11/03/06 (B341-A) Appel urgent de la FIDH et de l’OMCT en faveur des syndicalistes incarcérés et harcelés par le régime.
Appel urgent du FIDH et de l’OMCT pour détention arbitraire et poursuite judiciaire de syndicalistes djiboutiens
APPEL URGENT DE LOBSERVATOIRE, jeudi 9 mars 2006
Détentions arbitraires / Poursuites judiciaire – DJI 001 / 0206 / OBS 016.3
LObservatoire a été informé par la Ligue djiboutienne des droits Humains (LDDH) et lUnion djiboutienne du Travail (UDT) de linculpation de M. Mohamed Ahmed Mohamed, responsable aux affaires juridiques de lUnion des Travailleurs du port (UTP) de Djibouti, et de M. Djibril Ismael Egueh, secrétaire général du Syndicat du personnel maritime et du service de transit (SP-MTS), deux organisations affiliées à lUDT, pour « livraison dinformations à une puissance étrangère ».
APPEL URGENT – LOBSERVATOIRE
LObservatoire pour la protection des défenseurs des droits de lHomme, programme conjoint de la Fédération internationale des ligues des droits de lHomme (FIDH) et de lOrganisation mondiale contre la torture (OMCT), a reçu de nouvelles informations et vous prie dintervenir de toute urgence à propos de la situation suivante à Djibouti.
Nouvelles informations :
Selon les informations reçues, le 8 mars 2006, MM. Mohamed et Egueh ont comparu devant le juge dinstruction. Au terme dun long interrogatoire, MM. Mohamed et Egueh ont été informés des charges retenues contre eux et ont été placés sous mandat de dépôt, à la prison de Gabode à Djibouti. Selon le Code pénal djiboutien (articles 137 à 141), les deux syndicalistes sont passibles de 10 à 15 ans de prison et de 5 à 7 millions de francs djiboutiens (24 à 34 000 euros environ) damende.
LObservatoire condamne fermement la détention arbitraire et les poursuites judiciaires à lencontre de MM. Mohamed et Egueh, qui constituent une entrave à la liberté syndicale au regard des engagements internationaux de la République de Djibouti tels que le Pacte international sur les droits civils et politiques, les Conventions fondamentales de lOIT et la Déclaration sur les défenseurs des droits de lHomme, adoptée par lAssemblée Générale des Nations unies le 9 décembre 1998. De plus, ces détentions arbitraires sinscrivent dans le cadre plus général dactes de harcèlement récurrents à lencontre des défenseurs des droits économiques et sociaux à Djibouti, en particulier les représentants syndicaux, et ce en violation de la Convention (n°98) sur le droit dorganisation et de négociation collective de lOrganisation internationale du travail, ratifiée par Djibouti en août 1978.
Rappel des faits :
Le 20 février 2006, M. Mohamed Ahmed Mohamed et M. Djibril Ismael Egueh avaient été arrêtés par les forces de police et détenus aux bureaux de la Brigade criminelle pendant 48h, sans quaucune charge nait été prononcée contre eux. MM. Mohamed et Egueh étaient revenus la veille dun séminaire de formation syndicale en Israël, organisé par lInstitut international de la centrale syndicale israélienne Histadrut. La police les avait interrogés sur leurs activités syndicales et sur les buts et motifs de cette formation. MM. Mohamed et Egueh avaient été libérés le 22 février, mais leur passeports leur avaient été confisqués, et ne leur ont toujours pas été restitués.
Le 5 mars 2006, M. Mohamed et M. Egueh ont de nouveau été arrêtés et placés en garde à vue, en isolement, dans les locaux de la brigade criminelle de la Force nationale de police. Le secrétaire général et le secrétaire aux relations internationales de lUDT, venus sinformer des motifs de leur détention, nont pas été autorisés à rencontrer les détenus, et se sont vus préciser par les policiers que larrestation de MM. Mohamed Ahmed Mohamed et Djibril Ismael Egueh avait eu lieu sur instruction des plus hautes autorités de lEtat et du gouvernement.
Le même jour, après avoir entendu une première fois MM. Mohamed et Egueh, la police a perquisitionné leurs domiciles, alors que ces derniers étaient toujours en détention, et confisqué lensemble des documents trouvés sur place, dont ceux concernant les activités syndicales des deux hommes. Aucun mandat ne semble avoir été présenté à cette occasion.
Actions demandées :
LObservatoire vous prie de bien vouloir écrire aux autorités djiboutiennes et de leur demander de :
i. garantir en toutes circonstances lintégrité physique et psychologique de M. Mohamed Ahmed Mohamed et M. Djibril Ismael Egueh ;
ii. procéder à leur libération immédiate et inconditionnelle en raison du caractère arbitraire de leur détention ;
iii. veiller à ce que leur droit à un procès juste et équitable soit garanti en toute circonstances, afin que les charges retenues contre eux soient abandonnées en raison de leur caractère arbitraire ;
iv. mettre fin à toute forme de harcèlement et de représailles à lencontre de MM. Mohamed Ahmed Mohamed et Djibril Ismael Egueh, ainsi que contre lensemble des membres ou responsables de syndicats et des défenseurs des droits de lHomme à Djibouti, afin quils puissent mener leur activité de défense des droits de lHomme librement et sans entrave ;
v. se conformer aux dispositions de la Déclaration sur les défenseurs des droits de lHomme, adoptée par lAssemblée Générale des Nations unies le 9 décembre 1998, et plus particulièrement son article 1 qui dispose que chacun a le droit, individuellement ou en association avec dautres, de promouvoir la protection et la réalisation des droits de lHomme et des libertés fondamentales aux niveaux national et international, son article 5 susmentionné, ainsi que son article 12.2, qui dispose que lEtat prend toutes les mesures nécessaires pour assurer que les autorités compétentes protègent toute personne, individuellement ou en association avec dautres, de toute violence, menace, représailles, discrimination de facto ou de jure, pression ou autre action arbitraire dans le cadre de lexercice légitime des droits visés dans la présente Déclaration ;
vi. se conformer plus généralement aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de lHomme, ainsi quaux instruments internationaux et régionaux de protection des droits de lHomme auxquels Djibouti est partie.
Adresses :
· Son Excellence Ismail Omar Guelleh, Président de la République, Palais du Peuple, BP 109, Djibouti Ville, République de Djibouti. Tel / Fax : 00 253 354060 / 47 71.
· Monsieur Mohamed Barkat Abdillahi, Ministre de la justice, des affaires pénitentiaires et musulmanes, chargé des droits de lhomme, BP 12, Djibouti Ville. Tel / Fax : 00 253 35 40 21 / 54 20.
· Monsieur Houmed Mohamed Dini, Ministre de lemploi et de la solidarité nationale. Cité ministérielle, BP 155-170, Djibouti Ville, République de Djibouti. Tel / Fax : 00 253 35 72 68.
***
Paris – Genève, le 9 mars 2006
Merci de bien vouloir informer lObservatoire de toutes actions entreprises en indiquant le code de cet appel. LObservatoire, programme de la FIDH et de lOMCT, a vocation à protéger les défenseurs des droits de lHomme victimes de violations et à leur apporter une aide aussi concrète que possible.
LObservatoire a été lauréat 1998 du Prix des Droits de lHomme de la République Française.
Pour contacter lObservatoire, appeler La Ligne dUrgence : E-mail : Appeals@fidh-omct.org Tel et fax FIDH : + 33 1 43 55 20 11 / 33 1 43 55 18 80 Tel et fax OMCT : +41 22 809 49 39 / 41 22 809 49 29