07/06/06 (B353_B) Les vols secrets de la CIA et le rôle de certains pays, dont des pays de l’U.E..

____________________________ Note de l’ARDHD
Des correspondants nous signalent de nombreux articles parus durant les dernières heures à la suite la publication du rapport du Secrétaire général de la CEDH, qui est très instructif et qui présent les réponses de chaque Etat pouvant être concerné : télécharger le rapport complet 328 Ko).

Nous ne pouvons pas publier tous les articles et dépêches disponibles. Nous vous en proposons trois parmi tous ceux qui sont diponibles sur Internet : Reuters, AP et Le Nouvel Obs.

___________________________________ Extrait du Nouvel Obs

La « toile d’araignée » de la CIA

NOUVELOBS.COM | 07.06.06 | 13:05

Le rapport du parlementaire du Conseil de l’Europe Dick Marty détaille ce qu’il appelle la « toile d’araignée » de la CIA. Voici les pays européens cités, et les aéroports ayant été utilisés, selon ce rapport, par la CIA notamment en Europe.

Etats européens pouvant « être tenus pour responsables, à des degrés divers et pas toujours établis de façon définitive, de violations des droits des personnes » suspectés de terrorisme lors de transfèrements illégaux:

– La Suède, la Bosnie-Herzégovine, le Royaume Uni, l’Italie, l’ex-République yougoslave de Macédoine, l’Allemagne, la Turquie.

Etats pouvant « être tenus pour responsables de collusion – active ou passive (dans le sens d’avoir toléré ou d’avoir été négligent dans l’obligation de surveillance) – en matière de détentions secrètes et de transferts interétatiques illégaux d’un nombre non spécifié de personnes dont l’identité n’est pas encore connue »:

-la Pologne et la Roumanie dans le fonctionnement de centres de détention secrète.

-l’Allemagne, la Turquie, l’Espagne et Chypre en tant que « plateformes » pour les vols liés à des transferts illégaux de détenus.

-l’Irlande, le Royaume Uni, le Portugal, la Grèce et l’Italie en tant qu’ « escales » pour les vols liés à des transferts illégaux de détenus.

Les aéroports utilisés

– Catégorie A: « Points d’escale » (points d’atterrissage des aéronefs leur permettant de faire le plein, principalement lors du retour):
Prestwick, Shannon, Rome Ciampino, Athènes, Santa Maria (Açores), Bangor Prague

– Catégorie B: « Points de relais/plateformes » (points à partir desquels les opérations sont lancées – les aéronefs et l’équipage y sont préparés ou se réunissent):
Washington, Francfort, Adana-Incirlik (Turquie), Ramstein, Larnaca (Chypre), Palma de Majorque, Bakou (Azerbaidjan)

– Catégorie C : « Points d’embarquement ponctuel » (d’après nos recherches, points où un détenu a été embarqué pour une restitution ponctuelle, c’est-à-dire en dehors d’une démarche systématique):
Stockholm-Bromma, Banjul (Gambie), Skopje (Macédoine), Aviano (Italie), Tuzla (Bosnie-Herzégovine)

– Catégorie D : « Points de transfert/débarquement de détenus » (endroits très fréquentés, où les avions ont tendance à atterrir pour de courtes périodes, généralement à l’écart de la trajectoire principale, il y existe soit un lieu de détention connu, soit une simple présomption de l’existence d’un lieu de détention):
Le Caire, Amman, Islamabad, Rabat, Kaboul, Guantanamo Bay, Timisoara / Bucarest (Roumanie), Tachkent (Ouzbékistan), Alger, Bagdad, Szymany (Pologne).

___________________________________ Extrait AP

Prisons secrètes : des avions de la CIA ont effectué des escales en Pologne et en Roumanie





AP | 07.06.06 | 10:10






PARIS (AP) — Des avions de la CIA transportant des terroristes présumés ont effectué des escales en Roumanie et en Pologne probablement pour y déposer des détenus, a annoncé mercredi Dick Marty, le sénateur suisse qui dirige l’enquête européenne sur les activités illégales présumées de la Centrale de renseignement américaine en Europe.

Dans son rapport, Dick Marty accuse plusieurs autres pays de collusion avec les « activités douteuses » de la CIA. Il souligne que la Roumanie fait partie d’un « circuit » mis en place par la CIA et servait d’escale pour ses avions. En annexe de son rapport, Dick Marty présente une carte sur laquelle figurent les « points de chute » présumés allant de Kaboul à Guantanamo en passant par Rabat (Ma c), Alger (Algérie), Le Caire (Egypte), Amman (Jordanie), Bagdad (Irak), Bucarest, Timisoara (Roumanie) et Szymany (Pologne).

La Pologne et la Roumanie avaient été montrées du doigt par l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW) comme deux des pays ayant pu accueillir des prisons secrètes de la CIA. Varsovie et Bucarest ont toujours formellement démenti.

Le 24 janvier, la commission chargée par le Conseil de l’Europe d’enquêter sur l’existence d’éventuelles prisons secrètes de la CIA en Europe avait remis un rapport d’étape qui confirmait que des agents américains ont bien transporté et détenu de manière illégale des terroristes présumés sur le vieux continent. En revanche, ce rapport n’apportait aucun élément nouveau sur les emplacements de ces prisons supposées en Europe.

A la fin du mois d’avril, la commission d’enquête du Parlement européen sur les présumées prisons secrètes de la CIA en Europe avait rendu public un second rapport d’étape selon lequel plus d’un millier de vols clandestins auraient transité par le vieux continent depuis 2001.

Le rapport, rédigé par le député européen Giovanni Fava, était le résultat de trois mois d’auditions et de plus de 50 heures de témoignages de militants pour les droits de l’homme, de responsables de l’Union européenne et de personnes affirmant avoir été enlevées et torturées par des agents américains. Les données fournies par Eurocontrol, l’agence européenne de la sécurité aérienne, ont également été examinées.

L’enquête avait débuté en janvier dernier, après la révélation en novembre par le « Washington Post » de l’existence de prisons secrètes de la CIA en Europe de l’Est, où auraient été interrogés des personnes soupçonnées de terrorisme. Ces suspects auraient également été transportés dans des vols secrets transitant par des aéroports européens avant de rallier leur destination finale, la prison de Guantanamo à Cuba.


AP


____________________________________ Extrait Reuters

Quatorze pays européens impliqués dans les vols de la CIA

mercredi 07 juin 2006 (Reuters – 13:13)

PARIS – Quatorze pays européens ont participé ou couvert la « toile d’araignée » mondiale dressée par la CIA pour détenir ou transférer des terroristes présumés, selon le rapport du Conseil de l’Europe publié mercredi.

Dick Marty, qui dirige l’enquête européenne sur les vols secrets de la centrale de renseignement américaine, soupçonne notamment la Pologne et la Roumanie d’avoir abrité des centres de détention illégaux.

« Il est désormais clair (…) que les autorités de plusieurs pays européens ont activement participé, avec la CIA, à des activités illégales, que d’autres les ont ignorées en c naissance de cause, ou n’ont pas voulu savoir », déclare-t-il en préambule de son rapport.

Le document affirme que sept Etats membres, dont le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Italie et la Turquie, peuvent être « tenus pour responsables, à des degrés divers, de violations des droits des personnes ».

Sept autres pays, notamment la Pologne et la Roumanie, pour le fonctionnement de centres de détention secrets, ou l’Irlande, le Portugal et la Grèce, en tant qu’escales pour des vols illégaux, seraient responsables de « collusion active ou passive ».

Dick Marty a rendu son rapport public mercredi à Paris lors d’une réunion de la Commission des questions juridiques de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe.

Il insiste sur les cas de la Roumanie et de la Pologne, pays mis en cause par l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW).

« Des éléments de faits viennent corroborer l’hypothèse selon laquelle certains points d’atterrissage en Roumanie et en Pologne, à proximité de centres de détention secrets, servent à débarquer des détenus », écrit-il.

« UNE PARTIE DE LA VERITE »

Le parlementaire suisse souligne que l’existence de ces centres secrets ne fait guère de doutes.

« Si des preuves au sens classique du terme ne sont pas encore disponibles à ce jour, de nombreux éléments cohérents et convergents indiquent que de tels centres secrets de détention ont bel et bien existé en Europe », écrit-il.

En annexe de son rapport, Dick Marty présente une carte dressant le circuit présumé mis en place par la CIA, de Kaboul à Guantanamo, à Cuba, en passant par Rabat, Alger, Le Caire ou Bucarest et un réseau mondial de lieux de détention géré par divers services du gouvernement américain.

Il explique avoir utilisé des données fournies par les autorités nationales et internationales de contrôle du trafic aérien, ainsi que des informations provenant de sources internes aux services de renseign ent, notamment américains.

« Nous ne connaissons encore qu’une partie seulement de la vérité et d’autres pays pourraient encore être concernés lors de prochaines recherches ou révélations », ajoute le rapport de 67 pages publié après sept mois d’enquête.

Le 17 mai, une commission du Parlement européen avait indiqué que les Américains reconnaissaient que la CIA n’avait pu enlever ou faire transiter en Europe des suspects sans l’accord au moins tacite des Etats.

Selon elle, les « restitutions extrajudiciaires » auraient concerné 30 à 50 personnes depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis et le début de la guerre contre le terrorisme. Dans un rapport d’étape, cette commission avait indiqué en avril que plus d’un millier de vols clandestins avaient transité par le vieux continent depuis 2001.

Les enquêtes menées conjointement par le Conseil de l’Europe et par l’Union européenne font suite aux révélations de la presse américaine et de plusieurs organisations non gouvernementales, en novembre 2005.