29/05/06 (B352-A) Djibouti – Tout homme de courage devient un homme public le jour où il contribue à ce que le tyran mette un genou en terre. (Africanman).

Écrire un texte de plus, on pourrait se poser la question de savoir à quoi bon cela peut-il servir encore quand le simple fait de s’exprimer et de mettre en cause la pensée unique du pouvoir à Djibouti relève du crime de lèse majesté !!

Pour justifier l’acte et sans aucune autre prétention, je prétends qu’écrire et témoigner ainsi de ce que l’on a constaté, de ce l’on a vécu et de ce que vivent encore les familles à Djibouti – ou simplement apporter sa propre opinion – sont devenus aujourd’hui une obligation pour quiconque se prétend être opposant à la tyrannie de la pensée unique.

Alors que l’on sait qu’à Djibouti « mettre en accusation le régime d’IOG relève de la prison et de la torture tant physique que morale », le silence d’une partie de l’opposition en exil est – à mon sens – synonyme de désespoir, d’une forme de démission et d’abandon face à tous les excès du système Ismaïl Omar Guelleh Le thème n’est plus qu’un support pour répéter le même discours. Le NON franc et sans aucune ambiguïté : mesdames, messieurs qui avez la prétention d’être d’opposition vous devez réagir, témoigner avec courage, ne pas faire que …souhaiter un « autre Djibouti » pour vos familles, pour un meilleur demain pour vos enfants mais Agir pour ce faire.

Le chemin de la liberté se construit aussi par les vérités que l’on oppose au tyran.

Résister par le verbe serait-ce « la plus faible des piétés » peut paraître inconsistant a priori et ne produire aucun changement. Mais la plus grande des bénédictions ne vient-elle pas d’une juste affirmation face à l’abject, de défendre ses droits et sa liberté ?. Les nouvelles idées et le courage que l’on peut mettre dans nos actes ont la faculté de dissoudre et surtout construire des empires entiers.

La vérité pour être juste ne se suffit pas d’être cachée au fond d’une secrète conviction. Pour se réaliser elle a besoin d’être affirmée, répandue et confronter le débat et la libre évaluation des gens. Bâillonner, censurer leur droit inné à s’exprimer librement n’a jamais empêché personne de penser et surtout d’écrire. A la lecture de la longue histoire de ce monde, force est de constater comment ces humiliations de refoulement peuvent avoir de force et exploser sans préavis, sans débat et sans justification si ce n’est un besoin de vérité et de justice.

Le triste apanage des tyrans qui sont – ou furent au pouvoir depuis la création de leur pays – est qu’ils ont pu accéder à leur position dominante que sur les cadavres de leurs prédécesseurs et des « gêneurs ». Leur point commun est qu’ils ont tous érigés leurs trônes sur les crânes troués et les os brisés de leurs adversaires – sur leur tombe. Qu’ils soient les auteurs directs ou les héritiers de la tyrannie, la seule source des pouvoirs illimités dont ils jouissent c’est la peur et la terreur qu’ils suscitaient et suscitent encore autour de leur pouvoir et dans l’ensemble de tous leurs « sujets ».

On définit parfois certains hommes comme des animaux qui rient. On pourrait surtout les définir comme des animaux dont on rit…amèrement.

Si disposé que l’on puisse être à prêter aux animaux toutes sortes de sentiments et d’intentions, on ne peut pourtant pas supposer du courage même dans les plus féroces d’entre eux. C’est merveille comme, après avoir donné un moment l’image de l’audace la plus déterminée chez l’animal, il s’enfuie ou se cache le plus simplement du monde. C’est vraisemblablement l’un des traits majeurs qui différencie l’homme de l’animal, l’homme de courage du lâche, l’homme de bien du tyran.

On définit souvent l’homme par la raison, et cette définition convient à tous si l’on sait apercevoir la raison dans toutes ses passions, car ce n’est pas peu de chose que de se tromper. Mais l’on pourrait aussi définir l’homme par le courage, car rien n’est plus commun, on pourrait dire plus ordinaire, et le premier venu, dans une catastrophe ou dans une guerre, s’élève d’un mouvement aisé, et sans fureur animale, au-dessus des circonstances les plus terrifiantes. La bonne foi ne serait-elle pas la vertu la plus belle est aussi la plus commune ?

On peut concéder à tout homme – quel qu’il soit – la peur aussi ; car on ne peut penser que l’animal ait peur ; certes il fuit, mais ce n’est pas la même chose ; et tous ces efforts d’idolâtrie pour laisser à l’animal quelque faible sentiment, même de ses maux, sont décidément vains. La raison est entière, clairvoyante et inflexible dans la peur même ; la peur peut être royale, comme le courage mais elle est humaine.

On a assez remarqué que la peur est plus grande de loin, et diminue quand on approche. Et ce n’est point parce qu’on imagine le danger plus redoutable qu’il n’est ; ce n’est pas pour cela, car à l’approche d’un danger véritable on se reprend encore.

C’est proprement l’imagination qui fait peur, par l’instabilité des objets imaginaires, par les mouvements précipités et interrompus qui sont l’effet et en même temps la cause de ces apparences, enfin par une impuissance d’agir qui tient moins à la puissance de l’objet qu’aux faibles prises qu’il nous offre. La peur est aussi mauvaise conseillère, elle prône en soi l’inertie.

On dit quelquefois qu’alors l’humain qui donne sa vie ; mais il faut bien l’entendre ; il se donne non à la mort, mais à l’action. C’est pourquoi on voit que, dans les guerres, la peur et la haine sont à l’arrière ensemble, et le courage en avant, avec le pardon. Car on ne hait que par colère, qui est peur au fond ; je hais celui qui m’a fait peur ; mais celui qui m’aide à être libre, lucide et invulnérable, en me montrant l’image du héros résolu, celui-là je l’aime déjà.

Une des causes de la guerre est l’impatience qu’on a de la craindre. Le pressentiment aussi que cet état ne peut durer, et que le plus beau courage est au fond de cette crainte-là ; la guerre est comme un rendez-vous que l’on se donne ou auquel on nous y oblige – entre autres – par l’asservissement.

Mais pourquoi ?

Par cet esclavage de tous les jours, qui vient de ce que nous ne savons pas séparer le respect de l’obéissance. Quoi ? Tant d’hommes pour mourir, et si peu pour braver la tyrannie ? Il ne manque pourtant pas d’occasions d’oser. Oser estimer les valeurs véritables, le tortionnaire, si haut qu’il soit, pour ce qu’il est, le menteur pour ce qu’il est, le flatteur pour ce qu’il est, et tous selon l’esprit, pardonnant même tout par la vue claire, ce qui est plus dangereux encore. Mais tous ces guerriers vivent à genoux ; ils tremblent pour un tyran qui les asservit.

Le déclin du courage est peut-être ce qui frappe le plus un regard étranger dans l’Occident d’aujourd’hui. Le courage civique a déserté non seulement le monde occidental dans son ensemble, mais même chacun des pays qui le composent, chacun de ses gouvernements, chacun de ses partis.

Dès lors on comprend que quoi qu’il puisse se passer à Djibouti – à l’exception d’un soulèvement des populations contre le régime tyrannique de la pensée unique – nul, ou si peu en occident, iront y regarder de plus près ; essayer d’influer sur le régime d’IOG..

Ce déclin du courage – visible à l’extérieur du pays l’est aussi et surtout par évidence à l’intérieur – est particulièrement sensible dans la couche dirigeante et dans la couche intellectuelle dominante, d’où l’impression que le courage a déserté la société tout entière. Bien sûr, il y a encore beaucoup de courage individuel, bien sur il y a des opposants politiques qui agissent mais ce ne sont pas ces gens-là qui donnent sa direction à la vie de la société djiboutienne. Et si on leur enlève le droit à la liberté, à la représentativité, alors et lentement avec le temps on va les contraindre à la révolte – donc à la guerre – qui est la seule porte de sortie lorsque des années durant on est asservi par la pensée unique et la tyrannie qui en découle.

A qui seront alors imputables les désordres et les morts ? Qui portera la responsabilité du sang versé ?

Certains fonctionnaires politiques et intellectuels manifestent ce déclin, cette faiblesse, cette irrésolution dans leurs actes, dans leurs discours, et plus encore dans les considérations théoriques qu’ils fournissent complaisamment au pouvoir pour prouver que cette manière d’agir, qui fonde la politique d’un État sur la lâcheté et la servilité, est pragmatique, rationnelle et justifiée, à quelque hauteur intellectuelle et même morale qu’on se place.

Ce déclin du courage, qui semble aller ici ou là jusqu’à la perte de toute trace de virilité pour adopter la position de « carpette » devant le tyran, se trouve souligné avec une ironie particulière dans les cas où ces mêmes fonctionnaires – politisés que pour et par l’argent – sont pris d’un accès subit de vaillance et d’intransigeance à l’égard de courants d’opposition politique manifestement hors d’état de rendre un seul coup, manifestement ancrés dans l’immobilisme et les sempiternelles querelles internes.

La modération des faibles est toujours considérée comme médiocrité alors que leur langue sèche et que les mains de ces mêmes fonctionnaires se paralysent face aux gouvernements puissants et aux forces menaçantes de la Police politique, face aux agresseurs et à la terreur tyrannique imposée par la pensée unique.

Faut-il rappeler que le déclin du courage a toujours été considéré comme le signe avant-coureur de la fin ?

Ma foi en l’humain est une conviction qui doit rencontrer l’élan nécessaire pour se concrétiser. Le moment est exceptionnellement approprié il n’attend que ce déclic cette mobilisation généralisé des opposants à la tyrannie d’Ismaïl Omar Guelleh.

Si l’espoir et le courage étaient une graine, dans le désert je la planterais

Si l’espoir et le courage étaient une chandelle, alors je l’allumerais

L’espoir et le courage commencent par un vœu, je ne cesserai jamais de l’exprimer.

C’est essentiellement de l’espoir qu’il s’agit de retrouver et pour cela il faut du courage ; la volonté et non pas d’accepter d’être des éternels réfugiés partout en ce monde.

Notre terre c’est l’Afrique et nulle part ailleurs !!!.