04/06/06 (B353-A) Djibouti: un théâtre burlesque sous Ismaël Omar Guelleh. L’information est un pouvoir pour le développement de l’humain ; nul ne peut en contester le bien fondé. Liberté de l’information veut dire liberté intellectuelle. (Bouh Warsama)

Djibouti, un théâtre burlesque sous Ismaïl Omar Guelleh


Roger Picon

La politique menée depuis 7 années par IOG n’est autre qu’une comédie burlesque où des politiciens opportunistes et de circonstances – hommes et femmes – prompts au mensonge en arrivent à rire entre eux de leurs pantalonnades et de leurs incompétences récurrentes.

D’un scandale à l’autre, les citoyens n’en finissent pas de se découvrir bernés par ceux qu’ils n’ont pas élu mais qui se sont ou furent autoproclamés aux postes qu’ils/elles occupent. Au contraire de la croissance de son économie, le mensonge en politique à Djibouti ne connaîtrait ainsi pas de récession.

Djiboutiens et Djiboutiennes ont le sentiment profond de n’être que les pions insignifiants d’un grand « jeu pervers » dans lequel ils et elles sont les otages du pouvoir d’IOG ; homme sans scrupule, avide de pouvoir et d’argent. C’est du moins là un avis communément partagé, où point une amère désillusion devant le politique, que les récentes nouvelles turpitudes ont révélée – entre autres – par l’évident génocide relancé contre les populations du Nord et du Nord Est du pays.

Vérité et politique ne font pas bon ménage.

Notre époque a plus que jamais à craindre du mensonge politique, pour la raison que les médias de masse et la propagande gouvernementale et privée – soutenant le régime de la pensée unique – ont atteint une capacité de manipulation des faits sans précédent.

Les suites de l’affaire de l’assassinat du Juge Bernard Borrel en octobre 1995 à Djibouti sont l’un des exemples de ce que nous affirmons.

Les mensonges que tente de nous imposer Ismaïl Omar Guelleh se pratiquent au vu de tous, et souvent à l’égard de faits connus de tous. Telle tragédie, tel événement encore récent peut subitement disparaître des registres officiels ou subir une réécriture. C’est ainsi que la possibilité de mensonge complet et définitif est le danger qui naît de sa méthode de manipulation des faits. Ce danger s’accroît avec le recours généralisé à l’image dans sa propagande ; de même, il lui suffit pour ce faire de choisir ses cibles, de mettre de très gros moyens financiers sur la table, d’acheter telle ou telle conscience et le plus gros des mensonges devient supposée vérité ; l’échec le plus cuisant se transforme en une réussite éclatante quitte à falsifier les chiffres, tel assassinat d’un « fouineur » ne serait qu’un suicide…etc….

On dit souvent que le principal ressort du mensonge est la tromperie de soi. La propagande n’a prise sur les consciences que si de vastes pans de la population s’y laissent adhérer, ou si on la désinforme pour majeure partie et qu’on l’asservit dans le même temps par la terreur comme c’est le cas à Djibouti. La manipulation grossière et délibérée des menteurs de l’appareil politique d’IOG a donc pour corollaires l’auto-aveuglement des foules et … « l’emploi du bâton » contre les récalcitrants.


Roger Picon
Si un tel dictateur a expédié tant de dissidents et d’opposants politiques au fond des tombes, ses partisans grassement financés et ligués contre le « péril opposition politique » ont étouffé la voix des familles éplorées. Que si un tel président a menti sur le prétexte faussement factuel de supposés actes de brigandage dans le Nord du pays, le journaliste qui met en doute les déclarations présidentielles sera forcément accusé d’être un mauvais patriote, un traître… ; donc à incarcérer !!!

Le fait que les mensonges – dont s’entoure IOG – ont fait des ravages sérieux est aussi qu’il engendre un cynisme aigu qui est le refus absolu de croire en la vérité d’aucune chose si bien établie, quelle que puisse être cette vérité. La substitution cohérente de mensonges à la vérité de fait endommage jusqu’à la capacité pour Ismaïl Omar même de croire en la distinction entre le vrai et le faux.

Si nous avons principalement en tête le mensonge gouvernemental d’IOG, n’oublions pas que celui-ci n’a rien inventé. Il a emprunté ses techniques à la publicité commerciale qui diffuse parfois de jolis mensonges dans l’espoir d’imposer un produit à tous.

Le mensonge est une donnée incontournable de la vie politique à Djibouti.

De même qu’il est illusoire de penser que les politiciens au pouvoir gouvernent et vont gouverner d’après les seuls faits, de même est-il indispensable de restreindre la tendance de tout pouvoir à manipuler les faits à son avantage. À cette fin, observons que les régimes libéraux réfrènent les excès du pouvoir par une constitution et des freins et contrepoids qui divisent la puissance publique. Mais la limitation constitutionnelle du pouvoir n’est pas un rempart suffisant contre le mensonge politique.

Puisque la vérité loge hors du politique, il importe alors de préserver dans la société «l’existence d’hommes et d’institutions» sur lesquels le domaine politique n’a pas de pouvoir pour trancher des questions de vérité. Déjà, au sein même d’un État responsable, le juge établit des faits allégués relativement à des particuliers.

Dans les universités, les sciences historiques et les humanités sont les gardiennes et les interprètes de vérités de fait.

Au juge et à l’Académie s’ajoute la presse. Si on attache une telle importance au travail des journalistes c’est que nous estimons que si la presse devenait jamais réellement un quatrième pouvoir, elle devrait alors être protégée contre le pouvoir du gouvernement et la pression sociale encore plus soigneusement que ne l’est le pouvoir judiciaire.

Il est un fait qu’IOG et sa « clique dirigeante » ont besoin des médias pour propager leurs mensonges édifiants. Or les Djiboutiens/Djiboutiennes doivent pouvoir compter sur une presse vraiment indépendante pour rétablir la vérité des faits occultés par les images gouvernementales. La concentration actuelle de la presse dans les mains d’IOG – qui interdit toute forme de presse qui ne lui serait pas inféodée – est un problème dont on n’a pas encore saisi toutes les graves conséquences et notamment le peu de chance de voir s’installer une amorce de démocratie aussi longtemps que le tyran sera au pouvoir.

L’information est un pouvoir pour le développement de l’humain ; nul ne peut en contester le bien fondé.

Pour cette raison le droit à l’information est un droit important car si le/la citoyen (ne) n’est pas correctement informé (e), leur vote ne veut absolument rien dire. D’évidence et comme pour beaucoup d’autres droits, des nombreuses conditions préalables relatives à un développement économique, social, culturel et politique harmonieux doivent être remplies avant de pouvoir réaliser le droit à l’information. Alors que les pays développés semblent avoir d’importantes opportunités pour le droit à l’information, les pays moins développés ou en développement sont encore loin d’un tel droit ; a fortiori lorsque la tyrannie de la pensée unique règne sur un pays comme c’est le cas à Djibouti.

Démocratie, liberté intellectuelle et droit à l’information

Il y a une étroite relation entre liberté intellectuelle et droit à l’information. En d’autres termes le concept du droit à l’information est basé sur celui de la liberté de l’information.

Liberté de l’information veut dire liberté intellectuelle. Les deux, la liberté intellectuelle et le droit à l’information appartiennent aux droits de l’homme qui protègent la condition humaine et son bon développement.

Cependant, les droits de l’homme qui préservent nos vies doivent être protégés par la démocratie du pays dans lequel nous vivons ; quand bien même ce pays pourrait être une « terre d’adoption », ou une terre « d’exil momentané ».

S’il n’y a pas de démocratie pour tous les membres de la société, ils/elles ne peuvent pas participer aux processus d’une décision et c’est la raison pour laquelle ils/elles auront besoin de droit à l’information dont le problème ne peut pas être pleinement résolu s’il n’y a pas une véritable liberté dans le pays concerné.

Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression…

«Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit.»

(Article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, 1948)

Prompte à enjoliver les pires excès du pouvoir, quoi que puisse en dire la propagande d’Ismaïl Omar Guelleh elle est plongée dans une controverse.

La situation touche à trois questions :

  1. jusqu’où sont prêtes à aller les autorités djiboutiennes pour restreindre la liberté de la presse écrite comme radio ou télédiffusée, donc la liberté intellectuelle et le droit à l’information ?
  2. jusqu’où sont prêts à aller ceux/celles qui se prétendent être « journalistes d’information » à Djibouti dans la caution qu’ils/elles apportent au régime de la pensée unique qui galvaude impunément toutes les libertés depuis plus de 7 années ?
  3. jusqu’où iront les dirigeants des pays bailleurs de fonds pour conserver les faveurs du tyran Ismaïl Omar Guelleh ?

Développement humain et droit à l’information

Certes, nous ne pouvons pas dire que la démocratie soit précisément appliquée dans beaucoup de pays dits « en développement », en dépit du fait qu’il y ait un peu plus de démocratie depuis 1980.

S’appuyant sur l’espérance de vie, taux d’aptitude à lire et à écrire…l’indice de développement humain…etc …, « l’index de démocratie » établi par la Banque mondiale nous montre cette stagnation, voire récession dans bon nombre de pays les moins développés.

Tableau : (Source: Organisation des Nations Unies)

Pays moins développés
Pays en développement
Pays industrialisés
Espérance de vie (années)
54.4
61.8
74.1
Taux d’aptitude à lire et à écrire
48.1
69.7
98.5

Taux de scolarisation cumulé de 1er, 2ème et 3ème cycles

36
56
83

Accès aux services de la santé [au soin]

49 %
80 %
100 %
PNB par habitant (US$)
210
1053
17221
Indices du développement humain
0.336
0.576
0.911

La pauvreté humaine constitue un déni des droits humains fondamentaux.

Pour promouvoir le progrès social et élever le niveau de vie dans un contexte plus large de liberté, les conventions internationales de droits de l’homme (on devrait dire droits de l’humain)… il est nécessaire de reconnaître les droits économiques et sociaux dans le but de lutter contre la pauvreté, trop souvent la misère et leurs conséquences.

Parmi ces droits sont à désigner la norme adéquate de niveau de vie, de nourriture, de l’habitation, d’instruction, de santé, de travail, de sécurité sociale et le partage des profits du progrès social.

Ces droits sont la condition sine qua non pour bénéficier du droit à l’information, tant sur le plan national qu’au niveau de l’individu.

Un être humain qui manque de nourriture essentielle, d’un logement convenable, de l’accès au soin afin de préserver sa santé, de possibilité de trouver un travail, d’une instruction, d’une formation professionnelle et d’une sécurité, ne sent pas le besoin d’utiliser le droit à l’information. Ce dernier est relégué en arrière plan de ses priorités.

Deux notions de développement humain sont à discerner. L’une se situe au niveau de l’individu, l’autre au niveau national.

Seules les personnes scolarisées, poursuivant des études peuvent utiliser le droit à l’information. Les analphabètes ne peuvent pas utiliser ce droit même s’ils en ont besoin autant que les autres.

Il existe une corrélation bien définie et établie entre le nombre des utilisateurs d’Internet, le PNB et le taux (degré) d’instruction.

Le taux d’immatriculation scolaire par région, selon le niveau d’instruction, est un bon paramètre qui démontre le niveau national d’accès au droit à l’information.

Selon les études effectuées, 64% de la population des pays moins avancés et 44% de la population des pays en développement sont dépourvus d’une scolarisation quelconque.

Cela veut dire que plus ou moins la moitié des populations de ces pays (78 % à Djibouti selon les statistiques non publiées…) ne peuvent pas utiliser le droit à information donc n’accèdent pas aux informations écrites.

Une autre situation négative est le rapport entre les dépenses pour l’éducation publique et le pourcentage du PNB à Djibouti. l’État djiboutien actuel contribue à moins de 2 % de son PNB (3.1% pour les pays les moins avancés …) pour ce qui concerne l’Éducation nationale et la Formation professionnelle mais il a l’outrecuidance de laisser croire que tout ce qui est fait à Djibouti dans ce domaine – comme dans bien d’autres comme la santé publique – le serait à partir des finances publiques locales alors que force est de constater que nous sommes dans l’un des mensonges les plus odieux du régime. Car ce sont la France, l’UE, les USA et plus globalement les pays bailleurs de fonds qui se substituent financièrement aux graves carences du régime dirigé par Guelleh.

Et cela signifie également qu’une priorité devrait être donnée à Djibouti à la création d’une future société qui soit capable de lire et d’écrire.

L’analphabétisme comme la misère et la « dépendance alimentaire » arrangent bien les affaires financières d’Ismaïl Omar Guelleh !!! et des caciques du pouvoir actuel !

Ils en vivent bien, même très bien !.