31/01/06 (B335-A) LDDH : il serait intéressant de savoir si le Gouvernement de Djibouti soumet normalement son rapport annuel à l’UNICEF ?


Le Président

COMMUNIQUE DE PRESSE
DU 30 JANVIER 2006

Lutte contre la sécheresse :
Le régime démarche même les enfants !

« Nul enfant ne fera l’objet d’immixtions arbitraires ou illégales dans sa vie privée,
sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d’atteintes illégales à son honneur et à sa réputation… ».
Article 16 de la Convention des Droits de l’Enfant

Pourtant prévue depuis plus de six mois par le système des Nations Unies, la sécheresse qui frappe l’arrière-pays djiboutien mobilise les pouvoirs publics comme jamais auparavant. Ainsi, comme si les salariés n’avaient pas été suffisamment ponctionnés, c’est vers leurs progénitures que le régime lorgne à présent, à travers une campagne auprès des écoliers obligés de contribuer eux aussi à l’effort de solidarité (cf. prospectus édité à cet effet par le ministère djiboutien de l’Education Nationale).Au lieu d’un nécessaire travail de sensibilisation, c’est tout simplement une sommation faite aux écoliers de rapporter leurs contributions en nature « au plus tard le 1er février 2006 ».

Questionnement suite à une propagande contre la sécheresse.
Si les parents d’un enfant refusent de participer à ce genre de collectes, est-ce que l’enfant est en droit de voler du sucre, des lentilles, du riz de ses parents ?

Est-ce que l’enfant sera renvoyé de son école si au plus tard mercredi 1er février 2006 (dernier délai), il ne remet pas à son enseignant, à son directeur d’école les quelques kilos de riz, de pâtes, de sucre, des dattes, des lentilles, du lait en poudre (soit minimum 1000 FD par enfant. Pour une famille de 5 enfants, alors c’est 5.000 FD : de quoi nourrir pendant 10 jours une famille de cinq enfants avec qu’un repas par jour, comme pour de nombreuses familles djiboutiennes).

Enfin que va ressentir un enfant, qui vient les mains vides face à des enfants de parents aisés, lui, dont les parents se sont encore endettés pour calmer ses pleurs?

Est-ce que les autres enfants durant les heures de récréations ne vont pas se moquer de lui ?

Est-ce que le Ministère de l’Education a pour rôle de provoquer la zizanie entre les enfants et les parents ?

A-t-il pour rôle de blesser à jamais dans son for intérieur cet enfant dont les parents sont totalement démunis, et ne font que survivre?

Est-ce que le rôle de l’Education nationale consiste à obliger les écoliers et les collégiens de participer à des manifestations de rue ou devant leur école/collège, lorsque des personnalités politiques sont en tournée souvent dans un but partisan ?

Demain dans cette même logique, la Police politique ne serait-elle pas tentée de surveiller les parents à travers les enfants comme dans les régimes de dictature ?

Est-ce que la République de Djibouti, Etat partie à la Convention relative aux droits de l’Enfant, assure effectivement les dispositions essentielles de cet instrument concernant la survie et le développement de l’enfant dont les parents sont économiquement fragilisés ?

Parents encore plus paupérisés après la dernière élection présidentielle, suite aux mesures antisociales, de paiements obligatoires (en cash et avant hospitalisation) applicables même aux familles les plus démunies ; décision prises par arrêtés présidentiels ou ministériels, et ce dans tous les hôpitaux et dispensaires gérés par l’Etat.

Il va sans dire que le Budget de la Santé en République de Djibouti (surtout en ses chapitres matériels et médicaments) est essentiellement financé par les aides des pays amis et des organisations Internationales.

Nul n’ignore non plus que, pour leur part, des personnalités Djiboutiennes, sur leurs fonds propres, apportent aussi des dons substantiels en matériels et autres aides publicitaires aux structures sanitaires publiques (la RTD et le journal la Nation s’en font souvent l’écho).

Est-ce qu’en République de Djibouti, Etat partie, l’Enfant est enregistré aussitôt conformément aux dispositions de l’article 7 de ladite Convention, alors que ses parents, privés de toute pièce d’identité nationale, sont maintenus en état d’apatride depuis l’Indépendance ?

Et l’UNICEF, mis à part son soutien indéfectible, appréciable et encourageant pour les familles les plus démunies, n’a-t-il pas aussi pour mission de dénoncer les violations les plus flagrantes en matière de protection, de sécurité, de soins et de privation des éléments constitutifs de son identité (article 8 de ladite Convention, article 24 alinéa 1 et 2 b) ?

Aussi, dans le cadre de la Formation pour le respect des Droits de l’Enfant, la Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH) tient à exprimer sa désapprobation face à une coutume politique consistant à instrumentaliser des écoliers et des collégiens en les démarchant à des fins surtout partisane (articles 29, 36).

La Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH) reste inquiète, face au drame de la sécheresse dans la Corne de l’Afrique et en Afrique de l’Est, qui a été annoncé par les Nations Unies:

1. considère que ce genre de démarchage et de contraintes contreviennent aux dispositions de l’article 16 susmentionné de la Convention des Droits de l’Enfant ;

2. demande en conséquence au Ministère de l’Education de ne plus utiliser à l’avenir les enfants pour procéder à des collectes directes auprès de leurs parents et d’éviter de telles dérives, surtout quand des impératifs plus partisans que politiques sont avancés ;

3. déplore l’inaction des pouvoirs publics face à la sécheresse, à cette catastrophe naturelle, prévisible, prévue et qui perdure depuis des années sans aucune action tangible de la part des Autorités Centrales incapables de mettre jusqu’à ce jour une réelle politique de Décentralisation. ;

4. déclare, que la lutte contre la désertification (inaction de l’IGAD devenu plus précisément un organe purement politique) doit être la base même du combat contre la sécheresse. ;

5. constate que le Plan ORSEC en République de Djibouti est à chaque fois non opérationnel tant pour prévenir la sécheresse que pour pallier les inondations ;

6. encourage la future décision législative de mise en place d’un mécanisme de gestion des catastrophes qui mettra, peut-être, fin au manque de prévision, à l’absence d’une politique de planification au niveau gouvernemental ;

7. dénonce les détournements des Deniers publics et des Biens sociaux ;

8. exige la création d’un Comité indépendant AD HOC chargé du contrôle et des suivis des aides aux sinistrés.

M.NOEL ABDI Jean-Paul