trottoir situé en
face de la manifestation, une caméra à la main, en plein tournage
commandé du rassemblement.

C’est alors que les
manifestants les plus alertes sortirent eux aussi leurs appareils photo, les
faisant crépiter de tous leurs flashs en direction de l’arroseur
arrosé dans une montée soudaine de la tension. Les policiers
tentaient de repousser quasiment désespérément les photographes
des deux camps, constituant un barrage au milieu d’un véritable tirs
croisés de flashs. Nous attendons impatiemment que ces photos soient
publiées par leurs preneurs, et nous pourrons alors confirmer pour
l’identité d’Ibrahim, le pas courageux d’abord puis
très courageux après.

Le Secrétaire général
de l’Alliance républicaine pour le développement (ARD),
Aden Mohamed Abdou, de passage à Paris après avoir participé
à une conférence du Conseil intersyndical des syndicats libres
(CISL) au Japon, était l’invité vedette pour le discours
sur « Djibouti aujourd’hui » à la manifestation. Malheureusement,
les responsabilités qui sont les siennes ne permirent pas de le libérer
à temps. Sa tournée dans les villes de France au chevet des
Djiboutiens se termina bien trop tard. Des représentants de l’ARD
étaient néanmoins présents à la manifestation
aux côtés de tous les autres, car c’est plus que jamais
dans l’unité que l’opposition djiboutienne, les démocrates
djiboutiens et leurs amis, doivent envisager la lutte contre l’impunité.

Merci aux amis de l’ARDHD,
l’Association pour le respect des droits de l’homme à Djibouti,
dont le président Jean-Loup Schaal a honoré la manifestation
de sa présence, alors qu’il se trouve déjà personnellement
visé par une plainte du général Zakaria devant le tribunal
correctionnel de Paris.

Enfin merci et bravo à
l’ADD, l’Association pour la démocratie et le développement,
pour la mobilisation exceptionnelle à laquelle elle a contribué,
en l’organisant pour l’essentiel.

Maki
Houmedgaba
ardfrance@yahoo.fr

Fait
à Paris, le 20/12/04