13/04/05 (B293B) RSF demande l’aide du président Jacques Chirac pour faire libérer deux journalistes oromos.

ETHIOPIE – Visite du
Premier ministre Meles Zenawi en France
Reporters sans frontières demande l’aide du président Jacques
Chirac pour faire libérer deux journalistes oromos

A l’occasion de la visite
officielle en France du Premier ministre éthiopien Meles Zenawi, les
14 et 15 avril 2005, Reporters sans frontières a demandé au
président de la République française, Jacques Chirac,
d’intervenir pour obtenir la libération de deux journalistes oromos,
Shiferraw Insermu et Dhabassa Wakjira, abusivement détenus depuis plus
d’un an à Addis-Abeba.

Dans une lettre datée
du 8 avril, l’organisation a exprimé son « inquiétude
sur le sort réservé à ces deux hommes (Š), alors
que l’Ethiopie entre en période électorale. « A nos yeux,
la France ne peut pas faire l’économie de la question oromo dans son
dialogue avec l’Ethiopie, a ajouté Reporters sans frontières.
L’affaire de ces deux journalistes, oubliés au fond de leur prison
depuis un an, en est une illustration évidente et scandaleuse. De plus,
des élections sereines, libres et justes ne sauraient se dérouler
en Ethiopie tant que les cas de Shiferraw Insermu et Dhabassa Wakjira ne seront
pas réglés dans les règles du droit, de la justice et
de l’humanité. »

Shiferraw Insermu et Dhabassa
Wakjira, tous deux journalistes du service en langue oromo de la chaîne
de télévision publique éthiopienne ETV, ont été
arrêtés pour la première fois à leur domicile d’Addis-Abeba,
le 22 avril 2004. La Haute Cour fédérale a ordonné leur
libération sous caution le 9 août suivant, mais seul Shiferraw
Insermu a été relâché. Arrêté de nouveau
deux fois de suite, en octobre 2004 et en janvier 2005, Shiferraw Insermu
est aujourd’hui en détention. Dhabassa Wakjira, lui, est emprisonné
sans interruption depuis plus d’un an sans que l’administration pénitentiaire
obéisse aux différents ordres de libération provisoire
de la justice.

Selon le témoignage
d’un ancien collègue des deux journalistes, aujourd’hui en exil, ils
ont été interpellés, en compagnie d’autres employés
oromos de ETV aujourd’hui libérés, suite à la diffusion
d’un reportage sur la violente répression d’une manifestation d’étudiants
oromos sur le campus de l’université d’Addis-Abeba, le 4 janvier 2004.
L’intervention des forces de l’ordre avait donné lieu à des
brutalités policières et à de nombreuses arrestations,
notamment de membres de l’Association d’aide sociale Macha Tulama, qui souhaitait
protester contre la décision du gouvernement éthiopien de déménager
les institutions régionales de la région oromo d’Addis-Abeba
(appelée Finfinne par les Oromos) à Adama (également
connue sous le nom de Nazret, à 100 km à l’est de la capitale).

Selon les informations
recueillies à Addis-Abeba par Reporters sans frontières, les
deux journalistes sont détenus séparément, dans deux
prisons de la capitale, et sont régulièrement visités
par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).