20/11/05 (B325) RSF : ERYTHREE / Dawit Issac a été libéré.

Reporters sans frontières accueille avec une joie immense l’annonce de la libération du journaliste Dawit Isaac, propriétaire de l’hebdomadaire disparu Setit, détenu au secret depuis le 23 septembre 2001 par le régime le plus autoritaire du continent africain. Cette bonne nouvelle est toutefois tempérée par le fait que, depuis plus de quatre ans, douze autres journalistes sont toujours détenus quelque part dans le pays, sans procès et sans pouvoir communiquer avec l’extérieur.

« L’interminable calvaire que le gouvernement érythréen faisait subir à Dawit Isaac a pris fin, a déclaré Reporters sans frontières. Nous ressentons nous aussi le bonheur et le soulagement de sa famille et de ses amis, après plus de quatre ans de silence et d’angoisse. Mais il est amer de penser que douze de ses confrères sont encore les otages du régime de fer du président Issaias Afeworki. Rien ne justifie que l’élite journalistique du pays, quand elle n’a pas eu la chance de s’enfuir à temps, soit encore portée disparue dans les geôles érythréennes. Nous espérons que la libération de notre ami Dawit Isaac servira aussi à montrer à la communauté internationale ce qu’il en coûte d’avoir des revendications démocratiques à Asmara et qu’il est urgent de faire libérer au plus vite ses confrères prisonniers. »

Dawit Isaac a été libéré tôt dans la matinée du 19 novembre 2005 de la prison Karcheli, à Asmara, la capitale érythréenne. Il a pu téléphoner à son épouse, qui vit en Suède, ainsi qu’à Leif Öbrink, président de l’association « Free Dawit Isaak ». Affirmant qu’il se sentait « vraiment bien », il leur a par ailleurs annoncé qu’il avait l’intention de venir les retrouver en Europe dès que possible. Leif Öbrink a estimé que la libération de son ami avait été rendue possible par les efforts de l’ambassadeur de Suède à Asmara, Bengt Sparre.

Journaliste et propriétaire de l’hebdomadaire disparu Setit, citoyen suédois depuis les années 1980, Dawit Isaac, 41 ans, avait été arrêté le 23 septembre 2001, dans les grandes rafles policières qui avaient suivi la suspension de toutes les libertés civiles, cinq jours auparavant. Marié, père de trois enfants, il faisait partie des dix directeurs de journaux, rédacteurs en chef ou journalistes accusés sans preuve par le gouvernement d’être des « traîtres » et des « espions » de l’Ethiopie. D’abord détenu au commissariat de police n°1 d’Asmara, il avait été transféré au mois de mars 2002 à l’hôpital Halibet où il aurait été soigné pour les mauvais traitements subis dans sa cellule. Depuis son incarcération, les autorités suédoises avaient tenté, à plusieurs reprises, de lui rendre visite, mais le gouvernement d’Asmara avait toujours refusé.

Leonard VINCENT
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