26/10/05 (B321-B) Radio-Trottoir : Quand on ne peut dire la vérité que de bouche à oreille. (Lectrice)

Comme quoi mes compatriotes djiboutiens doivent sincèrement remercier le site de l’ARDHD d’exister, en dépit des coups bas du régime et d’une certaine opposition. Car il y a certaines informations que la presse djiboutienne ne rendra jamais publiques.

C’est ainsi que, pour désamorcer la grave crise qui l’oppose au syndicat des autobus et taxis, le régime a finalement accepté de recevoir, sous l’égide du Médiateur de la République, anciennement ministre de l’Intérieur, les représentants de ce syndicat.

Propos du Médiateur de la République, tels que rapportés par un syndicaliste participant à cette réunion de conciliation : « Je comprends parfaitement vos revendications. C’est pourquoi j’ai invité le Gouvernement à vous accorder une baisse de 26FD sur chaque litre de gasoil. Cela dit, je vous invite fermement à reprendre votre travail, tout en enregistrant votre hausse des tarifs du transport dorénavant arrêté à 80 FD par course. Attendez que le chef de l’Etat revienne de son pèlerinage à la Mecque pour qu’une décision gouvernementale définitive soit prise. En attendant, la fête de l’Aïd étant proche, je vous conjure de ne pas priver vos familles d’une source de revenu indispensable en cette période. »

Le Ministre des Finances, de par sa présence, ne peut qu’approuver les propos du Médiateur

Rappelons que le Ministre de l’Intérieur avait proprement insulté les syndicalistes deux jours auparavant.

Quant au Ministre des Transports, officiellement en charge du dossier, il a tout simplement été désavoué, lui qui il y a quelques jours avait prétendu avoir trouvé un terrain d’entente avec le syndicat des autobus et taxis pour qu’il reprenne le travail.

Humiliation somme toute normale car, nul n’ignore que le première réunion de conciliation Gouvernement-syndicat des autobus et taxis s’était déroulée dans des locaux gracieusement mis à leur disposition par … l’inamovible Directeur de l’EDD : à quel titre ?

Anecdote qui prend tout son sens pour qui se souvient que, dans le cadre du règlement du conflit au Port, des ministres avaient été convoqués dans ses locaux par … M. Abdourahman Boreh, entrepreneur privé travaillant selon ses propres dires aux ordres directs du chef de l’Etat djiboutien. Convocation à laquelle lesdits ministres auraient refusé de répondre : le compromis avec l’amour-propre semble avoir des limites même dans ce régime !

Il reste à se demander si le Médiateur de la République n’a pas préparé une peau de banane au chef de l’Etat, car les proportions dramatiques prises par ce conflit (avec un manifestant tué de dos et de sang-froid par un policier à Balbala) renvoient inéluctablement à une autorisation de « dérapage officiel » accordée au plus haut niveau de l’Exécutif djiboutien.

Pour leur part, nos concitoyens espèrent que l’actuel pèlerinage à la Mecque du président de la République inclinera ce dernier à de meilleurs sentiments à l’endroit des légitimes revendications d’une population exaspérée par la baisse de son niveau de vie, alors que les troupes militaires étrangères stationnées sur son sol rapportent tant de milliards.

Melle Kadra Farhan