11/02/05 (B285) Vers un nouveau soutien (honteux ?) de la France à la dictature de Djibouti ??? (AP / Le nouvel Obs)

La Chancellerie envisage
une transmission partielle du dossier Borrel à Djibouti

AP | 11.02.05 | 12:10

PARIS (AP) — La Chancellerie
n’exclut pas de transmettre aux autorités judiciaires djiboutiennes
une copie partielle du dossier d’instruction concernant le décès
en 1995 du juge Borrel à Djibouti qu’elles ont demandé par voie
officielle, a-t-on appris vendredi de source judiciaire.

Avant de prendre une telle
décision, le ministère de la Justice attend les observations
du parquet de Paris sur cette question. Mardi, la juge d’instruction en charge
de cette affaire a refusé de transmettre le dossier à la justice
de Djibouti.

De nombreux documents
déclassifiés secret-défense émanant de la Direction
générale de la sécurité extérieure (DGSE),
les services de renseignement militaires, ont été versés
au dossier d’instruction.

Le 27 janvier dernier,
la Commission consultative du secret de la défense nationale a donné
un avis favorable, publié vendredi au Journal officiel, pour la déclassification
de documents détenus par la DST (Direction de la surveillance du territoire).

Selon l’analyse de
la juge Sophie Clément, la transmission du dossier aurait pour conséquence
de livrer des documents des services de renseignements français à
une autorité politique étrangère, ce qui «compromettrait
gravement les intérêts fondamentaux» de la France et de
ses agents.

Le ministère de
la Justice devra apprécier l’opportunité d’une éventuelle
transmission du dossier dans le cadre de la commission rogatoire internationale
délivrée par Djibouti. Il pourrait enlever les pièces
problématiques, précise-t-on de source judiciaire.

Une première information
judiciaire djiboutienne sur le décès de Bernard Borrel s’était
soldée en décembre 2003 par un non-lieu. Devant un premier refus
en septembre dernier de la juge Clément de transmettre son dossier
à la justice de Djibouti, sans qu’un juge d’instruction soit désigné,
une nouvelle information judiciaire y a été ouverte en octobre
2004.

Bernard Borrel a été
retrouvé mort et brûlé le 19 octobre 1995 face à
l’Ile du Diable à Djibouti. Elisabeth Borrel soutient que son mari
a été assassiné et accuse le président Ismaël
Omar Guelleh d’être le commanditaire du crime.

Une version fermement
contestée par Djibouti, où de premières investigations
entreprises après la découverte du corps du magistrat ont conclu
à son suicide. Une thèse appuyée par les premiers juges
d’instruction français, mais mise à mal par de nouvelles expertises
médico-légales qui concluent au meurtre de Bernard Borrel. AP