13/01/06 (B332-B) Radio-Trottoir : Guelleh se plaint de Chirac ! La BBC mondialise la plainte de Guelleh devant la CIJ, en dépit du fait qu’elle est déjà caduque !!! (Correspondant)

Kuti geya forok haw iyya (proverbe afar)
(Chien gâté fait trop de bruit)

Depuis mercredi dernier, les Djiboutiens commentent largement les derniers soubresauts de l’affaire Borrel, pardon, de l’affaire du juge français retrouvé mort à Djibouti en octobre 1995. Tout aurait commencé mercredi soir, quand la BBC en langue somalie a annoncé une plainte de Djibouti contre la France auprès de la Cour Internationale de Justice (CIJ) de La Haye.

Le service somali de la BBC, capté sur FM à Djibouti, a réalisé un scoop en divulguant cette information avant les médias djiboutiens. Pourquoi cette radio internationale, bien écoutée à Djibouti, a-t-elle eu la primeur d’une décision officielle du gouvernement djiboutien ?

Pour essayer de comprendre cette nouveauté, un petit retour en arrière s’impose : il y a plus de deux semaines, une vieille djiboutienne, nomadisant dans la région du Mont Moussa Ali, serait venue à Djibouti-ville après avoir tardivement appris que des civils ont été tués par la police fin novembre à Arhiba. Une fois sur place, elle a été rassurée sur le sort de ses proches qui sont tous bien vivants, même si d’autres malheureux ont effectivement été tués le mercredi 30 novembre 2005. Son petit-fils, cadre au chômage depuis plusieurs années, lui aurait demandé : « grand-mère, qui t’a appris que des civils ont été tués à Arhiba ? » Elle lui aurait répondu : « je n’ai pas de poste radio, mais des voyageurs en provenance de Djibouti m’ont appris cette triste nouvelle. »

Si le dossier de la médiatique affaire Borrel intéresse tant de Djiboutiens, c’est parce que les médias publics ont tant parlé de cette triste histoire du juge français, retrouvé mort au Goubet le 19 novembre 1995.

Que la BBC et surtout son service somali s’en saisissent à nouveau maintenant ne peut que servir le pouvoir djiboutien aux abois. Dans tous les cas, il faut espérer que les crimes du régime djiboutien contre ses propres civils depuis plus de 20 ans, seront bientôt à la une de la presse internationale et des radios étrangères.

La BBC, prompte à « mondialiser » la plainte de Guelleh contre la France au sujet de la mort d’un seul homme, serait bien inspirée de suivre le mouvement planétaire ce jour-là. Puisse la vérité éclater au grand jour et éclairer le monde silencieux des criminels de tout poil, fussent-ils des chefs d’Etat. Après Pinochet et Hissène Habré