28/06/06 (B356_B) Le Nouvel Obs : Des traces d’ADN pourraient relancer l’affaire Borrel

Trois ADN masculins ont été retrouvés sur le short de Bernard Borrel, magistrat retrouvé mort en 1995 à Djibouti.

L a révélation mercredi 28 juin de la découverte d’empreintes génétiques sur les effets personnels du magistrat Bernard Borrel, mort à Djibouti en 1995, relance l’enquête dans ce dossier à l’origine d’un contentieux diplomatique entre Paris et ce pays stratégique de l’est africain.

Selon une source proche du dossier, un rapport d’expertise remis en avril et un complément de rapport transmis le 21 juin à la juge d’instruction Sophie Clément établissent la présence de trois ADN masculins sur le short de ce magistrat, retrouvé avec le reste de ses vêtements près de son corps carbonisé.

La première empreinte est celle de Bernard Borrel, ont établi les experts. Les deux autres sont inconnues. Concernant l’une d’entre elles, les experts parlent d’un « contact long » avec le short.

« Un transport du corps »

« L’hypothèse d’un transport du corps (du juge Borrel) est en accord avec nos observations », conclut le docteur Olivier Pascal, qui dirige un laboratoire nantais en pointe dans la recherche génétique.

Aux yeux de la famille de la victime, ces travaux accréditent davantage encore la thèse de l’assassinat de Bernard Borrel, qui était coopérant français et conseiller technique auprès du ministère de la Justice djiboutien.

L’hypothèse du suicide par « auto-combustion » avait été initialement privilégiée par la justice française mais après plusieurs changements de magistrats et d’autres expertises, notamment médico-légales, c’est la piste criminelle qui est suivie.

Me Olivier Morice, avocat de la veuve du juge Borrel, estime que le magistrat français a été victime d’un assassinat commandité par le pouvoir djiboutien, pour des motifs politiques liés à des découvertes faites par Bernard Borrel.

« Une étape importante »

« C’est une étape très importante. On considère maintenant qu’on est sur la trace des assassins », a dit Me Olivier Morice à Reuters mercredi à propos de l’expertise ADN.

Des témoignages d’opposants et d’exilés djiboutiens, dont la validité est contestée par Djibouti, laissent penser que le chef d’Etat actuel du pays, Ismaël Omar Guelleh, pourrait être impliqué.

Un ex-gardien de prison djiboutien a témoigné en mai devant la juge Sophie Clément pour raconter qu’un détenu, extrait le jour du crime de sa cellule, pouvait selon lui être impliqué dans l’affaire.

Début 2005, le gouvernement français a livré à la juge Sophie Clément deux feuillets de documents secrets sur l’affaire, tout en gardant la confidentialité sur une quarantaine de feuillets.

Un nouvelle demande pourrait être prochainement formulée par la magistrate. Le dossier Borrel est important sur le plan diplomatique, Djibouti accueillant la principale base militaire française en Afrique.
(Reuters)