22/10/05 (B321-A) LE MONDE / Affaire Borrel: Djibouti suspend sa coopération judiciaire avec Paris. (Info signalée par un lecteur)

AFP 21.10.05 | 20h30

La République de Djibouti a décidé de suspendre sa coopération judiciaire avec la France en raison du contentieux lié à la mort du juge français Bernard Borrel, en octobre 1995 à Djibouti, a-t-on appris vendredi de source officielle.

« Le traité de coopération judiciaire entre la République de Djibouti et la France est désormais caduc », a déclaré à la presse le procureur de la République de Djibouti, Djama Souleiman Ali.

« Nous avons assumé nos responsabilités vis-à-vis de la justice française et nous attendons à ce qu’elle nous dise à son tour la vérité sur ce dossier », a ajouté le magistrat.

« Aussi longtemps que nous n’avons pas reçu les copies du dossier d’instruction, aucune nouvelle commission rogatoire dépêchée par Paris ne foulera le sol djiboutien », selon le procureur.

La thèse du suicide du juge Borrel, dont le corps à demi-calciné a été retrouvé en 1995 au pied d’un ravin, a longtemps été privilégiée avant d’être mise à mal par une série d’expertises remises en 2004 à la juge qui a alors orienté son enquête vers un assassinat.

Le magistrat enquêtait, selon sa veuve, sur des affaires dans lesquelles était impliqué le président Ismaïl Omar Guelleh, alors chef de cabinet de son oncle et chef d’Etat, Hassan Gouled Aptidon. Ces affaires auraient pu concerner des trafics d’armes mais aussi l’attentat du Café de Paris, à Djibouti, en 1990, qui avait tué un Français et fait 11 blessés.

« Il faudra que les juges d’instruction français cessent enfin de convoquer des hauts responsables djiboutiens comme s’ils étaient de simples citoyens français de Tarbes ou de Marseille », a ajouté le magistrat djiboutien.

Mercredi, la famille du juge a évoqué une possible piste liée à un trafic de produits dangereux et souhaité « que la justice puisse aller jusqu’au bout de ses investigations ».

Me Olivier Morice, avocat de la veuve du juge, Elisabeth Borrel, a évoqué, au cours d’une conférence de presse à Paris à l’occasion des dix ans de la mort du magistrat, « des éléments au dossier qui n’ont jamais fait l’objet d’investigations ». Il a parlé d’une note faisant état d’une liste de produits dangereux comme de « l’uranium enrichi ».

La juge Sophie Clément, chargée du dossier, a mandaté en octobre 2004 deux experts pour déterminer la nature des produits mentionnés ainsi que leur provenance, a indiqué une source française proche du dossier.

Me Morice a également dénoncé « des pressions des autorités djiboutiennes relayées par les autorités françaises ».

Lundi, un appel de personnalités et d’associations « pour la vérité sur l’assassinat du juge Borrel » avait été rendu public en France.