14/08/06 (B362) Nouvel Obs : L’avocat de la veuve du juge Borrel en colère

NOUVELOBS.COM | 14.08.06 | 16:13

Juge Borrel. L’avocat de la veuve du juge assassiné dénonce la saisine de la Cour internationale de Justice par Djibouti dans la cadre de l’enquête.

L’avocat de la veuve du juge Borrel, Me Olivier Morice, dénonce lundi 14 août la saisine de la Cour internationale de Justice (CIJ) par Djibouti dans la cadre de l’enquête sur la mort du magistrat français Bernard Borrel. C’est une "mascarade de justice", déclare-t-il dans une interview à Libération.

"On est devant une véritable mascarade de justice. La demande de Djibouti à la Cour de La Haye n’est qu’un artifice supplémentaire pour savoir ce qu’il y a dans le dossier d’assassinat", affirme l’avocat.

Le corps à moitié calciné de Bernard Borrel, décédé par balle, avait été retrouvé dans un ravin à Djibouti en 1995. A Djibouti, une enquête avait conclu à un suicide. Celle menée en France privilégie l’assassinat.

Me Olivier Morice a prévenu qu’il allait demander aux autorités françaises qu’Elisabeth Borrel soit entendue à La Haye "en tant que témoin, afin d’expliquer les pressions exercées sur la justice française".

"Alors que la justice française est aujourd’hui convaincue de l’assassinat du juge Bernard Borrel, il nous paraît inadmissible que le Garde des Sceaux n’ait jamais reçu Elisabeth Borrel, elle-même magistrate", a-t-il ajouté.

L’entraide judiciaire suspendue

Dans le cadre des poursuites engagées en 2002 par Elisabeth Borrel, qui accuse Djibouti de faire obstruction à l’enquête, le juge d’instruction de Versailles avait délivré en octobre 2005 deux mandats d’arrêt internationaux contre le procureur de la République de Djibouti, Djama Souleiman Ali, et contre le chef des services secrets, Hassan Saïddes.

Le 21 octobre, Djibouti, qui réclame de son côté les résultats de l’enquête française, avait répondu en suspendant l’entraide judiciaire entre les deux pays.

Selon sa veuve, le magistrat enquêtait sur des trafics d’armes et des attentats dans lesquels le président Ismaïl Omar Guelleh aurait été impliqué. Mais d’autres pistes, telles que des "produits dangereux" et "l’uranium enrichi" ont été évoqués par l’avocat de Elisabeth Borrel.

________________________________ Note de l’ARDHD

D’abusif autrefois,
le soutien de la France à Guelleh est-il devenu complice ?


Aussitôt informés du fait que la France avait écrit à La CIJ pour confirmer son acceptation de la compétence de la Cour, pour juger de la plainte déposée par Djibouti, nous écrivions pour demander si la France aimait recevoir des coups et si elle ne les cherchait pas ….

Il apparaît, compte-tenu de la réaction légitime des avocats, que la France a choisi cette procédure, qui risque de mettre des bâtons dans les roues de l’instruction qui est conduite par la Juge Clément à Paris pour le meurtre du Juge Borrel et par la Cour de Versailles pour les plaintes pour subornation et tentative de subornation de témoins.

La France sait que si le dossier était envoyé à Djibouti, ce serait la fin de la recherche de la vérité et des coupables.

Alors la France, toujours au secours de Guelleh ? Contre la vérité, contre la Justice et contre une famille orpheline ? Qui dira enfin , c’est lamentable ?