09/11/05 (B323) Rétrospective : article de 1999, quand Me Aref jouait les champions de la Défense des Droits de l’Homme et la victime d’un complot visant à le condamner pour escroquerie . (Info lecteur)

Le président Gouled tire sa révérence après 22 ans de pouvoir

Le président Hassan Gouled Aptidon, artisan de l’indépendance de Djibouti, a annoncé son retrait en avril de la scène politique, à l’âge de 83 ans, après 22 ans de pouvoir sans partage.

Un congrès extraordinaire du Rassemblement populaire pour le Progrès (RPP), le parti présidentiel, a désigné Ismaël Omar Guelleh, pour briguer la succession du président sortant lors de l’élection présidentielle dont le premier tour aura lieu le 9 avril.

Ismaël Omar Guelleh, 54 ans, chef de cabinet du président, était présenté depuis longtemps comme le dauphin du président Aptidon. Chef de cabinet et confident du président Gouled pendant 22 ans, Ismaël Omar a également dirigé les services de renseignements et la police.

Affaibli physiquement par son grand âge et fragilisé par un état de santé le contraignant souvent au repos, Hassan Gouled Aptidon, d’ethnie Issa, est président de Djibouti depuis l’indépendance de l’ancien territoire français des Afars et des Issas , en 1977.

« Mon coeur est rempli de fierté en contemplant ma nation réconciliée, sa mémoire reconstruite et son histoire libérée de ses ressentiments », a déclaré le président en annonçant sa retraite dans un message lu lors du congrès extraordinaire de son parti.

« Le peuple aspire à continuer à entretenir avec les peuples voisins des relations fraternelles », a-t-il ajouté, faisant allusion à la tension régnant entre Djibouti et l’Erythrée voisine.

Le président Gouled laisse un pays qu’il a engagé dans de profondes réformes économiques, sous l’impulsion de la Banque mondiale et du FMI, après des accusations de corruption et de mauvaise gestion.

Djibouti, qui compte 650.000 habitants dont une petite majorité sont d’ethnie Issa (somalie), est toujours confronté à la rébellion Afar menée par l’aile radicale du Front pour la restauration de l’unité de Djibouti (FRUD). Fin janvier encore, des combattants du FRUD ont revendiqué l’attaque d’une unité spéciale des forces gouvernementales à Alaïlou, dans le district d’Obock, dans le nord-ouest de Djibouti, faisant 4 morts et 12 blessés.

Les opposants exilés à Paris n’ont de cesse de dénoncer les « exactions » du régime. Le 15 février, Me Aref Mohamed Aref, opposant et défenseur des droits de l’homme notoire, a été condamné à deux ans de prison dont six mois ferme par le tribunal correctionnel de Djibouti pour « tentative d’escroquerie et abus de confiance ». Me Aref a été condamné pour une affaire de droit commun liée à une vente de farine. Le caractère pour le moins expéditif de son procès réglé en quelques minutes, et le refus d’autoriser des avocats français à venir le défendre ont soulevé l’indignation de la Fédération internationale des Ligues des Droits de l’Homme (FIDH).

Ancien territoire français des Afars et des Issas, Djibouti reste la base militaire la plus importante de la France en Afrique, même si le nombre des forces françaises stationnées doit être réduit de 3.200 à 2.500 hommes.

Pour l’élection présidentielle, outre le dauphin du président Gouled, plusieurs candidats représentant les partis d’opposition se sont déjà fait connaître, notamment Abdillahi Hamareiteh du Parti du Renouveau Démocratique (PRD), Aden Robleh Awalleh du Parti National Démocratique (PND) et un indépendant, le dr. Abatté Ebou Adou. D’autres candidats devraient encore se déclarer mais la plupart des partis d’opposition sont traversés par des dissensions internes.

Le président de l’aile modérée du FRUD, Ali Mohamed Daoud a rendu un hommage appuyé au président Gouled.