07/06/06 (B353_B) La propagande d’Ismaïl Omar Guelleh se résume à une tentative avortée de fabriquer artificiellement le consentement des populations djiboutiennes. (Bouh Warsama)


Roger Picon

Malgré les centaines de millions de FD qu’investit chaque mois Ismaïl Omar Guelleh dans sa « stratégie de communication » (entendez par là « sa propagande »), constat est fait que toutes ses tentatives pour changer la perception que l’on peut avoir de son régime politique – tout comme de son attitude dans l’affaire Borrel – est un cuisant échec ; osons dire un fiasco.

Cette propagande là est à l’image de l’Artillerie, plus elle est lourde et s’enlise dans les « marécages politicards », moins elle porte.

On y retrouve les mêmes discours, les sempiternelles méthodes staliniennes d’antan dont il use et abuse pour propager à grande échelle des informations qui s’avèrent quasiment toutes inexactes et toujours partiales.

De redéfinitions en révisionnismes consistant à falsifier l’histoire du pays et le rôle qu’a véritablement joué Ismaïl Omar Guelleh avant l’indépendance, d’imprécisions intentionnelles en mensonges (lorsque la propagande rapporte des faits en les déformant comme dans l’affaire Borrel), en « oublis récurrents » de publier chiffres et statistiques quant à la situation économique, sociale et politique à Djibouti ; l’intention est pour le pouvoir de la tyrannie d’agir en toute impunité et de se décerner des « certificats fallacieux de bonne conduite de l’État » et de – paraît-il respect de l’humain, sans nous permettre de lui opposer une réponse par voie de presse dans le pays.

Ses « Conseillers en Communication » font systématiquement appel à l’image de l’autorité qui consiste à citer son « Excellentissime », des personnages de l’État ou des « experts …étrangers » (financés pour ce faire) pour soutenir une idée, un argument ou une ligne de conduite d’IOG que l’on sait être fausse et pernicieuse.

Cette démarche se concentre sur la manipulation des émotions des populations, au détriment de ce que vivent les Djiboutiens/Djiboutiennes, de leurs facultés de jugement et de raisonnement.

L’idée est aussi de tenter de laisser croire que le président autoproclamé parlerait au nom des Djiboutiens/Djiboutiennes ce qui est une tromperie flagrante car l’on sait que le tyran djiboutien – alias « l’homme au bâton » – ne serait soutenu que par moins de 5 % de la population du pays.

Pour masquer la catastrophe économique, sociale et politique, la propagande d’IOG tente d’occulter les problèmes cruciaux en jetant l’anathème sur les Afars.

En transformant artificiellement les vieillards, les femmes et les jeunes bergers Afars en « brigands, pillards et meurtriers » (qu’il a fait incarcérer et qu’il fait torturer pour qu’ils dénoncent les membres du FRUD…) la propagande d’IOG tente de faire diversion et d’égarer l’opinion publique internationale.

Lorsque cette technique de « transfert » est bien menée (ce qui est loin d’être le cas) elle permet de jeter le discrédit sur un tiers, une population déterminée afin de les rendre inacceptables par les autres. C’est un long travail de conditionnement des esprits auquel s’est attelée la propagande d’IOG ; pour l’instant elle n’a trompé personne mais le danger est qu’elle persiste.

C’est ainsi que la propagande d’Ismaïl Omar Guelleh utilise le ministre de l’intérieur pour jeter l’anathème sur les populations Afars accusées à tort d’être responsables d’un problème d’insécurité qui sévit quasi exclusivement dans certains quartiers de la capitale alors que le réel problème est bien plus profond et connu de tous depuis les années 80 ; bien au-delà des frontières du pays. Ce faisant, ce propagandisme là tente d’éviter de parler des véritables responsables de la crise État/FRUD et de ne pas approfondir sur la « place publique » le problème lui-même ; donc de ne pas le solutionner.

Ajoutons à cela qu’il entretient au sein de l’ethnie des Issas « la peur de l’Afar du Nord, du Nord Est et surtout d’Éthiopie ». Dans de telles conditions, une telle population des Issas conditionnée par la peur est – en toute logique – en position passive vis-à-vis du pouvoir politique en place et admet donc plus aisément l’idée qu’Ismaïl Omar Guelleh et ses « agents financés » veulent lui inculquer.

Dans cette démarche, le pouvoir d’IOG n’hésite pas à faire usage de ce que l’on appelle en psychologie « l’effet moutonnier » qui consiste à persuader les Djiboutiens/Djiboutiennes mais surtout les instances internationales d’adopter son idée en insinuant que le pouvoir en place ferait avant tout « respecter l’Ordre public » et lutterait contre l’insécurité. Cette attitude ne peut donc être considérée que comme responsable car déjà engagée ailleurs dans le monde.

Comme tout le monde préfère être dans le camp des vainqueurs qui rassurent, de ceux qui combattent l’insécurité, plutôt dans le camp des supposés « brigands », cette technique permet de préparer l’opinion publique internationale à suivre cette propagande et à cautionner ce qu’il se fera demain sur ordre du pouvoir d’IOG.

Souvenons-nous des massacres par bombardements au napalm perpétrés sur les populations Afars (vieillards, femmes et enfants) de Yoboki et d’ailleurs. Il y a de cela un peu plus de 10 années, des centaines d’humains sans défense furent sacrifiés au nom du « diplomatiquement correct » qui ne voulut pas voir et de la « non ingérence dans les affaires internes d’un pays…soit disant souverain ». Si nous n’y prenions pas garde, dans ce qu’elle a de plus abject l’histoire risquerait bien de se répéter.

Habitués que nous sommes à subir des « généralités éblouissantes » et des mots vertueux qu’on nous ressort dans les discours d’Ismaïl Omar Guelleh et de sa nomenklatura, on ne peut que constater que ces banalités répétitives ne provoquent aucune émotion intense d’adhésion à Djibouti comme ailleurs.

De même, les simplifications exagérées se résumant à des clichés pour fournir des « non réponses » aux problèmes sociaux, économiques et politiques, nous prenons la liberté d’émettre quelques propositions auprès du Service de Propagande de son Excellentissime le tyran afin de l’inciter à changer sa stratégie qui a montré ses limites.

Quelques « glissements sémantiques » que pourrait utiliser la propagande d’Ismaïl Omar Guelleh afin de tenter de redorer son blason… largement terni.

– Ne pas écrire « les caisses de l’État sont vides » mais « Projet important à vocation sociale. Un nouvel emprunt international a été lancé ».

– Ne pas écrire « rackets exercés indirectement par Ismaïl Omar Guelleh » mais « prélèvements obligatoires au profit des œuvres du Palais de l’Escale ».

– Ne pas écrire « tel ministre a détourné des fonds publics » mais « monsieur le ministre a procédé à un transfert de fonds vers le secteur privé ».

– Ne pas écrire « les conditions des contrats d’exploitation des Établissements publics sont scandaleuses » mais « contrats de rééquilibrage des fonds publics et privés ».

– Ne pas écrire « opération militaire dans le Nord du pays » mais « intervention humanitaire préventive à vocation éducative et sociale dans le Nord du pays ».

– Ne pas écrire « bombardement des populations Afars » mais « frappe aérienne contre des pillards et assassins violant les frontières Nord et Nord Est du pays ».

– Ne pas écrire « nombreuses victimes parmi les populations civiles sans défense » mais « quelques dommages collatéraux ».

– Ne pas écrire « des vieillards, des femmes et des jeunes bergers Afars ont été incarcérés et torturés » mais « des étrangers ont été confiés aux spécialistes de la rééducation psychologique ».

– Ne pas écrire « répression policière lors d’une manifestation » mais « opération de pédagogie préventive ».