12/04/05 (B293B) RFI – Guelleh à 100 % ! Mais un petit coup de griffe à l’opposition ? (Info lecteur)

L’élection
présidentielle sans suspens a aussi connu une issue sans surprise.
Le seul et unique candidat, le président sortant, Ismaël Omar
Guelleh, aurait bénéficié de la totalité des suffrages
exprimés.

Les résultats officiels
de l’élection présidentielle du 8 avril 2005 ont très
vite été rendus publics, confirmant Ismaël Omar Guelleh
dans son fauteuil de président de la République. Seul candidat
en lice, il a été déclaré élu par 100%
des suffrages exprimés, le ministère de l’Intérieur
chiffrant, le taux de participation à 78,9%. Cela n’empêche
pas l’opposition qui, a appelé au boycott du scrutin, d’affirmer
que son mot d’ordre a été suivi « par 80% des électeurs
djiboutiens ». L’opposition et le pouvoir revendiquent, chacun
pour son camp, les mêmes chiffres ce qui témoigne bien de la
manipulation fantaisiste des données, selon les thèses à
défendre.

L’opposition, qui
n’a pas mené une enquête sérieuse et vérifiable,
se fonde uniquement sur une pétition de « 100 000 personnes »
qui dénonce la « mascarade électorale». Selon elle,
la tendance s’est confirmée le jour de l’élection
et elle estime que la majorité des 198 332 électeurs ne s’est
pas déplacée. « Aux dernières élections
législatives en 2003, les deux partis (opposition et majorité
présidentielle) avaient concouru et le taux de participation était
de 48%. Aujourd’hui que le président est tout seul et qu’il
y a boycottage, annoncer un chiffre de 79% de participation, c’est le
comble du ridicule », a déclaré Ahmed Youssouf un des
leaders de l’opposition.

Opération «
Liberté immuable »

« Cent pour cent
de ceux qui ont gagné ont tenté leur chance » disait une
publicité de la « Française des jeux ». De même,
se déplacer pour un vote sans enjeu, c’est forcément apporter
sa voix à l’unique candidat, celui qui sera, malgré tout,
élu. Cette évidence a servi d’argument implacable à
la majorité présidentielle qui se félicite du «
plébiscite » en faveur du président Ismaël Omar Guelleh.
De nombreux observateurs et les organisations de défense des droits
de l’Homme, tout en acceptant l’évidence des suffrages recueillis
par le président sortant, se sont néanmoins interrogés
sur les chiffres du taux de participation qui leur semblent « bien gonflés
». Toutefois, le ministère de l’Intérieur a reconnu
5,7% de bulletins déclarés nuls.

L’annonce de la victoire
« haut les mains » du candidat président Ismaël Omar
Guelleh n’a soulevé aucune réaction dans le pays. Le seul
acte post électoral a été celui du président lui-même,
qui annonce un remaniement de son gouvernement et qui renouvelle ses intentions
de « développer le pays », de « lutter contre la
pauvreté » et de « promouvoir la bonne gouvernance ».
L’opposition salue dans son ensemble la grande indifférence manifestée
par les populations mais s’indigne de celle de la communauté internationale,
ou tout au moins du silence de la France et des Etats-Unis.

Mais la realpolitik a,
ici aussi, ses raisons que la raison ignore. Ce petit pays, dans la corne
de l’Afrique, où vivent moins de 700 000 personnes, occupe une
position stratégique à l’embouchure de la mer Rouge face
à la péninsule arabique.

Ancienne colonie française,
Djibouti abrite la principale base militaire française à l’étranger
(plus de 2 800 hommes). Suite aux attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis
une base militaire américaine, forte de 1 500 hommes, y a été
i tallée dans le cadre de l’opération de lutte contre le
terrorisme « Liberté immuable ». L’opposition politique
djiboutienne est persuadée que le pouvoir monnaie la position stratégique
du pays contre le « laisser-faire » des grandes puissances. Elle
se plaint de faire les frais d’enjeux internationaux.

Didier
Samson