14/05/06 (B350-A) En finançant les Chefs de milice en Somalie, les Américains ont-ils ouvert la boite de Pandorre. Les moyens mis à leur disposition ont-ils permis de réveiller les luttes internes, faisant plus d’une centaine de victimes (au minimum) ? (Source AFP)

MOGADISCIO (AFP) – Les chefs de guerre, soutenus par les Etats-Unis, ont déployé des centaines de renforts supplémentaires samedi dans Mogadiscio, au septième jour de combats contre les miliciens des tribunaux islamiques qui ont fait au moins 111 morts, selon des témoins.

« Il est temps de sauver les habitants de Mogadiscio et de mettre fin au bain de sang », a déclaré Ahmed Muhamoud, un des hauts responsables de l’Alliance pour la restauration de la paix et contre le terrorisme (ARPCT), composée de chefs de guerre appuyés par Washington.

Un chef de guerre de l’alliance, Abdi Hassan Quybdid, a déployé samedi dans la capitale 12 pick-up surmontés de mitrailleuses, a-t-on appris auprès de ses proches.

De violents combats à l’arme lourde se sont déroulés samedi pour le septième jour consécutif, les deux groupes se battant pour le contrôle de Mogadiscio.

Ils s’étaient déjà affrontés en février et mars, mais les hostilités de cette semaine sont de loin les plus meurtrières. Il s’agit aussi de l’une des batailles les plus sanglantes depuis le début de la guerre civile en Somalie en 1991.

Au total, les affrontements en pleines rues de Mogadiscio ont fait au moins 111 morts depuis le 7 mai, dont 11 pour la seule journée de samedi, selon un bilan compilé par l’AFP à partir de témoins, de sources médicales et de secours.

Il pourrait cependant être bien plus élevé car les miliciens enterrent leurs morts pendant la nuit pour éviter de révéler leurs pertes, selon des résidents. « Mais les morts civils sont toujours visibles », a noté un témoin sous couvert d’anonymat.

« De nombreuses autres victimes n’ont pas été comptabilisées à cause des hostilités qui se poursuivent », a affirmé à l’AFP Mohamed Jumale, un habitant de Sisi. « Aujourd’hui, c’est le jour le plus violent depuis le début de la semaine », a-t-il estimé.

« Les parties en conflit ne visent pas les civils directement, mais la plupart des victimes sont tués par des balles perdues, des obus de mortiers ou des tirs de mitrailleuses qui transpercent leur habitation de mauvaise qualité », a expliqué un chef coutumier, Mohamed Hirsi.

Au moins 70% des habitants des quartiers les plus touchés par les affrontements ont fui, selon des résidents.

Les appels au calme lancés vendredi par le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, et les Etats-Unis, et samedi par les autorités somaliennes de transition sont restés lettre morte.

« Je supplie les deux parties à Mogadiscio de faire preuve d’humanité et d’arrêter la guerre », a déclaré samedi le président du Parlement somalien de transition, Sharif Hassan Sheikh Aden, à la presse à Nairobi, capitale du Kenya voisin.

Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a lui qualifié de « terroristes » les seigneurs de guerre. « La seule solution à l’actuelle impasse en Somalie est de soutenir le gouvernement démocratiquement choisi, de l’aider à consolider son rôle et de frapper d’une main de fer quiconque voudrait ramener la Somalie à la guerre », a affirmé M. Moussa.

Les services de renseignements occidentaux soupçonnent fortement les tribunaux islamiques de Mogadiscio, qui connaissent une montée en puissance depuis 2004, d’abriter des extrémistes musulmans, dont certains liés au réseau Al-Qaïda d’Oussama ben Laden.

Selon des sources américaines et diplomatiques dans la région, l’ARPCT, créée pour stopper l’avancée des tribunaux islamiques, a reçu dès sa création en février un soutien financier des Etats-Unis, dans le cadre des opérations secrètes de la lutte antiterroriste.