31/10/05 (B322) Radio-Trottoir : l’ancien Président du Conseil constitutionnel dépossédé de son véhicule de fonction, qu’il avait indûment conservé !

Comme quoi tous les joggers ne sont pas des sportifs.

Le régime djiboutien est vraiment ingrat envers ses anciens serviteurs. Ainsi, ce soir dimanche 30octobre 2005 aux environs de 19 heures, l’ancien président du Conseil constitutionnel, M. Omar Chirdon Abbas se promenait tranquillement sur une artère de la capitale après une dure journée de jeûne.

A un moment donné, des policiers ont arrêté son véhicule de fonction, qu’il avait gardé bien qu’ayant quitté la présidence du Conseil constitutionnel. Ordre lui a été intimé d’abandonner son véhicule de fonction (fonction qu’il n’occupe plus depuis qu’il a été remplacé au sein de cette instance) et de rentrer chez lui par ses propres moyens. Humilié et obligé de taper à pied en abandonnant un signe extérieur d’importance auquel il tenait tant, l’ancien président du Conseil constitutionnel a donc quitté son véhicule pour rentrer chez lui à pied.

Persuadée que les médias gouvernementaux ne rendront pas l’hommage dû à son inestimable trajectoire, il est de mon devoir de rappeler les contributions importantes de cet ethnarque à l’instauration d’une dictature tribale :

  • avant et peu après l’Indépendance, M. Omar Chirdon Abbas était un présentateur du journal télévisé de la télévision locale ;
  • dès 1977, un poste a été tout spécialement créé à son intention : celui de directeur de la nouvelle gendarmerie nationale, histoire de saper l’autorité de son chef de corps, un afar qui allait être mis à l’écart quelques mois plus tard ;
  • ce forfait commis, un poste allait être invité pour lui : celui de secrétaire général du ministère de la Défense, poste qui allait disparaître après son passage ;
  • quelques années plus tard, on retrouve M. Omar Chirdon Abbas en qualité de ministre de l’Education Nationale, titre qu’il allait garder longtemps ;
  • après une insupportable traversée du désert, on le retrouve à la tête du Conseil constitutionnel, jusqu’à cette fatidique soirée du dimanche 30 octobre 2005.

La question que tout djiboutien se pose est la suivante : certes l’ancien président du Conseil constitutionnel roulait indûment au volant d’un véhicule de fonction auquel il n’avait plus droit depuis qu’il ne siégeait plus à la présidence de cette honorable instance, mais pourquoi diable le régime l’a-t-il humilié de façon aussi publique ?

Il lui suffisait juste de récupérer ce véhicule de fonction tôt le matin au domicile de l’ex-impétrant. Pourquoi diable l’humilier en pleine rue en l’obligeant à descendre de son rutilant 4×4 de fonction et à parquer son véhicule confisqué devant le commissariat central de la Police ? ?

Une seule explication se présente à l’esprit du citoyen djiboutien : ayant commencé sa carrière très bas, l’actuel locataire du palais présidentiel n’a personnellement aucune raison de ménager ceux qui lui ont fait tant de courbettes, au prix de quelque compromissions et de nombreuses malversations.

Car les vrais djiboutiens se souviennent qu’un certain Ismaël Omar, à l’époque inspecteur de la police coloniale, s’est vu publiquement confisquer sa Renault 4L de fonction ainsi que son pistolet, devant le « Bar de la Lune » un samedi soir fin 1976.

Ainsi s’expliqueraient l’humiliation qu’Ismaël Omar impose à ses serviteurs, mais aussi les reptations dont ses victimes sont capables pour rester dans son giron protecteur : l’un se tire une balle dans le bras pour être reconduit en qualité de député, quand tel autre menace de se suicider et de divulguer les motifs de son suicide pour rester dans le gouvernement.

Mais, en humiliant aussi publiquement l’ancien président du Conseil constitutionnel, au sujet d’un véhicule de fonction qui aurait pu lui être discrètement retiré, le régime a tout simplement montré dans quel respect il tient les représentants des institutions créées à son entière dévotion.

Et leurs représentants, passés ou à venir.

A bon entendeur salut !
Kadra « Grand Bara »