12/02/05 (B285) Le Figaro : le feuilleton continue …. Le Ministre de la Justice ne sait plus comment soutenir Guelleh, sans se mettre l’opinion française et les milieux judiciaires à dos. On essaye de trouver une couverture juridique pour justifier ce nouveau coup de pouce à la Dictature … (Article signalé par un Lecteur)

Affaire Borrel : Dominique
Perben chargé de trancher (LE FIGARO)

M.-A. L.-L. [12 février 2005]

Le volet diplomatico-judiciaire
de l’affaire Borrel, du nom du magistrat français décédé
à Djibouti dans des conditions mystérieuses en 1995, s’alourdit.
La récente demande des autorités djiboutiennes visant à
obtenir une copie de la procédure française est à l’origine
de la polémique actuelle.

La question se résume
en ces termes : est-il opportun de transmettre à Djibouti le dossier
d’un juge d’instruction français qui enquête sur l’hypothèse
d’un assassinat dans lequel pourrait être impliqué l’entourage
du président Guelleh ? En clair, peut-on prendre le risque de divulguer
des informations à l’«adversaire» potentiel ? Le parquet
de Paris vient de rédiger un rapport destiné au garde des Sceaux.
Dominique Perben aura à trancher entre des points de vue divergents.

Fin janvier, le Quai d’Orsay,
allant un peu vite en besogne, avait annoncé une transmission prochaine
du dossier. Position totalement contraire à celle de la juge d’instruction
Sophie Clément qui estime, elle, que la remise des documents «serait
de nature à porter atteinte (…) aux intérêts essentiels
de la France». Des rapports des services de renseignement français
figurent effectivement à son dossier. Certains documents émanent
de la DGSE, d’autres proviennent de la DST. Telle une note relative à
l’attentat antifrançais contre le Café de Paris à Djibouti
en septembre 1990. Cette note de deux pages, frappée du sceau «secret-défense»,
vient d’ailleurs d’être déclassifiée. Outre ces notes
de services spéciaux, le dossier du juge Clément contient aussi
des éléments sur une éventuelle «subornation de
témoins», instruite à Versailles, dans laquelle figurent
les noms du procureur de la République de Djibouti et du chef des services
secrets.

L’éventualité
d’une transmission fait bondir Me Olivier Morice, avocat de la veuve du juge
Borrel, qui parle d’«abus de droit sans précédent».
A l’inverse, Me Francis Szpiner, conseil de la République djiboutienne,
assure qu’il s’agirait d’«une coopération judiciaire normale».

Une position médiane
consisterait à faire parvenir à Djibouti, lié à
la France par une convention d’entraide pénale, la procédure
expurgée de ses documents sensibles. Quelle que soit son issue, le
dossier embarrasse Paris. Alors que la thèse du suicide a longtemps
été privilégiée, celle de l’assassinat est désormais
étudiée. La demande djiboutienne est donc souvent interprétée
comme une manoeuvre. Récemment, les relations bilatérales se
sont tendues : Djibouti, qui abrite la plus importante base française
en Afrique (2 700 hommes) a expulsé six coopérants et a coupé
l’antenne de Radio France Internationale.