01/04/06 (B344-A) Elections : Observations « à chaud » du deuxième tour de la mascarade servie par Guelleh. (Lecteur).


Illustration Roger Picon

Ce lendemain du vendredi 31 mars 2006 dit du « deuxième tour des élections communales et régionales à Djibouti », il n’est nul besoin d’attendre les résultats officiels pour tirer des enseignements qui d’ores et déjà ne trompent pas.

Voici les premiers éléments de la journée pris sur le vif.

Les bureaux de « vote » de Boulaos, Balbala et Ali-Sabieh ont été le théâtre ce vendredi d’une chasse sévère à l’abstention mais aussi à toute participation sereine des délégués des listes non RPP au déroulement du « scrutin ».

Signe fort de l’abstention phénoménale de son côté, le ministre de l’intérieur a été appelé à la rescousse pour décider de prolonger arbitrairement l’ouverture des bureaux de vote jusqu’à 19 heures locales au lieu de 18 heures, comme prévu.

Les éditions gouvernementales de la Radio et Télévision de Djibouti (RTD) et de l’Agence Djiboutienne d’Information (ADI) ont reconnu d’emblée la réalité d’une participation faible aux « votes ». Ce qui est peu dire de la nature effective du taux d’abstention qui restera à déchiffrer demain entre les lignes des communiqués publics officiels.

La RTD parle même sur son site de « pronostics à la sortie des bureaux de vote » selon lesquels « la participation constitue la principale fausse note de ce scrutin tant il paraissait faible ».

Parmi les urnes destinées aux bulletins de vote, une urne en bois, donc opaque en violation des lois en la matière, trônait au grand jour sur une table dans un bureau de vote à Boulaos.

D’autre part encore, des communiqués des organes de presse RTD et ADI parlent sans rire de « scrutins déroulés dans le calme», alors qu’ils ont tenté de minimiser les incidents d’Ali-Sabieh. C’est là que des délégués de la liste « Ensemble pour l’Avenir » ont été empêchés de rester à proximité des urnes et ont dû se défendre main à main face à des militants RPP dans trois bureaux de vote à Holl-Holl, Doudoub-Balalé et Galileh.

Cette empoignade pourrait être liée à une tension causée par la présence inattendue d’un panneau géant affichant le nom « Guelleh » à l’entrée de certains bureaux de vote dans le district d’Ali-Sabieh.

Toujours dans cette ville mythique de l’abstention record, on pouvait voir une file indienne de plusieurs mètres de femmes, rien que des femmes, qu’on dirait dépêchées par convoi spécial sur les lieux à la demande de l’UNFD, l’association de femmes présidée par la première dame du pays.

La rumeur ne dit-elle pas qu’à Djibouti 7.000 femmes renseigneraient sérieusement et de façon régulière le SDS, le service de documentation et de sécurité ? Il est vrai qu’il n’y a pas de sot métier…et qu’il faut bien gagner un peu d’argent pour nourrir la famille.

Enfin selon une observation également digne d’intérêt, on apercevait au journal télévisé de la RTD vendredi soir, de soi-disant votants en train « d’accomplir leur devoir » et de poser tout sourire devant les caméras de la RTD en face d’assesseurs recueillant leur bulletin et affichant le même sourire éclatant. C’est là une preuve qui ne trompe pas d’un jeu de communication qui résume ce jeu de vote.

Mohamed Ali