10/07/05 (B306) Lu sur le site du GED, un article intéressant sur la situation, la réorganisation de l’Armée au profit d’une force opérationnelle entièrement dévouée à la protection des intérêts privés et de la décision de Guelleh d’annuler le paiement des arrièrés de solde et de salaire, pourtant dû. Des informations sur la répression sanglante des manifestations qui ont suivi cette décision outrageante, illégale et injuste.

Lire l’article original :

Article du GED sous la signature d’Abdallah H.

Comme si l’affaire de l’assassinat du Juge Bernard Borrel n’y suffisait pas, quelle tragédie d’ampleur nationale faut-il attendre pour remettre Djibouti sur le devant de la scène internationale de manière dramatique.

LE LEURRE DE LA NORMALISATION A DJIBOUTI, CAUTIONNÉ DE L’EXTÉRIEUR DU PAYS.

On sait depuis longtemps que la normalisation et une soit disante paix interne tant vantée par les autorités au pouvoir à Djibouti ne sont qu’un leurre, un artifice de façade comme le sont les accords FRUD/État djiboutien.

Si l’on se réfère à ce qu’il se passe dans la capitale, on constate qu’une frénésie de la construction s’est saisie du groupe Ismail Omar – Abdouraman Borreh et consorts. La nouvelle « mode » est pour eux de se fixer sur les points stratégiques tenus par les Forces militaires françaises qui sont les visées d’une exclusion qui se prépare.. en douceur.

Pour preuve le processus lancé contre les installations des FFDJ en bout du quai du Héron qui sont l’objet d’une étude bien avancée pour les « virer » et leur substituer en lieu et place un complexe hôtelier de très haut niveau derrière lequel on retrouve – une fois encore – Abdourahman agissant en lieu et place au nom d’Ismaïl Omar.

Sur le fond on pourrait se satisfaire de telles initiatives car supposées être créatrices d’emplois…Mais là où le « bat blesse » c’est que cette main d’œuvre sera – comme elle l’est à Doraleh – d’origine étrangère et seulement djiboutienne pour moins de 2 %.

Frénésie de la construction, certes mais qui donc ne génère pas d’emplois ou si peu au profit des Djiboutiens/Djiboutiennes ; tant du point de vue de la main d’œuvre que des cadres alors que l’immigration en provenance d’Asie, du Brésil et de Cuba est encouragée par le pouvoir et prend des niveaux inquiétants. .

Dans les quartiers, sous la chaleur humide c’est la torpeur. Le calme qui y règne n’est qu’apparent alors que dans les  » mabrazes  » et à l’heure de la  » khât party  » du début d’après midi, des parfums de révolte émergent ça et là mettant en cause et accusant ouvertement les gouvernants opportunistes dans un État qui est – plus que jamais – policier. Parfois, l’invité que chacun craint est l’homme connu pour son appartenance à la Police politique (SDS); ce peut-être un frère, un cousin ou un ami de longue date. Alors chacun s’en méfie lorsqu’il est présent mais lorsque ce dernier se lance dans des accusations vis-à-vis du pouvoir en place, alors les langues se délient. A l’appui des accusations portées par les propres serviteurs du pouvoir actuel, les copies de documents apparaissent dans les mains et circulent ; chacun en veut une copie qui partira vers l’opposition en exil, vers un cousin…un membre de la famille, loin là bas dans l’un des pays du monde occidental.

La stratégie d’IOG commence à produire ses effets.

Lors d’un récent discours du CEMGA pour le 27 juin – date de l’indépendance – il a missionné le Général Fathi Beliki pour lancher discrètement et sans insister outre mesure l’idée de la nouvelle forme que devraient prendre les Forces Armées Djiboutiennes (pour le moins ce qui dervait en rester ensuite) mais s’est bien gardé d’annoncer une très forte réduction des effectifs militaires impliquant un monceau de mises en retraite anticipées et des licenciements purs et simples.

Cette réduction notable des effectifs des Armées, Polices et Gendarmerie en République de Djibouti est l’un des points imposés par les Institutions financières internationales mais cela arrange bien les  » affaires  » du dictateur djiboutien qui ne pouvait pas  » virer  » comme il l’entendait ceux qui le dérangent au sein des Armées, Police et Gendarmerie.

Maintenant c’est chose faite et il pourra toujours dire – comme il l’a toujours fait  » C’est pas moi qui l’ai décidé …. Ce sont les .. autres « . En l’espèce les institutions internationales !, tout cela enrobé dans un discours insistant outrageusement sur un hypothétique progrès tant économique que social.

Discours pour un demain meilleur …(inch’Allah !!!), mais fait de mots sans lendemain et dans lequel nul ne trouvera une logique cohérente par rapport aux réalités d’un vécu au quotidien.

Ne se sachant pas en odeur de sainteté au sein des Armées djiboutiennes, le projet d’Ismaïl Omar est de se prémunir de ce coté là d’un possible « coup d’État », donc de promouvoir une  » armée de mercenaires  » à ses ordres, grassement rémunérés et aptes à exécuter ses ordres à la lettre, sans murmure ni révolte dans les esprits.

En fait c’est un vieux projet qui ne date pas d’hier pour lequel il va tenter de créer sa propre armée composée de petites unités très opérationnelles et aéromobiles servant les intérêts des  » affairismes privés « .

Bien plus qu’il ne l’a fait jusqu’à présent, il va consolider un  » État autonome, privé et affairiste mafieux  » (véritable pompe à pognon) au sein d’un État – dit républicain – et ses institutions en survivance ; financés quasi exclusivement par les dons, les aides et les emprunts internationaux.

DJIBOUTI, UNE RÉPUBLIQUE VENDUE AU SYSTÈME MAFIEUX PRIVÉ

Comme ceci a été dit et démontré, Ismaïl Omar Guelleh président autoproclamé à cédé généreusement à Ismaïl Omar Guelleh  » affairiste mafieux  » – et par l’intermédiaire de sociétés écrans – l’exploitation de tous les Établissements Publics et Commerciaux (Entreprises d’État – EPIC) qui ont un quelconque intérêt de rentabilité financière. Certes la gestion comme le fonctionnement – donc la rentabilité – s’en sont trouvés améliorés mais la plus grande part des bénéfices générés ne reviennent pas à l’État mais aux entreprises écrans d’IOG qui – de plus – ne reversent qu’une infime partie de ce qu’elles doivent aux finances publiques.

Mais la supercherie va bien au-delà de cela. Outre le fait que les cadres mis en place dans le cadre de l’exploitation de ces EPIC (en provenance de l’étranger) perçoivent de très gros salaires, Ismaïl Omar fait supporter partie des soldes versées aux fonctionnaires ( employés dans ces EPIC) par les Finances de l’État ce qui alourdit considérablement et artificiellement les finances publiques….

En clair les fonctionnaires des EPIC travaillent pour les entreprises d’IOG dans le secteur privé (ou dans lesquelles il est l’actionnaire majoritaire) … mais sont salariés par l’État.

Et comme l’État djiboutien ne doit sa survie qu’aux aides, dons internationaux et emprunts qui se succèdent à un rythme effréné depuis 3 ans (alourdissant gravement la dette publique) on comprend dès lors toutes les difficultés et les retards incessants de paiement des salaires dans la fonction publique.

Rappelons qu’il y a quelques mois, en dépit des lois et des Droits, l’État djiboutien actuel a tout simplement annulé la dette en la rayant sur une simple décision du Palais de l’Escale. Il a annoncé qu’il supprimait tout versement des arriérés de salaires et soldes qu’il devait aux fonctionnaires et assimilés comme tels. Lors des manifestations qui ont suivi, Ismaïl Omar Guelleh a fait tirer à balles réelles sur les manifestants provoquant des morts et des blessés alors que des fonctionnaires ont été licenciés pour avoir « osé » revendiquer le respect de leurs droits..

L’Ordre des désordres devant régner à Djibouti, les morts furent enterrés, nulle presse n’en a fait mention. y compris par le correspondant de l’AFP qui est …..un fonctionnaire djiboutien.

Le 8 mai 2005, Ismaïl Omar Guelleh se confirmait comme président djiboutien et plus assurément comme dictateur autoproclamé pour la seconde législature avec un Palais de l’Elysée prolixe en félicitations ayant un  » goût d’amertume  » pour l’immense majorité des populations prises en otage et contraintes à se taire sous la menace.

Pourtant, au mois de mai et juin, des raids spectaculaires du Mouvement Djiboutien de Libération nationale – composés majoritairement de combattants du FRUD historique et qui n’ont pas baissé les armes – étaient passés sous silence dans la presse et les médias djiboutiens. Seuls médias autorisés car aux ordres du pouvoir ayant les doigts placés sur la couture du pantalon. Les yeux non point fixée vers une hypothétique ligne  » bleu des Vosges  » locale mais sur les pléthores bakchich. Dessous de tables versés par le Palais de l’Escale pour que chacun/chacune se taise et cautionne aveuglément tous les actes illégaux du pouvoir en place masqués derrière des images guignolesques à grand spectacle tant elles étaient et sont sirupeuses et gluantes de cupidité, de mensonges cocasses et de falsifications burlesques.

Les silences face aux actes de Libération nationale démentaient – et démentent plus que jamais – l’épuisement de la résistance djiboutienne face à l’oppression cautionnée, de même qu’une opération militaire menée la veille d’une mascarade d’élections présidentielles, Chienlit qui a visé – en dépit des lois du pays, des Droits de l’humain et de ceux définis pat les statuts de la Francophonie – à conforter au pouvoir un dictateur sanguinaire, sans foi ni loi hormis les siennes.

Contrairement à ce que cherche à faire croire le Palais de l’Escale, la situation est hors de contrôle, les forces militaires envoyées au Nord et au Sud-Ouest ne sont pas parvenues à soumettre le Mouvement Djiboutien de Libération Nationale. De plus, les exactions commises par les milices privées d’IOG et mercenaires du pouvoir central s’ajoutent maintenant aux violations commises en toute impunité par les mêmes  » mercenaires d’importation » en des temps pas si lointains. Actes discrets dépassant le stade des violations des Droits Humains et qui se traduisent par des disparitions et assassinats de civils, de fonctionnaires par trop  » dérangeants  » pour le régime de la pensée unique.

La guerre d’indépendance du peuple – contre le pouvoir dictatorial du Palais de l’Escale ne connaît pas de répit. Elle menace aujourd’hui de déstabiliser Djibouti, du Nord vers l’Est, du Sud vers l’Est, d’Ouest en Est. Les événements – que l’on se garde bien de relater dans la presse et les médias locaux soudainement amnésiques du présent comme du passé, au Nord et à l’Ouest risquent de raviver des tensions toujours présentes depuis les affrontements du début des années 90. La crise des institutions vendues à un  » affairisme mafieux privé « , les incidents violents mercenaires/Mouvement Djiboutien de Libération Nationale confirment bien la fragilité de l’ensemble que constitue Djibouti où  » l’Ordre des désordres doit impérativement régner « .

STRATÉGIE DE TERREUR MASQUÉE A LA PRESSE ET AUX MÉDIAS ÉTRANGERS

Ce type d’actions menées – tout à la fois contre les manifestations publiques de revendications justifiées et contre les opposants politiques dans tout le pays – s’inscrit dans une continuité dictatoriale. Bon nombre de Djiboutiens/Djiboutiennes témoignent de la montée en puissance d’une stratégie de terreur depuis le mois de janvier 2005.

L’accélération des actes de revendications est certes un élément nouveau mais ne saurait justifier de telles répressions allant jusqu’à la barbarie. Un pas est également franchi dans la manière dont les prisonniers politiques sont traités dans les prisons,

Ces parallèles rappellent la manière récurrente avec laquelle Ismaïl Omar Guelleh génère les crises liées les unes aux autres et les fait réprimer dans le sang pour renforcer son pouvoir. Depuis 1990, il a profité de la crise pour renforcer sa mainmise sur les médias dont il a fait SA propriété de pensée.

Il exploite aujourd’hui les mécontentements et essayant de temporiser pour mettre en œuvre une fausse réforme administrative sur la régionalisation, qu’il va faire durer car en dont le but est exclusivement de rassurer les instances internationales qui ne sont pas dupes. Réforme bidon qui lui permettra de tenter de reprendre en main les régions et de s’assurer un contrôle accru du pouvoir policier.

Parce qu’il faut mettre fin à la lente extermination du peuple djiboutien – contraint à l’exil pour être remplacé par des populations plus dociles – aussi parce qu’elle hypothèque tout avenir démocratique pour Djibouti, si les États occidentaux ne poussent pas Ismaïl Omar Guelleh à une véritable ouverture vers la démocratie et à des négociations avec l’opposition, s’ils ne se portent pas garants de la sécurité du peuple djiboutien, leur inaction ne pourra que conduire à de graves événements dont on voit les prémices apparaître.

« Sous quelque gouvernement que ce soit, la nature a posé des limites au malheur des peuples. Au delà de ces limites, c’est ou la mort, ou la fuite, ou la révolte ». Diderot.