21/07/06 (B359-A) 2 dépêches AFP : La crise en Somalie. Tensions à la frontière éthiopio-somalienne. Les Islamistes exigent le retrait des troupes éthiopiennes. (Info lecteur)

______________________________ Note de notre lecteur

Gambeta, Elebabour, Gondar et Tigre sont des zones chrétiennes tandis que les autres régions sont à majorité Musulmannes (plus de 70 %). De Dawenle, la frontière entre l’Ethiopie et Djibouti tout le long du parcours du chemin de fer jusqu’à Addis-Ababa, cette zone est habitée par les Somali et les Oromo.

Les deux ethnies recevraient des financements de la part d’IOG et auraient été placées en etat de "veille" et "d’alerte". En réalité, on peut craindre qu’elles n’attendent que le feu vert d’IOG et de son ami Abdoulkader Salad Hassan l’ex-president Somalien qui avait été nommé ("au foceps par IOG") lors de la comédie qui s’était jouée à ARTA pour entrer en action. Sont-elles en position d’assurer un soutien aux Islamistes ? (A suivre)

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Somalie: les islamistes exigent le retrait des troupes éthiopiennes

MOGADISCIO (AFP) – Les islamistes somaliens qui contrôlent une partie du pays ont exigé vendredi le retrait immédiat des troupes éthiopiennes de Baïdoa (250 km au nord-ouest de Mogadiscio) où siège le fragile gouvernement de transition, se disant prêts à combattre "l’agression" d’Addis Abeba.

"Nous demandons à l’Ethiopie de retirer sans délai ses troupes et d’arrêter de s’ingérer dans les affaires somaliennes", a déclaré à Mogadiscio cheikh Charif Cheikh Ahmed, président du conseil exécutif du Conseil suprême islamique de Somalie (SICS), qui rassemble les dirigeants des tribunaux islamiques qui ont pris en juin le contrôle de la capitale et de plusieurs provinces du sud.

"Nous demandons instamment à l’Ethiopie d’être juste un bon voisin", a ajouté le dirigeant islamiste.

Dans une allocution diffusée ensuite sur une radio de Mogadiscio, cheikh Charif Cheikh Ahmed a affirmé que "le peuple somalien est prêt à se défendre contre les actes d’agression de l’Ethiopie".

"Ce que les Ethiopiens ont fait est un acte de violence qui sape la souveraineté de la Somalie", a-t-il poursuivi, ajoutant: "nous combattrons et mourrons pour défendre la Somalie d’une attaque éthiopienne".

Des habitants de Baïdoa ont rapporté jeudi l’arrivée de militaires éthiopiens dans la ville, mais le gouvernement de transition somalien a démenti la présence de ces soldats. "C’est de la propagande islamiste", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Abdirahman Mohamed Nur Dinari.

Des habitants de Baïdoa ont cependant signalé vendredi l’arrivée dans la ville de nouveaux véhicules militaires éthiopiens.

"Neuf camions sont arrivés dans Baïdoa tôt vendredi, chargés de matériel pour les soldats éthiopiens", a déclaré Hassan Moalim Ahmed, habitant de la ville joint depuis Mogadiscio, ajoutant: "Il n’y avait pas de soldats (dans les véhicules), mais ils transportaient de la nourriture et du matériel militaire".

Un responsable des services de sécurité du gouvernement de transition a admis, sous couvert d’anonymat, la présence de "quelques officiers éthiopiens pour aider le gouvernement à entraîner ses forces de sécurité".

Leur nombre est limité, selon cette source qui a affirmé qu’il "n’y avait pas de troupes éthiopiennes pour occuper la Somalie".

Fidèle alliée du président somalien Abdullahi Yusuf Ahmed, l’Ethiopie – qui a déjà ouvertement fait part de son inquiétude sur la progression des islamistes en Somalie – a également démenti avoir dépêché des troupes dans le pays après les déclarations du gouvernement de transition mercredi accusant les islamistes de préparer une offensive contre Baïdoa.

Les dirigeants des tribunaux islamiques ont nié avoir l’intention d’attaquer Baïdoa et accusé à leur tour le gouvernement de transition de chercher à obtenir une intervention militaire éthiopienne.

Les islamistes, qui veulent instaurer la loi coranique (charia) en Somalie, et le gouvernement de transition ont signé le 22 juin à Khartoum un accord de cessation des hostilités et de reconnaissance mutuelle.

Depuis les tensions restent vives entre les islamistes et le gouvernement, qui depuis sa création en 2004 n’a pu établir son autorité sur le pays en guerre civile depuis 1991.

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NAIROBI (AFP) – L’Ethiopie, puissant voisin de la Somalie qui exerce un pouvoir tutélaire sur une bonne partie du pays, s’alarme d’une possible expansion des islamistes somaliens et leur a très clairement fixé une "ligne rouge" à ne pas franchir, sous peine de représailles militaires.

Face aux milices des tribunaux islamiques qui contrôlent Mogadiscio et une partie de la Somalie depuis juin après avoir défait des chefs de guerre soutenus par les Etats-Unis, Addis Abeba a immédiatement pris fait et cause pour le gouvernement de transition somalien, impuissant à établir son autorité depuis sa création en 2004.


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Ce gouvernement, installé à Baïdoa, à 250 km au nord-ouest de Mogadiscio, ne contrôle guère que cette ville et la route la reliant à la frontière éthiopienne.

Des habitants de la ville ont fait état jeudi de l’arrivée de troupes éthiopiennes à Baïdoa. Les gouvernements éthiopien et somalien ont démenti.


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Le soutien d’Addis Abeba au gouvernement de transition s’explique notamment par la crainte de voir les islamistes s’implanter en Ethiopie, pays à majorité chrétienne qui abrite une importante minorité somalie.

En effet, le chef du Conseil suprême islamique de Somalie (SICS), cheikh Hassan Dahir Aweys, décrit comme terroriste par les Etats-Unis, est originaire d’une région proche de la frontière éthiopienne et de nombreux membres de son clan sont en Ethiopie. Aux yeux du gouvernement éthiopien, il est en outre "coupable" d’avoir participé à la fin des années 70 à la guerre de l’Ogaden, région éthiopienne peuplée de Somalis.

La Somalie et l’Ethiopie s’étaient affrontées après des revendications territoriales de l’ancien dictateur déchu Mohamed Siad Barre qui voulait créer une "grande Somalie" englobant Djibouti, ainsi qu’une partie de l’Ethiopie et du Kenya.

La chute de Siad Barre en 1991 a précipité la Somalie dans la guerre civile. Ce conflit toujours en cours a permis à Addis Abeba de tisser de solides alliances en Somalie, lui assurant aujourd’hui un rôle prépondérant que l’arrivée des islamistes remet en cause.

Ainsi, le Puntland (nord-est) qui a proclamé son autonomie en 1998 est très proche du gouvernement éthiopien et le président somalien, Abdullahi Yusuf Ahmed – qui voue une haine personnelle au chef des islamistes – est originaire de cette région.

Le République autoproclamée du Somaliland (nord-ouest) entretient elle aussi des relations très étroites avec l’Ethiopie et dans le sud de nombreux chefs de guerre locaux sont des alliés d’Addis Abeba.

Autour de tous ces territoires, Addis Abeba a tracé une "ligne rouge" à l’intention des islamistes.

"Nous observons chaque mouvement des milices islamistes et nous sommes prêts à défendre notre indépendance s’ils essaient de franchir une ligne rouge qu’ils ne devraient pas" franchir, a commenté jeudi sous couvert d’anonymat un haut responsable du ministère éthiopien des Affaires étrangères.

Cet avertissement est le dernier en date de mises en garde très directes de l’Ethiopie.

Le 27 juin, le Premier ministre Meles Zenawi, avait déjà prévenu que "s’ils (les tribunaux islamiques) déploient leurs forces de telle manière qu’ils constituent un danger immédiat et présent pour notre sécurité, alors nous nous réservons le droit d’agir".

Selon des sources diplomatiques dans la région, le Premier ministre a été plus explicite envers les diplomates en affirmant que son armée – l’une des plus aguerries et les mieux équipées d’Afrique – n’hésiterait pas à mener une opération pour détruire les forces des tribunaux et à se replier rapidement pour ne pas s’enliser dans le bourbier somalien.

Vendredi, cheikh Charif Cheikh Ahmed, décrit comme un modéré et remplacé fin juin à la tête des islamistes par cheikh Aweys, a affirmé que les Somaliens "combattront et mourront" en cas d’attaque éthiopienne, tout en demandant à Addis Abeba de se comporter "en bon voisin".