04/06/06 (B353-A) La crise en Somalie continue (deux articles signalés par un lecteur) En soutenant financièrement des Chefs de milice, les Américains ont-ils une responsabilité très lourde dans la reprise des combats qui font des centaines de victimes civils et qui rend impossible la vie dans la Capitale ?

_______________________________ Reuters Nairobi

NAIROBI (Reuters) – La crise humanitaire en Somalie, pays de la Corne de l’Afrique qui traverse une grave sécheresse, va se poursuivre jusqu’en décembre et risque d’être exacerbée par les combats dans la capitale Mogadiscio, qui ont déjà fait plusieurs centaines de morts, a déclaré vendredi un organisme d’expertise des questions alimentaires.

La sécheresse qui sévit en Afrique de l’Est a tué des centaines de personnes et des dizaines de milliers de têtes de bétail. Au moins 1,7 million de Somaliens, sur un total de 10 millions d’habitants, sont touchés par la sécheresse.

La Food Security Analysis Unit for Somalia (FSAU), organisme coparrainé par l’Union européenne et l’Agence américaine pour le développement international, estime que la saison des pluies n’est pas encore terminée mais « prévoit que la situation d’urgence humanitaire dans le sud de la Soma e va se poursuivre de juillet à décembre 2006 ».

La situation extrême du sud de la Somalie est aggravée par les perturbations dans l’approvisionnement des marchés et la mauvaise récolte céréalière annoncée.

De nouveaux combats ont été signalés entre milices rivales, dans la nuit de jeudi à vendredi, faisant 16 morts. Ces affrontements se sont déroulés dans un village à une quinzaine de kilomètres au nord de Mogadiscio, ont rapporté des témoins.

Environ 350 personnes ont péri lors de trois vagues de violences depuis le début de l’année, opposant des combattants islamistes à une coalition « anti-terrorisme » de seigneurs de la guerre que beaucoup disent être soutenus par les Etats-Unis.

________________________________________ AFP

Somalie: 11 morts au nord de Mogadiscio, manifestation anti-américaine
Par Ali MUSA ABDI

MOGADISCIO (AFP) – Onze personnes ont été tuées vendredi au nord de Mogadiscio dans des affrontements entre miliciens de chefs de guerre soutenus par Washington et des combattants supposés des tribunaux islamiques, tandis que 5.000 musulmans ont manifesté contre les Etats-Unis dans la capitale somalienne.

Depuis février, les combats entre la coalition de chefs de guerre de l’Alliance pour la restauration de la paix et contre le terrorisme (ARPCT) et les hommes aux ordres des tribunaux islamiques ont fait au moins 327 morts et 1.500 blessés, essentiellement des civils.

Cette longue bataille, destinée à prendre le contrôle de Mogadiscio, est l’une des plus meurtrières depuis le début de la guerre civile en 1991 dans ce pays de la Corne de l’Afrique.

De nouveaux combats ont eu lieu dans la nuit de jeudi à vendredi et vendredi matin dans la ville de Balad, située à environ 30 km de la capitale somalienne. Cette région avait déjà été le théâtre de violences jeudi entre les deux groupes.

« L’alliance a tué neuf combattants rivaux (…) et a perdu deux de ses hommes durant la bataille qui a fait rage pendant la nuit (de jeudi à vendredi) et vendredi matin », a déclaré un habitant de Balad, qui a requis l’anonymat.

A la mi-journée, les combats, déclenchés par l’ARPCT, avaient sensiblement diminué d’intensité, selon un autre résident.

Depuis la semaine dernière, les affrontements entre les deux camps ont fait au moins 89 morts, alors que les miliciens des tribunaux islamiques gagnent toujours plus de terrain.

Les hostilités de vendredi ont opposé les hommes alliés à Musa Sudi Yalahow, un membre de l’ARPCT, aux combattants de Moalim Ashi, qui soutient les tribunaux islamiques.

Depuis plusieurs jours, des combattants loyaux aux tribunaux islamiques se sont déplacés vers Balad pour couper une route, essentielle à l’approvisionnement de l’ARPCT et qui conduit à Jowhar (90 km au nord de Mogadiscio).

Dans la capitale, aucun combat n’a été signalé vendredi, mais environ 5.000 personnes ont manifesté contre les Etats-Unis, à l’appel des tribunaux islamiques qui ont comparé le président américain George Bush à un « nazi ».

« Les Etats-Unis soutiennent à tort les chefs de guerre en les finançant dans cette guerre », a lancé le président d’une alliance de 11 tribunaux islamiques, Sheikh Sharif Sheikh Hamad.

En mai, la Maison Blanche avait confirmé que les Etats-Unis soutenaient ce qu’elle a appelé des « partenaires » locaux pour empêcher que le réseau terroriste Al-Qaïda n’établisse une « tête de pont » en Somalie. Selon les services de renseignements occidentaux, les tribunaux islamiques de Mogadiscio abriteraient des extrémistes musulmans.

« Les nazis ont essayé de diriger le monde, ils ont échoué. Les pharaons égyptiens ont fait la même chose, ils ont échoué. C’est le même chemin que prend George Bush, et on peut voir sa fin infâme », a prédit un autre haut responsable religieux Sheikh Mohamoud Sheik Ibrahim, lors de la manifestation de vendredi.

« Nous envoyons un message au peuple américain pour leur dire qu’il ne devrait pas être induit en erreur par leur dirigeant épouvantable, qui est arrogant contre l’islam », a-t-il poursuivi devant des manifestants qui brandissaient dans le calme des livres du Coran.

De leur côté, des chefs coutumiers tentaient de négocier un cessez-le-feu, sans trop d’espoir.

« Nous contactons les deux parties impliquées dans le conflit et elles disent qu’elles veulent la paix, mais les commandants se préparent pour la guerre car ils ont positionné plus de combattants », a déclaré à l’AFP un chef coutumier, Ali Hassan, qui participe à la médiation.

« Avec cette orientation dangereuse (…), la situation va devenir hors de contrôle », a-t-il estimé.