06/06/06 (B353_A) La pire des démocraties à Djibouti sera de loin préférable à la meilleure des dictatures de la pensée unique. (Africanman)


Nous n’avons de cesse de dénoncer depuis des années le fait qu’à l’intérieur des frontières de la République de Djibouti, Ismaïl Omar Guelleh fait contrôler d’une « main de fer » la presse écrite et audiovisuelle. Nul n’échappe à cette surveillance – au mot à mot – exercée par un organisme composé de « conseillers » qui en fait appartiennent à la Police Politique (SDS) du régime.


 


Parler de Djibouti c’est aussi aller regarder dans le « jardin du grand frère » afin d’y voir ce qu’il s’y passe. Contrairement à une idée répandue, la liberté d’expression proclamée lors de la Révolution de 1789 n’a été appliquée en France que quatre ans et demi en deux siècles.


 


Vous avez bien lu : « seulement 4 ans et demi en 200 ans » !


 


Le contrôle exercé par l’État sur l’information a atteint son paroxysme dans les années 1944-54, période durant laquelle toute la presse a été nationalisée.


 


Ce qu’il faut savoir c’est que le « système actuel », quoique formellement respectueux des libertés (dont celle de sa Justice, comme dans l’affaire Borrel…), est contrôlé à tous les stades par les services du Premier ministre. « l’État » détient plus de la moitié du capital de l’AFP, offre des réductions conditionnelles des charges sociales et de la TVA, accorde des subventions directes aux « grands » quotidiens et censure les chaînes de radio et de télévision par le CSA ;


 


Le Conseil supérieur de l’audiovisuel est composé d’un Collège de neuf membres (les Conseillers) qui sont nommés par décret du président de la République. Trois sont désignés par le président de la République, trois par le président du Sénat et trois par le président de l’Assemblée nationale.


 


Pour en revenir à Djibouti, l’autocensure est omniprésente et les journalistes ne peuvent aborder certains sujets sans s’attirer les foudres des autorités qui leur envoie la Police Politique (SDS).


 


L’audiovisuel est au service exclusif du pouvoir en place avec une différence notable par rapport au « grand frère » c’est qu’il n’existe pas de CSA à Djibouti mais les SDS –  Services Djiboutiens de Sécurité – et la prison de Gabode pour les journalistes « récalcitrants » qui vont y croupir, souvent comme seule forme de « procès ».


 


Pressions et entraves au libre exercice du journalisme sont sans cesse observées et si cela ne suffit pas – comme nous l’avons dit – il reste l’incarcération sous un fallacieux prétexte (dont celui par trop facile « d’atteinte à la sûreté de l’État »…) pour ceux et celles qui prendraient la liberté de transgresser les consignes imposées du haut du Palais de l’Escale.


 


Rien d’étonnant à ce que chacun/chacune ménage ses critiques à l’encontre d’un gouvernement en pleine déliquescence et qui ne survit que grâce aux actions menées par les pays bailleurs de fonds et dont il s’attribue la paternité. Chaque chroniqueur se voit contraint de contribuer – parfois contre son gré – aux « mensonges de l’État », se forçant ainsi à respecter les limites de cette sacro sainte ligne rouge tracée par le pouvoir afin de ne pas subir l’implacable répression réservée aux « journalistes déviants ».


 


Djibouti sous IOG n’est qu’une démocratie de façade.


 


La presse et les médias officiels – entendez par là l’ADI, la RTD et le journal La Nation – publient exclusivement des articles et des émissions favorables au pouvoir de son Excellentissime le Tyran Ismaïl Omar Guelleh qu’il faut sans cesse encenser et auquel il faut trouver des qualificatifs de plus en plus ronflants à sa gloire.


 


A ce jeu là beaucoup y ont perdu non seulement leur dignité mais aussi leur âme.


Que sert au journaliste de gagner les faveurs d’un tyran, s’il y perd son âme ?


 


Certes, vous me direz qu’ils/elles en tirent de larges profits financiers mais s’exposent néanmoins aux sautes d’humeur dévastatrices émanant du squatter du Palais de l’Escale.


 


Au quotidien, l’ambiance actuelle au Palais de l’Escale ce ne serait pas un « long fleuve tranquille », loin s’en faudrait !


 


De ce que l’on en sait, les « crises » de son Excellentissime seraient fréquentes et il n’hésiterait pas à jouer de la gifle voire du coup de poing suivant les circonstances. Lorsque quelqu’un met Ismaïl Omar en colère, c’est – avant tout – le jugement qu’il a de lui-même qui le met en colère.


 


On dit qu’en cas de « crise », ses « subalternes » se trouveraient soudainement quelque affaire … très urgente … à traiter en dehors du Palais afin d’éviter la distribution de gifles et de coups de poing ….


 


Quant à la presse internationale, soit elle n’aborde pas dans ses parutions le sujet Djibouti dans les domaines de l’économie, du social ou du politique mais se contente de l’aspect « touristique » et beauté des paysages, alors les journaux concernés peuvent être vendus dans le pays ; soit cette presse étrangère fait de l’information libre sur ces sujets d’importance – qui concernent par priorité toutes les familles djiboutiennes – et dans ce cas ces journaux étrangers et indépendants sont interdits de parution à Djibouti. 


 


Signe des temps ? Influences étrangères ? Prise de conscience de quelques journalistes à Djibouti ?


 


Le fait est que l’on ne peut contester que la « chape de plomb » se fissure de plus en plus alors que les informations fusent de toutes parts. La raison en est que le régime de la pensée unique en est réduit aujourd’hui à licencier sur le champ, voire à faire incarcérer illico presto ses propres journalistes ; ceux et celles qui l’ont soutenu depuis avril 1999, ceux et celles qui lui ciraient les chaussures avec tant de complaisance et de condescendance !!!


 


Si nous condamnons de manière la plus formelle ces incarcérations, force est de constater que nous y voyons là une nouvelle démonstration de ce que sont les visées d’Ismaïl Omar Guelleh et de sa nomenklatura. L’objectif est d’alimenter la peur qui s’insinue dans le coeur de certains Djiboutiens/Djiboutiennes ; ils la flattent et la renforcent. Or, quand la « primauté de la pensée unique », qui est une valeur fondamentalement opposée à la démocratie, nourrit le débat et se renforce au détriment de sentiments positifs, nous pouvons dans ce cas craindre le pire.


 


Son discours fallacieux traduit – sur le fond – un sentiment de culpabilité, qu’il essaie de retourner en tentant de culpabiliser les personnes défendant les valeurs de respect de l’humain.


 


En multipliant les provocations vis-à-vis des Afars, IOG choisit d’ouvrir la boite de Pandore. Il trahit les idéaux les plus forts de la démocratie, son statut de « chef d’État » et les accords signés avec le FRID pour l’instauration d’une paix effective dans le pays. Il ne joue pas sur les aspirations des populations djiboutiennes, mais sur les peurs, les angoisses, les factions et les frictions, voire les haines qu’il entretient par personnes interposées pour tenter de sauver son trône vacillant..


 


Les « choses commenceraient à bouger dans le bon sens » !!!


 


Pour ne prendre qu’un exemple parmi les plus récents, toutes les informations qui nous parviennent de Djibouti font état d’un rejet de plus en plus marqué au sein même des Ministères et des Services de l’État pour ce qui concerne les arrestations arbitraires, les mauvais traitements infligés et les meurtres perpétrés sur ordre contre les populations du Nord et de l’Est du pays. A ceci s’ajoutent des faits nouveaux (occultés par l’ADI) suivants lesquels le sud du pays semblerait à son tour s’opposer et commencerait à faire front à un pouvoir central en pleine crise interne et qui en est réduit aux pires expédients (fomentation de haines Afars/Issas/Somalis) pour tenter de survivre.


 


D’après ce que l’on en sait, des Officiers, Sous Officiers et Soldats, Gendarmes et Policiers n’hésiteraient plus à exprimer ouvertement un désaveu marqué à l’égard de la politique de « Génocide » lancée par le pouvoir contre les populations du Nord et du Nord Est du pays. Politique de guerre par exacerbation de tensions relancées récemment à Djibouti par l’entremise du Sinistre Ministre de l’Intérieur.


 


Nombreux seraient les Militaires, Gendarmes et Policiers qui n’accepteraient pas que l’on frappe et que l’on incarcère des vieillards, des femmes et de jeunes bergers tout juste sortis de l’enfance pour une raison inavouée d’appartenance ethnique ou tribale.


 


Si ces informations se vérifiaient, les plus de 2000 militaires, gendarmes et policiers impliqués dans les supposées « opérations de maintien de l’ordre » dans le Nord n’y suffiraient plus pour – paraît-il – faire la « chasse aux… brigands » !!!.


 


Ajoutons à cela que depuis le début de la semaine passée, des centaines de personnes se réuniraient en divers points du pays pour organiser un front commun contre Ismaïl Omar Guelleh et sa nomenklatura.


 


Une fois n’est pas coutume.


 


Quelque chose d’important se prépare à Djibouti ! Réveillez-vous !!! Faute de quoi vous risqueriez de rater l’essentiel.