20/05/06 (B351-A) LDDH : terreur et famine dans le Nord. Communiqué du 19 mai 2006.


Le Président

COMMUNIQUE DE PRESSE
DU 19 MAI 2006

Terreur et famine dans le Nord !

 

Le blocus alimentaire et sanitaire, en vigueur depuis le 13 mai 2006 dans le nord, ne cesse de s’aggraver dangereusement surtout dans la région d’Obock, apparemment placé sous administration militaire.

Les populations d’Obock ville et de son arrière-pays vivent sous la terreur imposée par des militaires déployés en surnombre.

Après l’arme de la faim, les arrestations abusives et les ratissages systématiques sont devenus le lot quotidien des habitants de cette région martyre, première victime d’une décentralisation avortée.

Ainsi, comme en 1979 et 1991, l’armée gouvernementale y empêche tout ravitaillement des civils de l’intérieur, confisquant même les maigres vivres des ruraux fatalement condamnés à la famine.

Pire encore, les Forces Armées gouvernementales harcèlent et arrêtent systématiquement les civils de Mabla, Indaï, Assasane, Soublali et Obock ville.

Incarcérés dans un premier temps à Waddi (40 km à l’ouest) et dans des casernes d’Obock, une quarantaine d’entre eux malmenés et affamés ont été embarqués à bord d’un boutre cet après-midi.

Des dizaines d’Obockois, qui tentaient d’empêcher le transfert vers Djibouti de ces malheureux bergers, ont été violemment dispersés à l’Escale d’Obock, provoquant l’ire des militaires nerveux qui n’ont pas hésité à ouvrir le feu sur les protestataires, heureusement sans faire de blessés.

Un carnage a été évité in extremis grâce à l’interposition de certains soldats.

Force est de relever, que la situation dans cette région s’est dégradée au lendemain de la visite du représentant de l’Union Européenne, venu semble-t-il suivre l’évolution d’un chantier de construction financé par son Organisation.

Il est regrettable que tout se passe comme si l’Union Européenne qui avait apporté son soutien politique et un début de financement aux Accords de Paix de 2001, cherchait désormais à enterrer ces Accords de concert avec le Gouvernement Djiboutien.

Dans cette hypothèse, et profondément préoccupée par l’évolution de la situation dans le Nord, la Ligue Djiboutienne des Droits Humains (LDDH) :

  • rappelle que la paix civile est gravement menacée dans le Nord de notre pays ;
  • dénonce fermement l’arme de la faim et la terreur à l’encontre des citoyens du Nord ;
  • demande à l’Union Européenne de cesser de financer l’injustice et la répression en République de Djibouti ;
  • prie le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU de se pencher sérieusement sur la situation des Droits de l’Homme en République de Djibouti ;
  • exhorte les Forces de la Coalition anti-terroriste à s’impliquer davantage afin d’éviter à notre pays de connaître les affres d’une nouvelle guerre civile ;
  • encourage toutes les victimes de cet injuste blocus dans le Nord à chiffrer leurs pertes en vue de porter des plaintes contre l’Etat auprès du Tribunal du Conseil du Contentieux Administratif, récemment réactivé.

M. NOEL ABDI Jean-Paul